Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

dimanche 23 juillet 2017

Le roquet, la potiche et le fort en gueule


Le roquet
Individu hargneux, mais peu redoutable


« Je suis le chef », a poussé Jupiter dans un grand élan de désolidarisation d’avec son ex-bras droit militaire. Autoritarisme juvénile, abus d’autorité.

C’est le cri du cœur « Je suis le chef » du Président qui demande une exégèse. Quand quelqu’un, dans quelque fonction de direction que ce soit, est obligé de rappeler publiquement qu’il est le chef, cela signifie clairement qu’il ne l’est pas et ne le sera jamais. C’est un aveu et un constat d’impuissance. Grave pour un chef constitutionnel des armées qui s’est aussitôt réfugié dans ce qu’il sait faire de mieux : un événement de communication, prudent et fort peu héroïque.

Cela pose la question de fond de la légitimité du Président, élu à la faveur de circonstances pour le moins troubles par seulement 1/8 des Français, de la légitimité non pas constitutionnelle qu’on ne peut lui enlever, mais personnelle, de sa légitimité d’homme, de sa capacité à être chef.


Un chef, c’est l’homme qu’on suit parce qu’on l’admire et qu’on a entière confiance en lui, parce que sa compétence est la meilleure et la plus éprouvée, parce qu’il épouse étroitement la cause de ses subordonnés et se ferait lyncher plutôt que faillir, parce qu’on l’aime tout simplement. Un chef absorbe le stress, diffuse l’énergie, monte le premier à l’assaut quand il le juge indispensable, sans se poser de questions sur les conséquences dans sa carrière civile ou militaire, voire sur sa propre vie. En quelque sorte, un homme d’honneur.

Cela correspondait exactement au profil du général de Villiers et est tout le contraire du godelureau qui ose se proclamer Jupiter. Mais ce n’est plus lui qui tient la foudre dans ses mains parce que, pour le tout premier test sérieux, sans gourou communicant pour l’aider à jouer au chef, il a ruiné la confiance des militaires. Toutes ses gesticulations communicantes ultérieures n’y changeront plus rien.

Macron est un supérieur, pas un chef.



« De la peau du Lion l’Âne s’étant vêtu
Etait craint partout à la ronde,
Et bien qu’Animal sans vertu,
Il faisait trembler tout le monde.
Un petit bout d’oreille échappé par malheur
Découvrit la fourbe et l’erreur. »


Jean de La Fontaine


Elu depuis deux mois, Macron laisse, progressivement voir ce qu’il est, et d’actions en incidents, il semble bien en effet que le « petit bout d’oreille découvrit le fourbe et l’erreur ».

Il veut, dit-on, redonner du lustre à la fonction présidentielle.

Son attitude face au général de Villiers montre simplement qu’il manque d’élégance, voire de la plus élémentaire éducation qui sied à un chef d’État. Saint Jean bouche d’or, il souligne même qu’à ce niveau, il est indigne d’étaler ses différends sur la place publique. En effet, monsieur ! On ne vous le fait pas dire.

Quand un dirigeant se mue en « petit chef », c’est le symptôme de son incapacité à assumer les responsabilités relevant de son poste. Le premier talent d’un manager est de savoir choisir ses collaborateurs, de les animer et d’en tirer le meilleur.

À peine élu, il constitue son gouvernement. Moins d’un mois plus tard, il doit se séparer de quatre ministres majeurs (Justice, Armées, Europe et Territoires). Quel jugement !

Passent quelques semaines et il confirme le chef d’état-major des armées (CEMA). Il l’humilie moins de deux semaines plus tard et se fait ainsi claquer la porte au nez par ce grand militaire fidèle serviteur de la France.

Il se veut républicain.

Mais méprise ouvertement le Parlement devant lequel, répondant à sa convocation, le CEMA s’est exprimé. Le lui reprocher, c’est mépriser la souveraineté incarnée par la représentation nationale.

Ce jeune Président essaie, à l’évidence, de se servir des institutions alors que sa tâche serait de les servir.

Son prédécesseur se voulait normal mais s’est contenté d’être insuffisant ; lui se veut jupitérien mais semble se contenter d’être suffisant.

Qui osera lui rappeler qu’en tout domaine, l’enthousiasme et l’ambition n’ont jamais remplacé le talent, voire même qu’en politique, « une ambition dont on n’a pas le talent est un crime » 

Chateaubriand ! 


La potiche
Personne qui n'a qu'un rôle de représentation, sans pouvoir réel


Il ne faut pas oublier Florence Parly, qui n’y connaît évidemment rien en matière militaire et qui, la ministre (très mini !), n’a pas existé un seul instant dans le dossier De Villiers, ou la destitution du chef d’état-major des armées camouflée en démission.

La ministre en charge des armées et son cabinet sont restés à l’hôtel de Brienne après le déménagement du ministère au « Balardgone » en 2015.

La vidéo fait le tour sur les réseaux sociaux. Elle a certainement atteint les hauteurs élyséennes où réside celui qui se prend pour Jupiter – en fait, un Achille aux petits pieds. Cette vidéo montre l’imposante haie d’honneur constituée par les militaires du ministère des Armées, caserne Balard, pour saluer le départ du général de Villiers, mercredi soir. Moment d’émotion qui ne se commande pas – tout comme la confiance – au claquement de doigt comme on se l’imagine peut-être chez ceux qui ont une très vague idée de ce qu’est l’armée.

MERCI  !

Je ne crois pas, en effet, qu’il y ait eu une telle haie d’honneur pour le départ des précédents chefs d’état-major. Il s’est donc passé quelque chose. Quelque chose qui s’est déroulé sous les fenêtres du pouvoir. Quelque chose qui est plus que l’adieu à un chef prestigieux et respecté. Quelque chose qui dépasse même l’armée. Car, au fond, je me demande si ces applaudissements n’ont pas été ceux de millions de Français.

Jeudi, Emmanuel Macron visitait la base aérienne d’Istres, dans les Bouches-du-Rhône. Il était accompagné du ministre des Armées rappelons son nom au cas où : Florence Parly.

Une opération de communication pour essayer de rattraper le coup. Le Président revêt ensuite une combinaison de vol avant de monter dans le C-135 qui le ramène à Paris. Une bien belle photo pour l’album de Bibi. À bord de l’antique et rustique aéronef, dans son joli uniforme d’aviateur d’un jour, le Président se dit peut-être que la magie a opéré. D'après les sondages, ce n'est vraiment pas le cas.

On avait oublié l’écran en fond de scène avec la mention « Applaudissez ». La prochaine fois, il faudra y penser. Couvrant le chant des cigales, l’avion décolle pour les Champs-Élysées, dans un nuage de poussière et d’illusions perdues…


Le fort en gueule
 Personne qui parle fort, se vante avec une audace qui n'est souvent qu'apparente



Mais voilà que le pouvoir, comme s’il n’avait pas accepté les applaudissements unanimes à l’égard du général de Villiers et (presque) en même temps le tiède accueil d’Istres, en remet une couche par le truchement de Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement.

S’exprimant dans Le Figaro, probablement sur ordre, ce dernier vient de remettre en cause la loyauté même de l’ancien CEMA : « Le chef d’état-major a été déloyal dans sa communication, il a mis en scène sa démission. » « Il s’est comporté en poète revendicatif. » J’en passe et des meilleures.

Mais, au fait, qui est ce monsieur Castaner ? Quels sont ses faits d’armes ? Nous n’en avons relevé qu’un seul dans sa déjà trop longue carrière de politicien socialiste reconverti dans le macronisme.

« Ouvrez le ban. » Lecture de la citation : avoir capitulé en rase campagne de l’entre-deux-tours des élections régionales de 2015 en PACA, face à Marion Maréchal-Le Pen, contribuant ainsi à accélérer la débâcle de son parti en privant les électeurs de gauche de toute représentation pour six ans et livrant ainsi, par la même occasion, la PACA à un résistant d’opérette, j’ai nommé Christian Estrosi. « Fermez le ban. » La gloire, quoi !



Une telle attaque venant d’un tel héros n’est pas bien dangereuse. Disons que c’est l’éloge du vice à la vertu.

Egger Ph.