Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

dimanche 29 juin 2014

Europe : et si David Cameron avait raison ?


La désignation de Juncker montre que le Parlement est désormais l'institution dominante de l'Union européenne. Pour le meilleur ou pour le pire ?

David Cameron, farouche opposant du "fédéraliste" Jean-Claude Juncker.
 © BERTRAND LANGLOIS / AFP 


Le vendredi 27 juin 2014, le Conseil européen se rangeait aux injonctions du Parlement récemment élu et désignait Jean-Claude Juncker comme futur président de la Commission. Le subtil équilibre du triangle institutionnel européen (Conseil, Commission, Parlement) était ainsi sérieusement modifié au profit du Parlement. C'est désormais le Parlement qui apparaît comme le poids lourd de ce fameux triangle.

David Cameron malmené, isolé, vilipendé par une partie de la presse d'outre-Manche, mais soutenu par son opinion publique déclare : "C'est un jour sombre pour l'Europe, cela risque d'affaiblir les Parlements nationaux." Le Premier ministre britannique tente en fait de résoudre la quadrature du cercle : maintenir son pays dans l'UE malgré une irrésistible poussée des eurosceptiques, voire des europhobes. Il a promis d'organiser un référendum sur le sujet en 2017 après avoir, espère-t-il, obtenu des changements substantiels dans le fonctionnement de l'Union. Faute d'avoir pu barrer la route à sa bête noire Juncker, il va tenter de tirer profit de sa défaite pour conquérir quelque poste influent à la Commission.

Au-delà de ses problèmes de politique intérieure, David Cameron soulève une question de fond : le Parlement doit-il être le maître du jeu européen ? Le traité de Lisbonne lui donne des prérogatives accrues. Le Parlement a aujourd'hui un pouvoir de codécision avec le conseil des ministres. Une quarantaine de domaines supplémentaires entrent dans son champ de compétence notamment en matière d'immigration, de coopération judiciaire, de politique commerciale.

Une sorte de coup de force

Surtout, l'article 9 D du traité stipule que le Conseil propose le nom du futur président de la Commission "en tenant compte des résultats des élections au Parlement européen". Une petite phrase sibylline que le Parlement s'est empressé d'interpréter à son profit.

"C'est en fait une affaire très étrange", commente, avec un sens aigu de l'euphémisme, un diplomate très au fait des méandres de la politique européenne. Car personne n'avait en fait anticipé cette sorte de coup de force du Parlement. D'autant que Jean-Claude Junker n'était pas le candidat idéal. Initialement, Angela Merkel était très réticente et disait, en privé, qu'elle ne voulait pas de l'ancien Premier ministre luxembourgeois. François Hollande soutenait le social-démocrate Martin Schultz. Le PPE (centre droit) ne disposait que d'une courte majorité relative. Quant à David Cameron, il avait érigé ce fédéraliste convaincu en tête de Turc. Mais voilà : les quatre principaux groupes du Parlement (PPE, Socialistes, Verts et Libéraux) ont saisi l'opportunité de prendre le pouvoir et se sont engouffrés dans la brèche en soutenant Juncker. Le Conseil a dû, bon gré, mal gré, s'incliner.

A priori, on devrait se féliciter de cette victoire de la démocratie : le Parlement est la seule institution européenne élue au suffrage direct, même si le taux de participation souvent très faible sème un doute sur sa réelle légitimité. Mais l'Europe s'est jusqu'à présent construite sur la base d'une coopération entre les États qui lui délèguent des pans de souveraineté. Les nations demeurent le point d'ancrage politique et identitaire.

Vous pouvez être fier d'être Suisse !



Honte d'être suisse? Quelle drôle d'idée! Je reste pour ma part fier du fonctionnement de nos institutions. 

Peu d'Etats, pour ne pas dire aucun sur la planète, soumettent leurs gouvernants à de tels exercices d'humilité et de remises en question. L'Europe et aucun de ses membres n'a sur ce plan de leçons à nous donner. Le verdict populaire est un fait incontournable de la démocratie. C'est sans doute pour respecter si peu ce principe que les institutions politiques finissent par se dévaloriser aux yeux des gens. 

En 1992, on nous avait annoncé les pires catastrophes, elles ne sont pas survenues. 

Le peuple suisse est adulte et sait bien qu'en politique rien n'est tout noir ou tout blanc. 

Les anathèmes contre la Suisse ne mangent pas de pain. 

Je suis patriote, et je préfère de loin la vision d’Hubert Reeves ou des astronautes à toute théorie trop particulariste. Mais j’admets aussi que je suis issu d’une région localisée, et que cette région vaut le coup. 

Notre démocratie avancée a produit un pays formidable où il fait relativement bon vivre. Je ne me culpabiliserai pas de cela. N’est-ce pas un souhait général que de vivre le mieux possible? Pourquoi casserait-on ceux qui tentent d’y arriver? Pourquoi porterais-je le blâme sur toutes les générations qui se sont succédées pour que la Suisse soit un pays paisible et agréable? 

Bien sûr il y a des points faibles. Bien sûr des profiteurs et des salauds comme partout. Une justice qui dysfonctionne parfois. Des politiques qui n’ont pas de vision ni d’audace. 

N’étant pas un nanti, vivant jour après jour pour gagner ma vie, je ne me sens pas responsable des salauds. 

Que ce soit pour la vie intérieure du pays comme pour sa place internationale, je suis fier d’être Suisse, ou satisfait, car fier étant utilisé ici par rapport à la possibilité d’en avoir honte.

Egger Ph.