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mardi 6 mars 2018

La Suisse a un plan pour l'Europe



Après quatre ans d'impasse, la Suisse et l'UE devraient trouver un accord d'ici à la fin de l'année, espère le Conseil fédéral.
(Keystone)

Berne se donne jusqu’à la fin de l’année pour négocier un accord cadre institutionnel avec Bruxelles. Le Gouvernement s’est mis d’accord sur une nouvelle approche de la délicate question des «juges étrangers». La presse applaudit timidement, l’UDC crie au scandale.

Il aura fallu au Conseil fédéral trois longues séances - dont une au vert dans la campagne fribourgeoise - pour arriver à une solution commune. Le nouveau ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis voulait remettre les choses à plat, après quatre ans de négociations infructueuses.

Principale pierre d’achoppement: le règlement des différends, qui ne serait plus confié à la Cour de justice de l’Union européenne, mais à une Cour arbitrale, formée d’un juge suisse, d’un juge européen et d’un juge neutre, choisi par les deux parties.

Le Conseil fédéral se dit donc prêt à signer un accord en 2018. «Mais pas à n’importe quel prix», précise Ignazio Cassis. Comme geste de bonne volonté, le gouvernement va mettre en consultation l’aide aux pays de l’Est de 1,3 milliard qui avait été plus ou moins gelée. En échange, Berne s’attend à ce que la limite d’une année fixée par Bruxelles pour l’équivalence boursière avec la Suisse soit levée.

Si la gauche et l’UE accueillent positivement ce pas en avant, l’UDC maintient son opposition ferme à tout accord-cadre. Pour le parti de la droite conservatrice, «une majorité du gouvernement est toujours prête à accepter Bruxelles comme nouveau législateur».

La presse ne déborde pas d’enthousiasme

Sans surprise, la Basler Zeitung, traditionnellement proche des positions de l’UDC ne déborde pas d’enthousiasme. La solution Cassis n’est «pas très différente de celle de son prédécesseur» Didier Burkhalter, écrit le quotidien. Pour lui, «ce qui semble logique et équitable ne l’est pas en réalité», car quelle que soit l’instance qui tranche, il s’agira toujours d’interpréter le droit européen, auquel «la Suisse se soumet».

Plus positifs, l’Aaragauer Zeitung et les autres journaux régionaux alémaniques voient dans le plan gouvernemental «une chance pour une bonne solution avec l’UE», qui pourrait mettre un terme à «des années de cacophonie». Et d’avertir que face à l’opposition résolue de l’UDC, la gauche, les libéraux-radicaux et les démocrates-chrétiens devront «être conscients de cette chance et se montrer unis sur ce front, car à la fin, c’est aussi le peuple suisse qu’il faudra convaincre». Le peuple qui dans ce dossier aussi devrait avoir le dernier mot.

Dans la même ligne, le Tages-Anzeiger se félicite de ce que désormais, «au moins, l’objectif est clair». Le quotidien zurichois insiste lui aussi sur le travail de conviction que devront mener les partis favorables aux bilatérales avec l’UE face au combat de l’UDC «pour l’indépendance de la Suisse». Il s’agira de «resserrer les rangs», comme le Conseil fédéral «vient de commencer à le faire».

Pour 24heures et La Tribune de Genève, «la grande scène de ménage est terminée. Le couple Suisse-UE, qui s’était volé dans les plumes à fin 2017, a calmé ses nerfs». Mais «de là à dire que le grand amour est de retour, il y a un pas», que les deux quotidiens lémaniques ne franchisent pas. Pour eux, le «reset d’Ignazio Cassis n’est qu’un gadget marketing de politicien». Le nouveau chef de la diplomatie marche dans les traces de son prédécesseur, «le talent de communicateur en plus».

C’est également l’avis de La Liberté, pour qui «Cassis fait du neuf avec du vieux. Le cap choisi varie peu de celui qui a prévalu jusqu’ici: le Conseil fédéral veut toujours un accord institutionnel, et plutôt vite».».

Marc-André Miserez