Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

vendredi 19 février 2016

Garde à vous : tristement drôle




M6 a diffusé, mardi 16 février, le premier épisode de son émission de télé-réalité consacrée au service militaire : « Garde à vous ». L’idée est simple : plusieurs jeunes hommes de 18 à 26 ans vivent l’expérience du service militaire d’antan. Le premier épisode était consacré aux premiers pas dans l’armée, c’est-à-dire aux formalités d’incorporation avec visite médicale, coiffeur, perception des habits, de la chambre, lit au carré, rangement de l’armoire et premiers exercices.

Ceux qui ont connu les joies du service, les fameux travaux d’intérêt général (les TIG), les marches en ordre serré, des bivouacs à la fraîche, etc., cette émission fut comme une madeleine de Proust.

Pour ceux qui ne connaîtront jamais ces joies-là, la découverte du milieu militaire a pu paraître un peu violente. En effet, l’émission qui couvrait seulement les deux premières journées d’incorporation a piqué les yeux à la plupart des jeunes recrues volontaires. Les petits malins à grande gueule qui se croyaient en colonie de vacances ont bien vite déchanté et ont dû, manu militari, rentrer dans le rang et rabaisser leur « claque-merde », comme disait Maître Folace dans Les Tontons flingueurs.

Les excès verbaux de ces jeunes gens, dont l’esprit soi-disant potache n’a d’égal que l’irrespect qu’ils ont envers l’autorité, ont permis à leurs infortunés coreligionnaires de goûter aux premières joies de la punition collective, avec séries de pompes à la clé. Car on ne raconte pas d’histoire au « patron », nommé Marius, qui a maté plus d’un réfractaire au cours de sa carrière. On ne copine pas avec lui non plus. Ce que ces jeunes ne savent pas, c’est que Marius, né à Marseille, a connu une enfance plutôt difficile avec une mère maniaco-dépressive, qu’il a été placé à la DDASS, qu’il a été délinquant et que sa vie a basculé quand un policier lui a fait la morale. Il s’est ensuite engagé et a trouvé dans l’armée (les commandos marine) une vraie famille. Marius est un chef comme on les aime : exigeant, intransigeant, qui pousse chacun à se connaître et à se dépasser. Un chef aussi compréhensif qui développe l’esprit d’équipe, qui encourage. Un chef juste.

C’est un exemple que, déjà, quelques candidats ont décidé de ne pas suivre. Trois sont partis le premier jour, dont une jeune recrue qui a quitté le bord parce qu’elle ne voulait pas qu’on lui coupe ses cheveux ! Aussi risible et pitoyable que triste et énervant, mais tout de même assez représentatif d’une jeunesse obnubilée par l’apparence et non pas incarnée par des idéaux.

On peut regretter que ce soit une chaîne de télévision qui exalte les valeurs du service militaire et pas l’État, qui ferait pourtant un bon investissement en le réactivant. Car c’est dans les casernes que l’on apprenait tout ce qui permettait à la France de rester soudée : le respect de l’autorité, la tolérance, le respect des différences, la cohésion, la solidarité, l’esprit de camaraderie et bien d’autres valeurs. Pour cela, cette émission est tristement drôle et on rit jaune.

Henri Saint-Amand