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dimanche 24 juin 2018

La peste noire a décimé 30 à 50 % de la population européenne en 5 ans


On estime que la peste noire a décimé 30 à 50 % de la population européenne entre 1347 et 1352


Au milieu du XIVe siècle, une épidémie sans précédent de peste bubonique frappait l’Asie et l’Europe, faisant des dizaines de millions de victimes. Aussi connue sous le nom de « Mort Noire », celle-ci était perçue à l’époque comme une punition divine. Retour sur les origines et l’évolution de cette terrible épidémie.

La peste noire arrive en Europe en octobre 1347, lorsque 12 navires venus de la mer Noire accostent dans le port de Messine, en Sicile. Les badauds massés sur les quais n’en croient par leurs yeux : la plupart des marins à bord sont morts, et ceux qui ont survécu semblent gravement malades et sont couverts de furoncles sombres.

Si les autorités siciliennes ordonnent à ces « navires de la mort » de quitter expressément le port, il est déjà trop tard : au cours des cinq années suivantes, la peste noire va tuer plus de 20 millions de personnes en Europe, soit près d’un tiers de la population du continent.

Mais revenons quelques années en arrière pour mieux comprendre les origines de cette terrible épidémie. Bien avant que ces « navires de la mort » n’entrent dans le port de Messine, de nombreux Européens ont entendu parler d’une « Grande Pestilence » qui se serait propagée le long des routes commerciales du Proche et de l’Extrême-Orient.

En effet, au début des années 1340, la peste bubonique a frappé la Chine, l’Inde, la Perse, la Syrie et l’Égypte.

Les Européens ne sont guère armés pour faire face à l’horrible réalité de la peste noire. Cette maladie frappe hommes et femmes sans distinction, et se caractérise par l’apparition d’énormes bubons au niveau de l’aine ou des aisselles desquels s’échappent du sang et du pus. Les personnes touchées souffrent de fièvres, vomissements et diarrhées et décèdent généralement trois jours après après l’apparition des premiers symptômes.

Aujourd’hui, nous savons que la peste noire est causée par un bactérie appelée « Yersina Pestis » (découverte par le biologiste français Alexandre Yersin à la fin du 19e siècle).

Celle-ci pouvait se transmettre d’une personne à l’autre par voies aériennes, mais était principalement propagée par les poux, les piqûres de puces et les rats, ces derniers étant extrêmement répandus en Europe et affectionnant particulièrement les cales des navires, ce qui explique en partie pourquoi l’épidémie a frappé successivement les villes portuaires européennes.

Peu de temps après avoir frappé Messine, la peste noire se propage aux ports de Marseille et de Tunis, puis atteint Rome et Florence, deux villes au cœur d’un important réseau de routes commerciales. Au milieu de l’année 1348, elle atteint Paris, Bordeaux, Lyon et Londres.




À cette époque, le développement rapide de l’épidémie ne semble pas avoir de cause rationnelle. Personne ne sait exactement comment la peste se transmet d’un patient à un autre, ni comment la prévenir ou la traiter. Les médecins s’appuient alors sur des techniques rudimentaires et peu fiables comme les saignées, et des pratiques superstitieuses (parmi lesquelles inhalations d’herbes aromatiques et bains de vinaigre).

La plupart des gens en bonne santé font tout ce qu’ils peuvent pour éviter d’être en contact avec les malades, quitte à abandonner purement et simplement leurs proches souffrants. Les médecins refusent de les ausculter, les prêtres ne leur administrent pas les derniers sacrements et les commerçants ferment boutique.

Il a récemment été démontré que le rôle du rat dans la propagation de la peste avait été largement exagéré


Espérant échapper à la « Mort Noire », beaucoup de personnes fuient les villes pour la campagne… en vain, puisque celle-ci frappe également vaches, moutons, chèvres, porcs et poulets. On estime d’ailleurs que le nombre incalculable de moutons ayant péri durant cette épidémie sans précédent a causé une importante pénurie de laine en Europe.

Démunis face à ce fléau, les Européens commencent à penser que la peste noire s’apparente à une sorte de châtiment divin, et imaginent que la seule façon d’y mettre un terme est de gagner le pardon de Dieu. Entre 1348 et 1349, des milliers « d’hérétiques », parmi lesquels figurent principalement des Juifs, sont sauvagement massacrés dans ce but.

Des processions de flagellants s’organisent également et parcourent les villes européennes. Pendant 33 jours, ces derniers font pénitence et défilent dans les rues en se frappant à l’aide de lanières de cuir cloutées (un rituel qu’ils répètent trois fois par jour) sous les yeux des citadins, avant de se rendre dans la ville suivante et d’y répéter l’opération.


Illustration dépeignant l’épidémie de peste bubonique qui ravagea la ville de Florence en 1348


Bien que ce mouvement apporte un certain réconfort aux personnes se sentant impuissantes face à cette tragédie inexplicable, il finit par irriter le Pape qui le désavoue, précipitant sa fin. La terrible épidémie de peste noire prend fin au début des années 1350, mais elle réapparait régulièrement au cours des siècles suivants. Bien que l’amélioration des conditions d’hygiène ait grandement atténué son impact, cette maladie sévit encore aujourd’hui sur le continent africain.


Yann Contegat