Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

lundi 28 mars 2016

Merci, Monsieur Decaux, pour votre œuvre et votre action au service de votre pays




Alain Decaux s’en est allé paisiblement sans un bruit le 27 mars 2016 à l’âge très respectable de 90 ans. C’était un homme modéré, sans doute trop aux yeux de certains, qui incarnait à lui seul ce que doit être la place de l’Histoire, aussi bien la grande que la petite, dans la mémoire collective et au sein de la France. Sur sa longue carrière, on retient de lui qu’il fut un conteur inégalable et inégalé, tout d’abord dans une émission radiophonique, « La Tribune de l’Histoire », qui sera diffusée entre 1951 et 1997, puis deux émissions de télévision : « La caméra explore le temps » et « Alain Decaux raconte ». Avec « La caméra explore le temps », le téléspectateur revivait des événements historiques au plus près de l’événement, à la faveur d’un scénario bien ficelé et la reconstitution des faits avec des acteurs de renom : François Chaumette, Marcel Bozzuffi, Roger Carel, Georges Descrières, Jean-Pierre Marielle, Pierre Vaneck et bien d’autres. Pas moins de trente-huit épisodes ont été enregistrés et diffusés. C’était le temps du noir et blanc, et si le jeu des acteurs et des effets spéciaux peut paraître aujourd’hui suranné, l’émission mériterait d’être rediffusée aux jeunes générations pour les passionner à l’Histoire. Est-ce un hasard si cette émission a été proclamée en 1965, après un référendum auprès du public, « meilleure émission de la télévision française » ?

Il en est de même d’« Alain Decaux raconte » où, face caméra, il passionne toute une génération de Français sur l’assassinat de Jaurès, Louis XVII, la Cagoule, Raspoutine, Jack l’Éventreur… Au total, plus d’une centaine d’émissions ont tenu en haleine des millions de téléspectateurs qui ont appris l’Histoire par la vulgarisation, faisant naître certaines vocations… Car Alain Decaux était aussi un homme de combats : pour la restauration de l’enseignement de l’histoire à l’école et pour la défense de la langue française. C’est, en partie, ce qui explique qu’en entrant au gouvernement de Michel Rocard, il a naturellement pris le poste de ministre délégué à la Francophonie. Mais ce passage au gouvernement l’a laissé amer et perplexe, comme il l’a expliqué dans son autobiographie publiée en 2005 : Tous les personnages sont vrais.

Alain Decaux a surtout été boudé, sinon dénigré, par la communauté universitaire parce qu’il ne faisait pas partie du sérail. Sans doute faut-il y voir une jalousie tenace envers celui qui a été couronné, à 25 ans seulement, par l’Académie française pour son ouvrage Letizia, consacré à la mère de Napoléon. Jalousie aussi quand, à 54 ans, il fait son entrée dans cette vénérable institution au fauteuil n° 9, un poste tant convoité par d’éminents professeurs ? Jalousie aussi parce que plusieurs de ses ouvrages sont devenus des best-sellers comme Victor Hugo, Histoire des Françaises, Histoire de la France et des Français, Le Tapis rouge, L’Avorton de Dieu, une vie de saint Paul ? Jalousie parce qu’il était plus connu (et reconnu) que certains grands pontes de l’Université ?

Avec lui disparaît une partie de notre histoire et de notre mémoire. Merci, Monsieur Decaux, pour votre œuvre et votre action au service de votre pays.

Egger Ph.