Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mardi 24 août 2010

Faire le vide pour vivre mieux

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Chasser le superflu, c'est le défi que se sont lancé des internautes américains qui ont décidé de vivre avec 100 objets. Un défi qui tient du militantisme.

Dans sa liste, on a pioché: un tee-shirt rouge, une planche de surf, une bouteille en plastique, une Bible d'occasion, un téléphone portable avec chargeur, une alliance, des cartes de visite, un chapeau en laine (que sa femme trouve trop moche), une paire de Doc Martens achetée le 20 mai 2009... Au total, 100 objets tout rond, pas un de plus; sinon, c'est triché.Le gars qui a fait cette liste s'appelle Dave - son blog, Guynameddave.com. Il est né à San Diego, aux Etats-Unis, et il y vit avec sa femme, ses trois filles et son chien Piper. Le 12 novembre 2008, il se lance un défi: vivre avec 100 objets, maximum, pendant un an. Le «100 Thing Challenge» doit l'aider à se libérer du consumérisme à l'américaine. «Beaucoup de gens ont le sentiment que leur penderie et leur garage débordent de choses qui ne rendent pas vraiment leur vie meilleure», explique Dave. D'où cette idée qu'il résume en trois verbes: «réduire, refuser et réévaluer» ses priorités.

Biens partagés

A-t-on besoin d'avoir toujours plus pour être heureux? L'interrogation n'est pas nouvelle, certains se la posent depuis belle lurette mais, la crise aidant, elle revient en force. Et inspire ici et là des actes de rébellion. Ce challenge des 100 objets en est un, comme l'explique Sophie Dubuisson-Quellier (1), chercheure au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et à Sciences Po: «C'est une forme de militantisme. Avec un but précis: porter un message sur la place publique. Vivre avec 100 objets, cela tient presque du slogan. Ça parle aux gens tout de suite.»Définir les choses prioritaires amène à des questions existentielles du genre: faut-il se limiter en livres? En sous-vêtements? Et que faire du canapé du salon? Dave a décidé d'exclure tous les «biens partagés par la famille» (lit, piano, table de la salle à manger...) pour ne décompter que les objets strictement personnels. En s'accordant quelques libertés, comme pouvoir changer une chose par une autre. Ou compter les caleçons dans un même groupe, comme un seul objet. Idem pour les chaussettes.

Conseils pratiques

Un peu trop facile au goût de Colin, beau gosse baroudeur, qui raconte sur son blog - Exilelifestyle.com -, photos à l'appui, comment il a réussi à tomber à 72, puis 51 objets, pour être libre comme l'air et déménager à la vitesse de l'éclair. «J'ai même réussi à passer sous la barre des 50 objets quand j'ai emménagé en Nouvelle-Zélande», se félicite-t-il. Deux jeans au lieu de trois, une seule paire de chaussures (sans compter les tongs) et tant pis pour le parapluie. Dans son règlement, les lunettes de vue et leur étui ne font qu'un, la brosse à dents est inséparable du dentifrice et du fil dentaire. Etant précisé que la nourriture, le savon et le papier toilette ne comptent pas. «Ces choses sont théoriquement des biens, mais ce ne sont pas des symboles de propriété au même titre que les autres. Je peux m'en débarrasser dès que je pars.»Dans un autre genre, le blog de Rowdy Kittens - RowdyKittens.com - propose des conseils pratiques pour décrocher en douceur: «Commencer petit, en donnant, par exemple, dix objets par semaine à une association caritative», «fuir les galeries marchandes» et «les pubs à la télé» pour ne pas être tenté. Pour résister: se répéter que «moins d'affaires simplifie le ménage» et que «le désordre est une forme de procrastination».Sur sa liste, la blogueuse se refuse tout de même de compter chacun de ses élastiques à cheveux et barrettes. Elle reconnaît que «le challenge des 100 choses peut paraître arbitraire mais, au fond, c'est un bon exercice. Il nous oblige à faire l'inventaire de tout ce qu'on a, nos buts dans la vie. Le plus gros défi est de décider ce qui compte et ce qui ne compte pas.» Dans les objets indispensables, on retrouve presque toujours ordinateur portable, téléphone, wi-fi, MP3 et autres disques durs.

«Modération modérée»

«Ce grand écart entre un mode de vie dépouillé et un usage avancé des nouvelles technologies peut sembler paradoxal, reconnaît Sophie Dubuisson-Quellier. Mais les militants anticonsuméristes ont des pratiques très développées en matière d'usage des nouvelles technologies. C'est en accord avec leur objectif que de faire passer un message le plus largement possible.» Pour la sociologue Anne Chaté(2), «mettre dans sa liste un ordinateur est tout à fait défendable. C'est comme pour un régime minceur. Il vaut mieux des habitudes alimentaires saines qu'un régime sévère qui débouche sur des frustrations et des excès. Il vaut mieux une modération... modérée.»Neuf mois après la fin officielle de son «100 Thing Challenge», Dave, le gars de San Diego, est plutôt content de lui. Sur son blog, il annonce, guilleret, avoir développé de nouvelles habitudes de consommation. Aujourd'hui, «j'ai toujours peu d'affaires personnelles», assure-t-il, liste réactualisée à l'appui. 94 objets pour être précis, iPad et iPhone compris. On retrouve aussi sa bibliothèque (300 livres), le classeur à tiroirs et la très utile paire de guêtres. Sinon, depuis l'aventure, il fait fructifier son concept, page Facebook et compte Twitter à l'appui. Il a aussi écrit un livre racontant son expérience, qui doit paraître d'ici à la fin de l'année.


Marie PIQUEMAL