Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mardi 27 octobre 2015

Armand-Emmanuel du Plessis, duc de Richelieu (1766-1822)


Armand-Emmanuel du Plessis, duc de Richelieu
(1766-1822)
Homme politique, administrateur,
premier maire puis gouverneur d’Odessa



Armand-Emmanuel du Plessis, duc de Fronsac jusqu’en 1791, puis duc de Richelieu, petit-fils du maréchal de Richelieu, lui-même petit-neveu du Cardinal, est né à Paris en 1766. Il fut Premier gentilhomme de la Chambre de Louis XVI. Lorsque survint la Révolution, il émigra (1790) et s’engagea dans l’armée de Condé, alla en Autriche puis chercha la protection de l’impératrice Catherine II. Il fit alors la connaissance du comte de Langeron qui se trouvait dans les mêmes dispositions (et qui lui succèdera à Odessa).

Tous deux s’engagèrent dans l’armée russe sous le commandement du Prince Potemkine. En 1802, Richelieu se distingua lors de la prise de la place forte ottomane d’Izmaïl (sud de l’actuelle Ukraine), sous les ordres du général Souvorov. Sa bravoure lui valut une première décoration russe.

Il rentra en France en 1801, mais revint rapidement en Russie où, grâce à l’appui du tsar Alexandre Ier, il obtint les charges qui lui permirent de manifester ses talents d’administrateur et le rendirent célèbre. Il exerça d’abord la fonction de maire d’Odessa, de 1803 à 1805, puis celle de gouverneur-général de la Nouvelle-Russie (sud-ouest de l’Empire russe, avec la région d’Odessa, actuelle Ukraine), de 1805 à 1814. Il peut être considéré comme le fondateur de la ville et du port d’Odessa. Il a laissé sur l’organisation urbaine du grand port une forte empreinte, encore sensible de nos jours.

Le village ottoman de Hadjibey, conquis en 1790 par l’amiral de Ribas (autre Français au service de l’Empire russe), rebaptisé Odessa en 1792, ne comptait alors que 700 habitants et quelques bâtiments abritant une douane, une quarantaine et des entrepôts de marchandises. En quelques années, Richelieu le transforma en une ville florissante, urbanisée et aménagée sur le modèle des villes occidentales, qui devint un carrefour commercial et surtout un grand port. Il fit bâtir des aménagements portuaires, de nombreux édifices administratifs, des hôpitaux, des écoles, des marchés, un théâtre, une caserne et des lieux de culte reflétant déjà la diversité culturelle de la population de l’époque (plusieurs églises orthodoxes, une cathédrale catholique et une synagogue). Il fit tracer des avenues et des rues pavées et bordées d’arbres, qui sont à l’origine d’une bonne part du charme incomparable de cette ville.

Il prit des mesures visant à attirer la population active et à encourager la construction. Richelieu obtint de Saint-Pétersbourg des privilèges en faveur du développement commercial du port d’Odessa. Etablissant des liens d’amitié et d’entraide avec son compatriote de Traversey, qui présidait alors aux destinées du grand port militaire de Nikolaïev et de toute la flotte de guerre russe de la mer Noire, il coordonna avec lui la politique de développement de l’ensemble de la région. Le résultat de cette action énergique fut que très vite, des milliers d’habitants vinrent s’établir à Odessa (de 2.000 en 1802, la population d’Odessa passa à 4.000 en 1804 et à 35.000 personnes en 1813), à telle enseigne que la France, l’Autriche, l’Espagne et le royaume de Naples se hâtèrent d’y ouvrir des consulats.

Lors de sa visite à Odessa en 1818, l’empereur Alexandre Ier fut tellement impressionné par l’ampleur de l’œuvre accomplie par Richelieu qu’il décida qu’une statue serait érigée en son honneur. Celle-ci, l’une des plus belles d’Odessa, domine le fameux escalier immortalisé par Eisenstein dans son film Le Cuirassé Potemkine.

Lors de la Restauration de 1814, Richelieu rentra en France avec Louis XVIII, fut fait par lui pair de France et le suivit à Gand pendant les Cent-Jours. En 1815, lors de la Seconde Restauration, il succéda à Talleyrand en qualité de ministre des Affaires étrangères et de Premier Ministre. Talleyrand commenta cette nomination d’un trait railleur : « Bon choix assurément, c’est l’homme de France qui connaît le mieux la Crimée ! ». Richelieu signa le second traité de Paris en novembre 1815. Il fut nommé membre de l’Académie française en 1816. Il dut quitter ses fonctions à la tête du Conseil des ministres une première fois en 1818, fut rappelé au pouvoir en 1820 et démissionna pour la seconde fois en 1821, peu de temps avant sa mort.