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lundi 11 juin 2018

La Suisse va manquer de main-d’œuvre qualifiée


© igor - Fotolia.com


Le taux de chômage ne cesse de baisser pour s’établir à 2,4%. La nouvelle n’est pas aussi bonne qu’on pourrait l’imaginer. En effet, une économie robuste comme celle de la Suisse (la croissance devrait atteindre 2,4% en 2018) a besoin d’un certain volant de bras et de cerveaux disponibles sur le marché. L’agriculture, la santé, la fabrication de machines souffrent déjà d’une pénurie de main-d’œuvre.

Le groupe d’experts de la Confédération pour les prévisions conjoncturelles n’a pas été aussi optimiste depuis bien longtemps. Les exportations ont grimpé de presque 5% par rapport à l’année dernière, les dépenses très raisonnables de l’État ne montent que de 0,7% et les prix à la consommation de 0,6%. Tout est maîtrisé, ou presque. Une croissance de 2,4% et un taux de chômage descendu à 2,4%.

En mai, le nombre de personnes inscrites à un Office régional de placement n’atteignait pas tout à fait 110’000, soit un recul de 18% par rapport à l’année précédente. Et cette embellie touche toutes les tranches d’âges, les jeunes (15-24 ans) comme les plus de 50 ans. Tous nos voisins peuvent nous envier.

Alors, tout va très bien? Pas exactement. Car dans certaines professions, comme l’électrotechnique, l’industrie horlogère, l’outillage, si les carnets de commande sont remplis, il devient de plus en plus difficile de recruter les personnes indispensables. Et même dans l’agriculture et l’économie forestière, il y a pénurie de main-d’œuvre.

Refus de nouveaux chantiers

A quoi bon planter des pommes de terre si vous ne trouvez personne pour les récolter? En effet, 2,4% de chômage, c’est du quasi-plein emploi. Et cette situation peut provoquer des effets pervers. «Dans la restauration, il est déjà difficile de trouver des serveurs. Résultat, on hésite à se débarrasser des ‘bras cassés’, car il ne sera pas aisé de les remplacer», reconnaît le patron d’une brasserie lausannoise. Certes, pour recruter, il suffit d’augmenter les salaires. Mais l’hôpital, par exemple, ne le peut pas, en raison de sa réglementation. 

Les cantons romands restent les plus touchés par le chômage. Il atteint 4,5% à Neuchâtel, 4,3% à Genève, 3,6% dans le Jura et 3,5% sur Vaud. En revanche, en Appenzell Rhodes-Intérieures, où il n’est que de 1%, le recrutement devient un vrai casse-tête pour les employeurs. A Obwald, c’est pire, le taux de chômage a même chuté à 0,6%.

Une situation qui contraint des PME à renoncer à des commandes ou à refuser de nouveaux chantiers. Dans la Confédération, la liste des professions qui manquent de bras (et de cerveaux) est impressionnante: informatique, droit, usinage des métaux, construction de machines, transports, construction, santé. En ce qui concerne l’informatique, la situation devrait (un peu) se modifier avec l’annonce fin mai par Nestlé de la suppression de 580 postes en Suisse, dont un demi-millier dans les services informatiques à Vevey, Lausanne et Bussigny.

Un quart des entreprises pénalisé  
   
Interrogé par La Tribune de Genève, Oliver Adler, économiste en chef à Credit Suisse, et auteur d’une étude intitulée «Stratégies face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée», constate que déjà la moitié des entreprises qui souhaitent recruter peinent à dénicher l’oiseau rare.

«Environ un quart des sociétés interrogées – soit 90’000 PME – font même face à une pénurie aiguë», déclare-t-il dans le quotidien genevois. L’étude souligne que le poids attribué à ce facteur «pour le succès des PME est très élevé, ce qui suggère qu’une pénurie généralisée de main-d’œuvre qualifiée aurait des répercussions particulièrement néfastes sur la qualité de la place économique suisse comme site d’implantation de PME».

Quand on parle de main-d’œuvre qualifiée, il ne faut pas forcément penser à des diplômés de l’EPFL, à des professeurs de médecine ou à des ingénieurs. Mais aussi à des techniciens expérimentés dans l’usinage des métaux ou dans l’électrotechnique.   

Pas grand-chose ne changera

Bien sûr, il est toujours possible de recruter à l’étranger. La Suisse accueille un peu plus de 320’000 frontaliers. Un chiffre qui n’augmente plus que très légèrement. Mais le problème, c’est qu’au 1er juillet prochain, les mesures résultant de la votation du 9 février 2014 «contre l’immigration de masse» vont commencer à s’appliquer. Certes, elles ne sont pas révolutionnaires. Elles concernent l’obligation pour les employeurs d’informer les offices régionaux de placement des postes vacants dans les catégories professionnelles affichant un taux de chômage supérieur à 8% au 1er juillet 2018. Puis à 5% au 1er janvier 2020.

Sur son blog, Etienne Piguet, professeur de géographie à l’université de Neuchâtel, écrivait avec ironie en février dernier qu’un employeur ne pourra recruter un plâtrier (11,4% de chômeurs) dans l’Union européenne qu’après un délai de cinq jours et des entretiens avec des chômeurs locaux. «Tandis qu’il pourra embaucher un fleuriste (1,6%) ou un fromager (1,8 %) séance tenante jusqu’en Pologne ou au Portugal». En clair, cela ne change pas grand-chose.

Néanmoins, cette (petite) restriction à la libre circulation des travailleurs européens ne va pas dans le bon sens. Cette «mesurette» devrait malgré tout rendre un peu d’espoir aux chômeurs résidants qui déplorent «l’appétit des entreprises pour l’immigration».

Les principaux secteurs qui peinent à recruter  

Métiers d’ingénierie
Métiers de management
Techniciens
Droit
Métiers de la santé
Métiers de l’informatique
Pub/tourisme/fiduciaire
Enseignement/formation
Spécialités techniques