Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

samedi 28 avril 2018

Un monde silencieux




Le printemps est là, bien installé désormais, on ne peut s’y tromper. Pourtant il manque une partie du décor, de l’environnement qui fut le nôtre autrefois. Nous avons beau chercher, les oiseaux font défaut. Seraient-ils partis sous d’autres cieux plus cléments ? Mais quel est donc ce mystère qui nous prive d’un des plus beaux symboles du renouveau ?

Hélas, mille fois hélas, elles ne sont pas les seules à nous faire faux bond. Curieuse expression au demeurant émanant d’un représentant certes en partie innocent, mais d’un membre quand même de l’espèce coupable de cette horreur. Car, à n’en point douter, c’est bien l’homo si peu sapiens qui a cloué le bec aux oiseaux, coupé les ailes des papillons et des abeilles.

Le mal est sournois. L’humain est capable de toutes les turpitudes pour obtenir ce résultat. Il s’est fait empoisonneur, étrangement du reste, par le truchement de la profession chargée de nourrir les autres. Avec la mansuétude des gouvernements, avec des mensonges éhontés, on a gorgé nos terres cultivables d’insecticides, pesticides, poisons de toute nature et surtout toujours contre nature. Ne citons pas les firmes vendeuses de mort, elles sont plus puissantes que les états, elles qui jouent les apprentis sorciers en conscience, pour le seul amour de l’argent.

Les humains ont mis sur la route des migrateurs des hachoirs colossaux pour réduire encore plus le nombre d’oiseaux. Si les éoliennes ici, ne font que peu de dégâts chez nos amis volatiles, il n’en va pas de même quand elles se dressent, en groupes compacts sur le trajet des grandes migrations. C’est une hécatombe qui sonnera un jour le glas de notre humanité. Avec ou sans ces immenses hélices mortelles, la civilisation sombrera dans l’obscurité !

Nos maisons ne sont pas en reste elles qui pour la recherche des économies d’énergie interdisent désormais tout espace où nicher. Les granges font défaut, les dessous de toit ne sont plus habitables, les matériaux employés n’incitent pas les dernières survivantes à élire domicile chez nous. Nous avons une étonnante propension à ne penser qu’à nous.

Ajoutez à cela nos amis les chats qui ne font que répondre à l’appel de leur instinct et croquent cinquante millions d’oiseaux chaque année dans notre pays qui n’est plus si doux, faute de duvet et vous aurez une petite idée de la catastrophe. Les oiseaux se cassent le bec à notre effroyable modernité. Ils nous rendaient pourtant bien service à manger les moustiques taquins. Il va falloir user encore plus d’insecticides pour les remplacer.

La chaîne sans fin de notre délire est en place. Nous allons droit dans le mur. Comment agir autrement qu’en changeant de modèle pour retrouver hirondelles et papillons, libellules et abeilles. Nous faisions notre miel de ces merveilleux petits compagnons. Nous devons nous satisfaire désormais des épandeurs de produits phytosanitaires, hommes masqués et protégés dans leurs cabines tandis que tout un chacun bénéfice de sa petite dose nocive.

De moratoire en moratoire pour tourner en rond et continuer à ne pas changer de modèle, nous éliminons tant et tant d’espèces que l’anthropocène est en marche, la sixième grande disparation des espèces. Cette fois nulle météorite à pointer du doigt, pas le plus petit volcan, responsable du désastre mais simplement les humains dans leur coupable et délirante course au profit, à la rentabilité, au fric à n’importe quel prix.

Je n’arrive pas à me résoudre à remplacer le chant des hirondelles par la litanie des cours de la bourse. Ce n’est, je le reconnais aisément, qu’une question de point de vue. D’autres trouvent même de la poésie dans cette chose immonde au point de leur consacrer des chaînes de radio ou de télévision. Quant aux amateurs de nature, ils n’ont qu’à faire comme eux, trouver un programme qui leur diffusera des films anciens, quand la nature était encore peuplée de nos défunts petits compagnons.

Mortifairement leur.

Egger Ph.