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vendredi 9 juin 2017

Attentats en Iran : Daech ne se trompe pas d’ennemis…


Dans les relations internationales, il y a toujours un fond d’hypocrisie ; mais quand la diplomatie se mêle de lutte antiterroriste, il arrive qu’on puisse toucher le fond tout court.

Ainsi, le voyage de Donald Trump en Arabie saoudite, à l’occasion duquel il accusait l’Iran d’être le principal promoteur de ce même terrorisme. Voilà qui était fort de café ou de thé à la menthe, sachant que, sur le terrain, les Iraniens luttent contre Daech, à la fois par le biais de leur armée régulière et par celui du Hezbollah, mouvement chiite libanais, par ailleurs fidèle et principal allié du président chrétien Michel Aoun.

Puis, la mise au ban du Qatar, alors que si cet émirat a jadis financé certaines factions islamistes, il ne le fait plus depuis belle lurette, tandis que Riyad mettait régulièrement la main à la poche il y a quelques mois encore. Et, ce mercredi, c’est assez logiquement que l’État islamique passait à l’attaque à Téhéran. Là, il ne s’agissait pas d’uber-terrorisme, comme à Paris, où un universitaire dépressif s’en prenait à un policier à coups de marteau – en attendant de se faire sauter avec une fourchette à escargots ? –, mais d’une opération minutieusement planifiée, puisque s’en prenant conjointement à deux lieux hautement symboliques : le mausolée de l’ayatollah Khomeini et le Parlement iranien.

Bilan des opérations : douze morts et plus de soixante-dix blessés, sans oublier les quatre terroristes, abattus au cours de la fort énergique intervention des forces spéciales iraniennes. Leur profil ? Des Iraniens issus de cette minorité sunnite, des Kurdes et des Baloutches, le plus souvent, connue pour avoir déjà engendré plusieurs cellules de Daech qui, jusqu’à ce jour, avaient toujours été démantelées avant de pouvoir passer à l’action.

Hypocrisie, tel que plus haut écrit, l’Arabie saoudite condamne évidemment le double attentat. Donald Trump, lui, ne s’embarrasse pas de telles convenances, assurant que « ceux qui soutiennent le terrorisme s’exposent à en être les victimes ».

Il fallait oser. Il a osé. Fort du traditionnel humour perse sans rire, Mohammad Javad Zarif, ministre des Affaires étrangères iranien, a déclaré : « Le peuple iranien rejette de telles déclarations d’amitié de la part des États-Unis ». » Et de conclure, plus sérieusement : « Le communiqué de la Maison-Blanche et les sanction du Sénat sont répugnants, alors que les Iraniens font face à la terreur soutenue par les clients des Américains. » Il arrive donc parfois qu’en matière diplomatique, ce vernis hypocrite puisse, de temps à autre, laisser place au franc-parler.

En effet, alors que Téhéran pansait ses plaies, le Sénat américain votait de nouvelles sanctions économiques contre cet Iran suspect de « soutien à des actes de terrorisme international ». Rodomontades que personne ne saurait décemment prendre au sérieux ? Voilà qui est probable pour au moins deux raisons.

La première, c’est que l’application finale de cette résolution ne sera votée que dans les semaines, voire les mois à venir ; de quoi laisser la pression retomber.

La seconde, c’est que l’accord signé par Barack Obama avec l’Iran a ouvert de fantastiques perspectives aux compagnies américaines, que ce soit en matière d’investissements ou de marchés à conquérir. Il y a donc, là, un lobby puissant, peut-être même aussi puissant que ses homologues pro-saoudiens et pro-israéliens ayant juré de mettre un terme à la montée en puissance de Téhéran. Lequel de ces deux groupes de pression aura le dernier mot ? Là est toute la question.

À propos de questions, il ne faudrait pas non plus oublier celles de l’administration américaine, auxquelles Donald Trump devrait bientôt avoir à répondre, dans le cadre de la commission chargée d’enquêter sur le limogeage de James Comey, ancien patron du FBI… Voilà qui pourrait être aussi décoiffant, si l’on peut dire en la circonstance.

Nicolas Gauthier