vendredi 3 juillet 2009

La barrière (fosse) de röstis ou Röstigraben

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Le « Röstigraben » (littéralement « fossé de röstis », ou « barrière de röstis » en français), est une expression d'origine suisse allemande qui désigne les différences de mentalité et le clivage politique entre la Suisse romande francophone et la Suisse alémanique germanophone. La perception même de la différence est différente en suisse romande avec l'image de la barrière ou du rideau (barrière de rösti ou rideau de rösti) au lieu du fossé suisse allemand.
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La Sarine, ici à Fribourg, marque le Röstigraben
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L'expression « Röstigraben » apparaît durant la Première Guerre mondiale. L'opinion suisse se divise : les uns sympathisant avec les Français et les autres avec les Allemands.
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Mais ce n'est qu'à la fin des années 1970 que l'expression devient populaire. La première trace écrite se trouve dans un article polémique de la revue Sprachspiegel en 1979 qui dénonce l'emploi de l'expression « Röstigrenze » (frontière de röstis)
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« Röstigraben » provient de « Rösti », une spécialité culinaire de Suisse alémanique. Si le « Röstigraben » désigne un fossé (ou une barrière), les röstis sont désormais appréciés partout en Suisse et, à ce titre, peuvent être considérés comme unificateur du pays. Les Röstis ne constituent donc plus en eux-mêmes un exemple du « Röstigraben ».
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Le thème du « Röstigraben » ressurgit périodiquement dans la presse. Lors des votations fédérales en particulier, elle justifie a priori des résultats sensiblement différents entre les deux parties du pays. Dans les affaires sociales et en politique étrangère, la Suisse romande se voit moins conservatrice que la Suisse alémanique. Pour les questions touchant les transports ou l'environnement, la tendance s'inverserait.
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Le « Röstigraben » perd de l'importance dans les années 2000 : les résultats des votations et les idées politiques et économiques tendent à s'uniformiser.

L’expression doit être relativisée car les préoccupations sont les mêmes de part et d’autre de la limite linguistique. Ainsi les différences économiques et culturelles entre ville et campagne, entre jeunes et vieux sont réelles et doivent être combattues alors que les différences linguistiques, bien réelles également, représentent la diversité du pays, une richesse pour la Suisse.
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Limite linguistique au XXIe siècle
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La frontière linguistique entre le français et l'allemand coupe la Suisse selon un axe Nord-Sud : elle part des vallées du Jura au nord-ouest, passe vers les lacs de Neuchâtel et Morat, traverse le Plateau suisse en longeant la Sarine puis remonte vers les Alpes fribourgeoises, vaudoises et valaisannes du nord, dont elle longe les crêtes. Ensuite, la frontière coupe la vallée du Rhône jusqu'à l'Italie entre les communes d'Évolène et de Zermatt.
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Limite linguistique au cours du Xe siècle
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Le plateau suisse ainsi traversé par la limite des langues ne coïncide pas avec les limites des régions naturelles et a des origines anciennes. Elle provient des premières incursions barbares repoussant la population romaine vers le sud dès la fin du IIIe siècle. Le territoire suisse est alors occupé par les Burgondes à l'ouest et par les Alamans à l'est. Ainsi, au début du Haut Moyen Âge, c'est l'Aar qui forme la frontière linguistique entre les aires burgonde et alémane et le territoire entre l'Aar et la Sarine devient au VIIe siècle siècle une zone de contact entre les langues.


La limite culturelle Brünig-Napf-Reuss-Linie
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La ligne Brünig – Napf - Reuss est une limite culturelle située entre 50 à 100 km à l'est de la frontière linguistique. L'Argovie correspondrait au secteur disputé autrefois entre Alamans et Burgondes.

Dans un article de 1947, Richard Weiss interprète des données de l'Atlas de Folklore suisse et propose une frontière culturelle entre la Suisse orientale et la Suisse occidentale qu'il situe approximativement sur cette ligne.

Les us et coutumes divergent de part et d'autre de cette ligne. Par exemple, partout en Suisse, on joue au Jass mais pas avec les mêmes cartes : à l'ouest, on emploie les cartes françaises (carreau, cœur, pique et trèfle) et à l'est les cartes allemandes (Schellen, Schilten, Rosen et Eichel).
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Le plateau suisse est le lieu de rencontre de différentes cultures remontant le Rhône ou le Rhin.
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L'archéologie révèle par exemple que pendant l'Âge du bronze la façon de planter les pieux des villages lacustres diffère : au sud-ouest, région de Concises, on plante simplement les pieux dans le sol alors qu'au nord-est, région de Zurich, on bloque les pieux par une semelle mortaisée posée à même le sol.
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Au IIIe siècle, les Celtes habitant le plateau suisse utilisent des pièces de monnaie qui sont frappées au sud-ouest d'un « huit couché » alors qu'au nord-est figure sur les pièces une sorte d'oiseau.

Avant la naissance de l'État fédéral, en 1848 circulaient des francs genevois, des batz vaudois ou neuchâtelois et des florins zurichois, lucernois ou des blutzger grisons. Avec la nouvelle constitution la Suisse doit réformer la monnaie en créant une monnaie unique Suisse : les romands avec les bâlois préfèrent le modèle du franc français et les alémaniques le florin du sud de l'Allemagne. Après en avoir débattus, le choix se porte pour la création du franc suisse jugé plus simple.
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Selon l'Atlas de Folklore suisse de 1953, en Suisse romande et au Tessin on prépare les röstis avec de l'huile alors qu'en Suisse alémanique on utilise du beurre ou du saindoux.

La pratique des jeux traditionnels tels que la lutte à la culotte, le tirer à la corde et le lancer de la pierre (voir la pierre d'Unspunnen) sont beaucoup plus populaires en Suisse alémanique.
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En 1963, l'Atlas de Folklore suisse fait ressortir les différentes perceptions des légendes. En Suisse romande, le loup est l'animal que l'on utilise pour faire peur aux enfants ainsi que les personnages réalistes tels le gendarme ou le ramoneur. En Suisse alémanique, c'est la chouette (die Eule) ou des créatures légendaires comme la « femme de la nuit » (Nachtfräuli) ou l'homme au crochet (der Haaggemaa) qui sont utilisés à cette fin.
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Le 6 décembre 1992, les citoyens refusent l'adhésion de la Suisse à l'espace économique européen (EEE). Dans le climat émotionnel qui suit l'annonce du résultat, les analystes fustigent le clivage « culturel » entre Romands et Alémaniques. Les Romands, plus le Canton de Bâle-Ville ont voté pour l'adhésion, et les cantons de Suisse alémanique contre. Les cantons bilingues (Berne, Fribourg et Valais) étant eux-mêmes partagés selon la ligne du « Röstigraben »’.
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Les nombreuses votations en Suisse permettent d’avoir une image de la société. Les votations sur le sujet de l’automobile ou sur les affaires sociales par exemple font ressortir les différences de sensibilité, les Romands étant plus attachés à l’automobile et pour un État social que les Alémaniques.
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Monument au « Röstigraben » à Fribourg
œuvre d'André Bucher
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La Suisse s'est construite lentement et par étapes au cours des siècles, ce qui a permis l'intégration des différentes cultures. Les cantons ont préservé une importante autonomie. La structure fédéraliste de l'État empêche les divergences entre groupes linguistiques. L'éducation, par exemple, est du ressort cantonal.
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L'État fédéral est soucieux des minorités et de l'équilibre entre les régions et, par exemple au Conseil fédéral, on veille à ce que les latins soient toujours représentés dans une proportion équitable. La même règle s'observe pour toutes les institutions étatiques et constitue une véritable culture politique suisse.
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Romands et Alémaniques partagent des valeurs communes : Guillaume Tell, le Grütli sont vénérés partout en Suisse même à la fin du XVIIIe siècle à Genève, Lausanne ou Neuchâtel avant la Suisse actuelle. Les Alpes et la culture alpine sont communes.

Des plats culinaires alémaniques assimilés par les Romands et inversement. Les röstis sont un plat originaire de Berne que l'on mange dans toute la Suisse. La fondue, d'abord inconnue en Suisse alémanique, et la raclette, plat typique du Valais, ont été assimilées et sont maintenant consommées dans toute la Suisse.
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Egger Ph.