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lundi 9 décembre 2019

L'homme ne s'échappera pas de la terre

En cas de malheur sur Terre, il n'y a pas de plan B, a averti Michel Mayor. Image: SVT


On peut avoir la tête dans les étoiles et les pieds bien sur terre. C'est ce qu'ont démontré, chacun à sa manière, les deux prix Nobel suisses 2019 de physique, Michel Mayor et Didier Queloz, qui s'exprimaient ce dimanche matin à l'Université de Stockholm, avant de recevoir leur prix mardi prochain.

Après un premier discours du troisième lauréat du prix de physique, l'Américain James Peebles, Michel Mayor est monté sur scène. Une fois des petits problèmes de son et d'ordinateur réglés, celui qui a été récompensé pour avoir découvert en 1995 avec Didier Queloz la première planète hors de notre système solaire, est revenu sur sa trouvaille. S'il a d'abord rappelé que l'idée d'autres mondes dans l'univers remonte à au moins 2000 ans, le fait que la physique s'intéresse à la question est plutôt récente.

La vie un impératif cosmique?

Et si les étoiles, c'est-à-dire des astres brûlants comme notre soleil, sont visibles depuis longtemps, deux questions se posent aux astronomes: sont-elles entourées de planètes et, si oui, combien d'entre elles sont de type rocheux? Jusqu'à la moitié du XXe siècle, très peu de physiciens imaginaient des systèmes planétaires dans notre Voie lactée, alors que presque toutes les étoiles en possèdent en fait un. Reste que personne n'avait encore véritablement découvert une exoplanète avant nos deux chercheurs de l'Université de Genève.

Michel Mayor a donc expliqué comment, grâce à l'effet Doppler et l'invention d'un spectrogramme, «Elodie», Didier Queloz et lui ont pu détecter leur planète Pegasi 51 b. Maintenant, a-t-il dit, les scientifiques devront déterminer si l'apparition de la vie est ou non un impératif cosmique si les conditions sont réunies. Donc si l'on en trouvera ailleurs.

«Nous sommes liés à la Terre»

Mais il a tenu à conclure par une forme d'avertissement: «Même si nous tentions d'atteindre une planète située à seulement 30 années lumière de la Terre, à la vitesse d'Apollo 11, il nous faudrait 10 millions d'années. Et accélérer jusqu'à la vitesse de la lumière demanderait beaucoup trop d'énergie. L'homme ne s'échappera pas de la Terre si elle devient invivable, il n'y a pas de plan B. Nous sommes liés à cette planète.»

Un exploit technologique, selon Didier Queloz

Pour Didier Queloz, la découverte d'une exoplanète ne doit pas nous faire oublier notre propre système solaire, qui nous réserve encore bien des surprises. Capture SVT


Didier Queloz, lui, a tenu à d'abord expliquer que leur découverte était surtout liée à un succès technologique, la mise au point d'«Elodie», un véritable exploit vu les contraintes que cela impliquait. Mais, en trouvant Pegasi 51 b, les deux hommes n'ont pas seulement découvert une planète. Ils en ont trouvé une qui ne correspondait pas du tout aux critères habituels, puisqu'il s'agissait d'un astre équivalent à Jupiter, mais beaucoup trop proche de son soleil que ce que l'on imaginait possible.

Cela a été le début d'une formidable moisson d'exoplanètes qui laisse penser que notre système solaire pourrait bien ne pas être la norme dans sa forme, mais plutôt une rareté. Trois grandes questions se posent désormais à l'astrophysique, selon Didier Queloz:

1) Comprendre comment les planètes non seulement se forment, mais évoluent.
2) Quelle est la diversité des systèmes planétaires par rapport au nôtre.
3) Y a-t-il de la vie quelque part ailleurs?

De la vie différente

Il a d'ailleurs conclu que, vu la diversité des planètes rencontrées, si de la vie existe ailleurs, elle pourrait être très différente que de ce qu'on l'imagine. Et que, pour répondre à ces questions, les astrophysiciens vont avoir besoin de l'aide de leurs collègues des autres disciplines.

L'appel est lancé

Les discours peuvent être visionnés sur le site de la télévision suédoise SVT (en anglais). Celui de Michel Mayor débute environ à la 38e minute, celui de didier Queloz à 1 h 10mn.

Michel Pralong