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lundi 9 avril 2018

Vivez l’enfer d'une orque capturée pour divertir les foules


Les orques sont des êtres sociaux que les hommes ne devraient en aucun cas garder en captivité  

Tilikum


La défense des droits des animaux a toujours fait l’objet d’un dissensus au sein de la société moderne. Ces dernières années, au coeur de ce débat, se trouve le sort réservé aux orques, ces mammifères marins à l’extraordinaire intelligence. DGS vous présente les raisons pour lesquelles ces animaux ne devraient plus être retenus captifs.

Depuis de nombreuses années, la société civile américaine est notamment divisée sur un sujet devenu polémique : la conservation d’orques en captivité. Un débat houleux, qui doit surtout son existence à de nombreuses histoires de décès humains par ces animaux, comme celui impliquant Tilikum, un épaulard du SeaWorld d’Orlando, dans la mort de trois personnes. Désormais, les problèmes de santé dont souffre le cétacé relancent le débat sur la captivité des orques.

En 1991, Tilikum avait noyé avec deux de ses congénères, une dresseuse du parc où se trouvaient alors les trois mammifères. Quelques années plus tard, alors qu’il avait été transféré au SeeWorld d’Orlando, l’animal réitérait, seul, en tuant un visiteur clandestin du parc une fois la nuit tombée. Finalement, en 2010, l’épaulard finirait par causer le décès d’une dernière victime : Dawn Brancheau, dresseuse expérimentée de SeaWorld.

Si, à l’époque, certains journaux appelaient à la mise à mort de l’animal tueur, un grand nombre de personnes, comme des spécialistes des mammifères marins, prenaient la défense de Tilikum, allant même jusqu’à accabler ses geôliers. Exemple de ce second courant de pensée, le documentaire Blackfish, qui pointe du doigt les conditions stressantes de la captivité de l’orque.

Allant dans le même sens que Blackfish, plusieurs décennies d’observation animale tendent à montrer que les épaulards ne sont pas naturellement violents envers les Hommes. Preuve de cela : aucun cas de décès humain par une orque en liberté n’a jamais été répertorié. La raison de leur agressivité serait donc leur captivité, lors de laquelle « nous forçons cette proximité artificielle avec les humains, ce qui fait que les orques, de temps en temps, finissent par tuer », explique la scientifique des mammifères marins Naomi Rose, de l’Institut du bien-être animal de Washington DC. Et la spécialiste d’ajouter : « Ils sont trop grands pour être gardés en captivité. »

Naomi Rose



La capture des orques a commencé dans les années 1960, lorsque de jeunes spécimens ont été capturés et déplacés dans des aquariums pour faire l’objet de spectacles. Ainsi, selon l’organisme Whale and Dolphin Conservation, au moins 150 orques ont été mises en captivité depuis 1961. L’entreprise SeaWorld, elle, n’en a pas sorti une seule de son environnement naturel durant les 35 dernières années, et préfère les faire se reproduire en aquarium. En revanche, ailleurs dans le monde, la capture de ces animaux a toujours cours, comme en Russie, où 14 spécimens ont été capturés depuis 2002.



Aujourd’hui, selon la fondation Change for Animals, 56 orques sont toujours en captivité à travers le monde. Et de nombreux chercheurs affirment désormais que leur enfermement est très loin de répondre aux principaux besoins de ces animaux. Rob Williams, biologiste de la conservation pour l’organisation Oceans Initiative, à Washington, explique ainsi que les orques ont besoin d’espace : « Ce sont des animaux qui coordonnent leurs mouvements sur des échelles de plusieurs dizaines de kilomètres. Il est difficile de les reproduire, quel que soit l’aquarium. »

Loin de donner tort au scientifique, l’observation des épaulards a montré qu’ils parcouraient parfois plus de 100 km par jour. Et même si on ignore exactement la distance qu’elles parcourent en une année, une équipe de chercheurs a marqué un groupe d’orques avec des balises et a découvert qu’il réalise fréquemment le trajet entre la péninsule antarctique et le Brésil, aller-retour. A un moment de l’année, les orques nagent donc 9400 km en 42 jours. Loin s’en faut, la nécessité d’espace des orques est loin d’être leur seul besoin non assouvi par la captivité.

Ainsi, selon Rob Williams « les orques sont les mammifères les plus sociaux sur la Terre, incluant les humains ». Cette particularité, les épaulards la doivent au fait qu’ils vivent dans des ensembles multigénérationnels, dont les membres restent les uns avec les autres pendant presque toute leur vie.

Spécifiquement, une orque mâle ne quittera jamais sa mère. Et même s’il ira s’accoupler en dehors de la meute à un moment donné, il retournera toujours auprès des siens. Ce comportement atypique, parmi tous les mammifères, ne se retrouve que chez les épaulards, et atteste de leur intense connexion aux membres de leur famille.

Des orques en liberté


Les épaulards sont répartis en groupes familiaux très soudés. Et chacun dispose d’un mode de communication qui lui est propre. Ainsi, chaque entité peut être identifiée par un langage unique. En d’autres termes, les orques se transmettent une sorte de culture de génération en génération.

Réparties sur différentes zones à travers le globe, les orques sont classées en écotypes. Ceux-ci, qui constituent des genres de sous-classes dans la race animale, présentent des différences très nettes. Ainsi, les écotypes distincts chassent différentes proies. Par exemple, quand l’un cible davantage une espèce de saumon, l’autre se nourrit de phoques et un autre encore s’attaque occasionnellement aux baleineaux à bosse.

Après avoir analysé plusieurs génomes d’orques pour une étude datant de 2010, une équipe a affirmé que trois écotypes d’orques sont suffisamment distincts pour être considérés comme des espèces différentes. Et si d’autres chercheurs ne sont pas convaincus par une telle affirmation, celle-ci a au moins le mérite d’illustrer toutes les différences existant entre les écotypes.



En captivité, l’écotype auquel une orque appartient ne peut pas toujours être pris en considération. Ainsi, ces animaux sont nourris avec de la nourriture qui, souvent, ne correspond pas à celle qu’ils ont appris à préférer, et ils sont fréquemment enfermés avec des épaulards d’autres écotypes, comme l’explique Naomi Rose : « C’est l’autre problème de la captivité. Vous extrayez des animaux loin de tout ce qu’ils connaissent culturellement et vous leur donnez quelque chose de stérile en retour. » Car certains écotypes ne s’associent pas les uns avec les autres dans la nature et leur association forcée peut parfois s’avérer difficile.

Preuve que toutes les orques ne peuvent pas vivre ensemble, l’incident survenu en 1989, lors d’un spectacle au SeaWorld de San Diego, en Californie : peu après l’arrivée d’une nouvelle orque, Corky, une femelle dominante appelée Kandu, l’a violemment agressée, se blessant mortellement au passage. Selon Naomi Rose, « ce degré d’agressivité n’a jamais été observé dans la nature ». Et pour la biologiste marine, la raison vient du fait que « les deux orques en cause venaient d’océans différents. Elles ne s’étaient jamais rencontrées en milieu naturel. »



Malgré les conditions de vie des orques, qui contre-indiquent clairement une captivité de ces animaux, les organisations qui les gardent enfermées continuent de justifier leur action par des arguments pour le moins controversés. Elles affirment par exemple que le maintien de dauphins et d’orques captifs permet aux scientifiques et au public d’en apprendre davantage sur ces mammifères que s’ils les observaient dans la nature. SeaWorld, pour sa part, a ainsi déclaré : « Nous fournissons aux chercheurs l’avantage unique d’avoir à disposition des animaux qui sont dressés et aptes à coopérer. Les chercheurs peuvent surveiller ces individus quotidiennement pendant une longue période de temps. »

Mais ces animaux se comportent différemment dans la nature et en captivité, de sorte qu’ils ne peuvent s’épanouir dans un parc à thème, selon Lori Marino, une neurobiologiste qui défend les droits animaux au Centre Kimmel pour la défense des animaux. La spécialiste précise d’ailleurs que « dans ces parcs, tout ce qui rend la vie importante aux orques leur est enlevé ». Et malheureusement pour eux, les épaulards réagissent souvent très mal à leur captivité, montrant des comportements liés au stress. Ainsi, enfermés dans des aquariums, certains animaux se sont auto-mutilés, causant de nombreuses infections qui durcissent encore un peu plus leurs conditions de vie.

Autre argument controversé avancé par SeaWorld : le fait que le maintien de cétacés captifs renforce la sensibilisation du public sur la nécessité de conservation de ces mammifères. Mais Rob Williams soutient que les spectacles publics d’orques ont pour principal objectif de divertir. Il explique ainsi n’avoir « pas de preuve que les gens rentrent chez eux avec de meilleures idées environnementales ».

Surtout, de plus en plus de preuves indiquent que l’enfermement de ces animaux réduit leur espérance de vie. Selon la NOAA, la National Ocean and Atmospheric Administration, les mâles sauvages vivent généralement jusqu’à 30 ans mais peuvent étendre cette durée jusqu’à 50 ou 60 ans. Les femelles sauvages, elles, vivent en moyenne 50 ans, mais peuvent atteindre 100 ans.

Une orque en liberté


Le site internet de SeaWorld, lui, rapporte des chiffres différents, précisant que les épaulards sauvages mâles et femelles atteignent respectivement l’âge de 17 et 29 ans en moyenne. Pour établir ces chiffres, la plateforme en ligne tient compte des spécimens qui peuvent mourir lors des six premiers mois de la captivité. Le site précise ainsi que « si une orque survit aux six premiers mois, son espérance de vie moyenne est de 46 à 50 ans pour une femelle et entre 30 à 38 ans pour un mâle ».

Symbole de la nocivité de l’enfermement sur les orques, une étude publiée en 2015 présente des preuves que les épaulards en captivité vivent moins longtemps que ceux vivant en milieu naturel. Pour établir cet état de fait, une équipe a examiné 201 orques captives et a constaté que leur durée moyenne de survie était de seulement 6,1 ans, même si celles gardées dans des installations américaines atteignaient une moyenne de 12 ans.

Une orque captive 


Lorsqu’en novembre 2015, SeaWorld a voulu améliorer son image publique, l’entreprise a parlé de changements dans certains de ses spectacles, afin de présenter les animaux dans leur habitat naturel. Mais Chris Butler-Stroud, de l’association Whale and Dolphin Conservation, évoque pour sa part un « ré-emballage » de ces spectacles. Lori Marino, elle, rappelle que « s’il y avait un réel désir sincère de faire quelque chose pour ces animaux afin qu’ils aient de meilleures conditions de vie, ils devraient être dans un sanctuaire où la priorité n’est pas de vendre des billets d’entrée, mais leur bien-être ».

Bien entendu, la solution la plus simple serait apparemment de relâcher les cétacés dans l’océan, mais dans la pratique, cette hypothèse se heurte à plusieurs difficultés. Par exemple, lors du tournage du film « Sauvez Willy », l’orque utilisée pour jouer le rôle de l’animal vedette s’appelait Keiko. Mais lorsqu’il fut remis à l’état sauvage, l’animal ne réussit par à se réintégrer à la société orque. Ainsi, en 2009, des chercheurs déclarèrent : « La libération de Keiko dans la nature n’a pas réussi, même s’il est physiquement libre de partir, il revient toujours vers ses soigneurs pour être soigné et pour qu’on s’occupe de lui. »

Des orques profitent de leur liberté 


L’exemple de Keiko montre qu’une orque trop habituée à la présence des hommes présente des difficultés à se réintégrer en mer. Mais pour autant, cette expérience ne remise pas complètement cette solution au placard. Ainsi, en 2002, une orque appelée Springer a été mise en captivité pour sa propre sécurité, après avoir été retrouvée seule au large. Maintenue dans un enclos en mer et alimentée de saumon sauvage, qui correspondait à son alimentation habituelle, elle a été libérée avec succès quelques mois plus tard, dans sa propre famille.

En 2013, même, la femelle épaulard a été observée avec son propre petit, preuve de sa parfaite réinsertion chez les orques. Mais sa libération n’a été rendue possible que parce que l’animal n’était resté captif que pendant une courte période. Luke Rendell précise d’ailleurs que l’animal a « pu être réintroduit dans un contexte social approprié, ce qui n’était pas le cas de Keiko ».

Une orque en captivité


Partant de ce qui a déjà été fait, il serait donc possible de construire des sanctuaires en mer pour les orques ayant vécu la plupart ou toute leur vie en captivité. Mais cela prendra du temps, comme l’explique Lori Marino, pour qui « si c’est fait, cela doit être bien fait ». Et la neurobiologiste d’ajouter : « Vous ne pouvez pas simplement jeter une corde dans une crique et y mettre l’animal. Cela va prendre du temps et beaucoup d’expertise. »

En revanche, pour ces animaux qui ont passé la majeure partie de leur vie dans des aquariums, il existe aussi une certaine limite, puisqu’ils ne sont pas capables de vivre comme leurs homologues sauvages. « Il ne peuvent pas se comporter de la manière dont ils ont évolué » selon Naomi Rose. Ainsi, pour la plupart d’entre eux, la vie en mer se résumerait certainement à résider dans ces sanctuaires qui leur seraient réservés. S’il ne s’agirait que d’une liberté relative, nul doute qu’elle vaudrait bien mieux que tout ce à quoi ils auraient goûté jusque-là en captivité.



Ces explications mettent en lumière toute la complexité du comportement et du mode de vie des orques, qui sont des animaux extrêmement sensibles et sociaux et à ce titre, des êtres vivants qui n’ont rien à faire enfermés dans des aquariums. Si le thème de la captivité des épaulards vous intéresse, découvrez également, en vidéo, l’enfer de Morgan, une orque capturée pour divertir les foules.

Vivez l’enfer d'une orque capturée pour divertir les foules




La cruauté humaine envers les animaux est sans limites. C’est du moins ce que semble indiquer le film « I am Morgan – Stolen Freedom ». Ce court métrage, réalisé par des défenseurs de la cause animale, vise à présenter l’histoire d’une jeune orque exploitée à des fins commerciales. SooCurious vous présente cette oeuvre émouvante et la vie de Morgan.

Morgan est une femelle orque, capturée en 2010 dans les eaux territoriales néerlandaises alors qu’elle était encore jeune. Plus précisément, c’est le parc à thème hollandais Dolfinarium Hardewijk, sous le prétexte d’une mission de sauvetage et de réhabilitation, qui l’a attrapée. Mais le parc n’a jamais tenu promesse, et à la place, la jeune orque a été entrainée des heures durant dans le but de lui faire apprendre de nombreux tours et ainsi satisfaire les nombreux touristes curieux venus l’admirer.

Morgan au Dolfinarium Hardewijk, en Hollande : 




Sur son site internet freemorgan.org, l’association qui défend la femelle orque précise que l’animal a subi de nombreux mauvais traitements. Elle aurait ainsi été conservée durant 18 mois dans un aquarium à peine assez grand pour qu’elle se tienne normalement. Pire encore, le cétacé à dents se serait même auto-mutilé, très certainement par désespoir. Aujourd’hui, Morgan a été déplacée jusqu’au parc zoologique Loro Parque, sur l’île de Tenerife, dans les Canaries.

Dans l’Union européenne, la loi interdit l’utilisation d’orques « à des fins commerciales ». Mais d’après le site internet des défenseurs de Morgan, celle-ci aurait été exposée au public à peine quelques semaines après sa capture.

Morgan s’est auto-mutilée sur du béton à Loro Parque, dans les îles Canaries : 



Pour défendre au mieux Morgan, et faire prendre conscience de sa détresse au grand public, un groupe de réalisateurs indépendants a réalisé « I am Morgan – Stolen Freedom » (littéralement « Je suis Morgan – Liberté volée »). Filmé subjectivement, le court métrage présente la vie de la femelle orque, de sa liberté originelle à sa capture, et les conditions dans lesquelles elle est enfermée.

Cette oeuvre, comme l’histoire de Morgan, est réellement poignante. En plus de susciter l’émoi – et l’effroi -, le film pose la question du rôle des autorités européennes dans la capture, puis dans l’enfermement et l’exploitation de Morgan.

Egger Ph.