Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

vendredi 22 juin 2018

La consanguinité : la malédiction des Habsbourg


Charles Quint, qui accéda au trône en 1516, présentait déjà la malformation congénitale connue sous le nom de « prognathisme habsbourgeois »


Si les unions consanguines étaient courantes dans les familles royales européennes, les Habsbourg espagnols ont placé la barre très haut au cours de leur règne. Entre 1516 et 1700, neuf des onze unions célébrées au sein de cette puissante famille étaient consanguines, et c’est précisément ce qui causa sa chute.

D’après les historiens, ces siècles de consanguinité ont progressivement handicapé les héritiers du trône espagnol en leur causant difformités physiques et maladies génétiques, jusqu’à ce que Charles II soit physiquement incapable de se reproduire, ce qui provoqua la chute des Habsbourg espagnols après 184 années de règne.

Celui-ci avait officiellement commencé en 1506, après que Philippe le Beau, souverain issu de la famille des Habsbourg, eut épousé Jeanne Ière de Castille, dite Jeanne la Folle, et pris le trône de Castille. Dix ans plus tard, c’est leur fils, Charles Quint, qui accédait au trône d’Espagne.

Les Habsbourg estimaient que le meilleur moyen de sécuriser le trône était de recourir à des unions consanguines afin d’éviter que la couronne ne change de mains. Déterminés à conserver coûte que coûte le pouvoir en Espagne, ils commencèrent à chercher des conjoints uniquement au sein de leur propre famille.

Malheureusement pour eux, cette forte consanguinité a amené les héritiers successifs du trône à développer de nombreuses malformations physiques, parmi lesquelles le désormais célèbre « prognathisme habsbourgeois », une malformation héréditaire et handicapante caractérisée par une mâchoire inférieure sur-développée et un menton en galoche.

Selon la légende, le jeune Charles Quint, également frappé par cette malformation, aurait été invectivé lors de son arrivée en Espagne par un paysan audacieux qui lui aurait lancé : « Votre Majesté, fermez votre gueule, les mouches de ce pays sont réputées pour être particulièrement insolentes ».

Bien que ces unions consanguines entre Habsbourg aient effectivement permis de sécuriser le trône d’Espagne pendant près de deux siècles, les malformations congénitales qui les accompagnaient et frappaient les héritiers de la famille ont finalement conduit à la chute de cette puissante dynastie.




En plus d’être socialement et culturellement tabou, les unions incestueuses engendraient un nombre élevé de fausses couches, et le risque que l’enfant soit mort-né ou décède après seulement quelques semaines était extrêmement élevé. À peine la moitié des enfants des Habsbourg espagnols ont survécu jusqu’à l’âge de 10 ans, alors que le taux de survie dans les autres familles nobles d’Espagne avoisinait les 80% à la même époque.

Pour ne rien arranger, comme nous l’avons vu plus haut avec le fameux prognathisme habsbourgeois, cela entraînait également la transmission de gènes récessifs nuisibles de génération en génération.

La reine Marie-Antoinette souffrait également d’une forme de prognathisme



Ainsi, Marie-Antoinette, qui appartenait à la lignée des Habsbourg, était également frappée par cette malformation congénitale. Célèbre pour sa beauté, elle possédait « une mâchoire inférieure saillante qui donnait l’impression qu’elle faisait constamment la moue », selon les observateurs de l’époque.

Mais cela n’était rien par rapport aux affres qui frappaient Charles II, le dernier souverain des Habsbourg d’Espagne, qui accéda au trône en 1665.

Surnommé « El Hechizado » (que l’on pourrait traduire par « l’ensorcelé ») en raisons de ses difformités physiques, Charles II possédait une mâchoire inférieure si développée qu’il devait lutter pour se nourrir et se faire comprendre lorsqu’il parlait.

Chétif, frêle et impuissant, le monarque souffrait également de graves problèmes intestinaux et était si limité intellectuellement et physiquement qu’il ne parla pas avant l’âge de 4 ans et n’apprit à marcher que quatre ans plus tard.

Philippe IV, le père de Charles II, avait épousé la fille de sa propre sœur, une relation incestueuse dangereusement étroite qui faisait de lui à la fois le père et le grand-oncle de Charles. Ajoutez à cela des siècles d’unions consanguines au sein de la famille des Habsbourg, et vous comprenez aisément pourquoi son fils, dans l’incapacité d’engendrer un héritier, est mort en 1700 à l’âge de 39 ans.


Lourdement handicapé, Charles II ne put engendrer d’héritier et mourut en 1700 à l’âge de 39 ans


Ironie du sort, ce sont les unions consanguines, à l’origine privilégiées afin de permettre aux Habsbourg espagnols de régner sans partage sur le pays durant des siècles, qui ont fini par causer la chute de cette puissante dynastie. Certains d’entre vous n’auront bien évidemment pas manqué de faire un parallèle avec les Targaryen de Game of Thrones, eux aussi adeptes des relations incestueuses.

Yann Contegat