dimanche 24 mai 2009

La bataille de Grandson (2 mars 1476)

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Le contexte historique

A l'hiver 1475, Charles le Téméraire, qui vient d'achever la conquête de la Lorraine, s'apprête à intervenir à l'appel de deux de ses alliés, le comte de Romont et la duchesse de Savoie dont les possessions dans le pays de Vaud ont été attaquées par les Bernois.
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En 1475, les Suisses s'étaient emparés de la place de Grandson. En janvier 1476, Charles le Téméraire qui vient de prendre Nancy tourne son armée vers Grandson. Soumis à la puissante artillerie bourguignonne, les suisses capitulent, mais le matin du 28 février le duc de Bourgogne en fait pendre et noyer plus de 400. Cet acte provoque la colère des Suisses qui, aux cris de « Grandson !, Grandson ! », rassemblent 20 000 hommes sous le commandement de Nicolas de Scharnachtahl (Berne), Hans Waldmann (Zurich) et Heinrich Hassfurter (Lucerne).Charles lance ses hommes depuis Grandson jusqu'au château de Vaumarcus par un chemin rocailleux, où la neige vient à peine de fondre.
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Au matin du 2 mars, l'armée confédérée quitte Neuchâtel ; une forte avant garde marche rapidement vers Grandson tandis que le gros de l'armée suit à quelque distance. C'est au petit matin, dans le brouillard, que les éléments avancés bourguignons se heurtent aux suisses et battent en retraite.

Tombant à l'improviste sur l'armée du Téméraire en ordre de marche, l'avant garde suisse, composée exclusivement de fantassins, prend aussitôt sa formation de combat : un carré compact formé par quatre rangs de porteurs de longues piques et ayant en son centre les hallebardiers, accompagnés sur les flancs par des arbalétriers et des couleuvriniers.

Le duc de Bourgogne réagit rapidement : il ordonne le rassemblement de ses troupes, fait mettre en batterie des canons mobiles et fait aussitôt charger une partie de sa cavalerie.

À l'artillerie et aux archers bourguignons répondent les couleuvrines de Berne. Lorsque la cavalerie bourguignonne charge, les Suisses les repoussent avec des piques de 6 m de long que les lances de 4 m de leurs adversaires ne peuvent atteindre.Après 3 heures de combats, alors que les Suisses faiblissent, Charles le Téméraire décide de faire reculer ses troupes pour attirer les Suisses en plaine. Cependant les Bourguignons se méprenant sur les choix de leur commandement, croient à la retraite et paniquent. Au même moment le gros des forces suisses arrive à son tour sur le champ de bataile.

Les mugissements sauvages des cors des Alpes, la « Vache d'Uri », le « Taureau d'Untervalden » remplissent les Bourguignons d'une terreur irraisonnée. Le Téméraire est impuissant à arrêter la fuite de ses troupes qui traversent le camp sans s'y arrêter pour se retirer sur Grandson. Les victimes furent d'environ 300 Bourguignons et 200 Confédérés, avec de nombreux blessés notamment par les flèches et carreaux.

Les Suisses trouveront alors un riche butin dans le camp abandonné par les Bourguignons, s'émerveillant de son pavillon de velours rouge, de ses armes enrichies de joyaux, et prendront 400 pièces d'artillerie.

Les Suisses trouveront alors un riche butin dans le camp abandonné par les Bourguignons, s'émerveillant de son pavillon de velours rouge, de ses armes enrichies de joyaux, et prendront 400 pièces d'artillerie. Mais le partage du butin provoqua des dissensions entre villes et campagnes. La guerre civile fut évitée de justesse au Convenant de Stans (22 décembre 1481) grâce à la médiation de l'ermite Nicolas de Flue. Candidement, les rudes montagnards vendent pour quelques sols les diamants du Téméraire qu'ils ont reçus en butin à des brocanteurs juifs ou lombards. Ils découvrirent aussi dans le butin la tapisserie aux mille fleurs : tapisserie célèbre fabriquée par Jean de Haze en 1466, composée de huit pièces de tapisseries de verdures.

En 2008 ce butin ou sa reconstitution est présentée au musée historique de Berne.

Egger Ph.