lundi 10 août 2009

Le Comput Ecclésiastique

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Jules César, en 46 avant J.C., réforma le calendrier romain en créant le calendrier julien. Il introduisit la notion d'année bissextile tous les 4 ans, ce qui revint à une durée moyenne de 365,25 jours pour l'année civile.

Cependant, l'année astronomique, qui détermine les saisons, est basée sur la révolution de la terre autour du soleil et ne compte que 365,24219 jours. L'écart entre l'année civile et l'année astronomique se cumulait donc ainsi de siècle en siècle. Il induisait une dérive des dates de début de saisons. Au XVIème siècle, cet écart avait atteint 10 jours.

Le pape Grégoire XIII réforma de nouveau le calendrier en 1582, créant ainsi le calendrier grégorien.

On effectua un recalage (le vendredi 15 octobre 1582 succéda directement au jeudi 4 octobre 1582) et il fut désormais considéré que les années séculaires (années divisibles par 100) ne seraient dorénavant bissextiles que si elles étaient également divisibles par 400.

L'écart résiduel n'est actuellement que de 24 heures en trop sur une période de 4000 ans et le calendrier grégorien est toujours notre référence.
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On notera cependant que l'Eglise Orthodoxe continue toujours à utiliser le calendrier Julien.

Le comput ecclésiastique est la base du fonctionnement du calendrier grégorien. Il regroupe cinq indications qui sont publiées chaque année par la congrégation des rites, à Rome, et permettent de déterminer la date du jour de Pâques et celles de la plupart des fêtes mobiles. Ce sont :



Le Cycle Solaire,
Le Nombre d'Or,
L'Indiction Romaine,
L'Epacte,
La Lettre Dominicale.
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Ces cinq quantités, qui caractérisent une année, figurent sur certains calendriers, en petits caractères, au bas de la colonne réservée au mois de février (là où il reste en fait un peu de place).

On notera que l'horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg (1842) et celle de la cathédrale de Beauvais (1868), respectivement construites par les horlogers Jean-Baptiste Schwilgué et Auguste Lucien Vérité, possèdent des mécanismes qui sont de réelles implémentations du Comput Ecclésiastique et qui constituent à eux seuls de véritables chefs d'oeuvre de technicité.

C'est grâce à ces mécanismes géniaux que fonctionnent les calendriers perpétuels de ces deux fameuses horloges du XIX ème siècle, célèbres dans le monde entier.

Le Cycle Solaire est une période de 28 années au bout de laquelle les jours de la semaine reviennent aux mêmes jours de l'année, et dans le même ordre d'une année sur l'autre. Cette période est en effet le produit du nombre de jours de la semaine (7 jours) par la durée de la période des années bissextiles (4 ans).

Le Cycle Solaire varie donc de 1 à 28, avec un incrément de 1 (modulo 28) à chaque nouvelle année.

Mais en réalité, chaque année séculaire commune (non bissextile car non divisible par 400) vient bouleverser la correspondance périodique entre jours de la semaine et jours de l'année et c'est en fait au bout de 400 ans seulement que la série se répète intégralement.

En effet, 400 * 365,24219 = 146096,876 jours (quasiment 146097 jours) et 146097 est un multiple de 7.

Le Nombre d'Or, qui n'a en fait aucun rapport avec le fameux nombre d'or connu en architecture, est également appelé Cycle Lunaire.

C'est une période de 19 ans au bout de laquelle la succession des lunaisons s'effectue aux mêmes jours de l'année. En effet :

la durée moyenne d'une lunaison est de 29,5305889 jours, avec une variation de 1 à 3.10-8.

19 années astronomiques correspondent à 6939,6016 jours, soit 234,99706 lunaisons (quasiment 235 lunaisons).

Par conséquent, toutes les 19 annnées astronomiques, les phases de la lune tombent aux mêmes dates de l'année.

Le Nombre d'Or varie ainsi de 1 à 19, avec un incrément de 1 (modulo 19) à chaque nouvelle année.

L'Indiction Romaine n'a pas de signification astronomique particulière.

C'est un cycle de 15 ans qui était utilisé à Byzance et par les empereurs romains afin de calculer les taux d'intérêt et les taux de contributions fiscales.

L'Indiction Romaine varie de 1 à 15, avec un incrément de 1 (modulo 15) à chaque nouvelle année.

La Lettre Dominicale sert à indiquer chaque année la position des dimanches dans le calendrier. Pour chaque jour de l'année, elle prend successivement et cycliquement (modulo 7) une des valeurs de A à G. La série commence au 1er janvier avec la lettre A.

Si le 1er dimanche de l'année tombe le 1er janvier, la Lettre Dominicale est A pour l'année courante. Si le 1er dimanche est le 2 janvier, la Lettre Dominicale est B et ainsi de suite jusqu'à G dans le cas où le 1er dimanche de l'année tombe le 7 janvier.

Comme une année commune comporte 52 x 7 jours + 1 jour, l'année suivante commence un jour plus tard : si pour une année commune le 1er janvier tombe un mardi, le 1er janvier de l'année suivante tombera un mercredi. La Lettre Dominicale recule ainsi d'une unité à la fin de chaque année commune : dans notre exemple, elle passe de la valeur F à la valeur E.

Dans le cas particulier des années bissextiles, le 29 février introduit une rupture de séquence. A cause de ce jour supplémentaire, tout se passe à la fin de l'année comme si la Lettre Dominicale avait déjà reculé une deuxième fois avant la nouvelle année.

On introduit donc la notion de Lettre Dominicale double pour les années bissextiles : la première lettre alors se rapporte aux mois de janvier et février et la deuxième aux 10 autres mois de l'année. Ainsi, pour reprendre notre exemple, si la deuxième année considérée est une année bissextile, sa Lettre Dominicale ne sera pas E mais ED. La Lettre Dominicale de l'année suivante aura la valeur C.

Soulignons que le calcul tient compte du fait que les années séculaires ne sont bissextiles que si elles sont divisibles par 400.

Pâques a été fixé, selon le Concile de Nicée en 325, au dimanche qui suit la première pleine lune de printemps. On comprend aisément que l'Epacte, qui détermine les lunaisons, et la Lettre Dominicale, qui fixe la succession des dimanches, sont des facteurs décisifs pour le calcul de la date du jour de Pâques.

Au plus tôt, si la pleine lune a lieu le jour de l'équinoxe de printemps (le 21 mars), Pâques sera le 22 mars si ce jour est un dimanche. Car la règle est formelle : si le jour de la pleine lune est un dimanche, Pâques doit être reporté au dimanche suivant (car il suit la pleine lune au sens strict). Pâques ne peut donc jamais être fixé au 21 mars.

Par ailleurs, si le 20 mars est un jour de pleine lune, la première pleine lune de printemps aura donc lieu 29 jours plus tard, c'est-à-dire le 18 avril. Si ce jour est un dimanche, Pâques sera donc reporté au dimanche d'après, soit le 25 avril.

Pâques varie ainsi d'une année à l'autre dans la période du 22 mars et au 25 avril inclus.

Le calendrier comporte à la fois des fêtes dont la date est immuable (les fêtes fixes) et des fêtes dont la date varie d'année en année (les fêtes mobiles).

Les fêtes mobiles, pour la plupart, sont liées à la date du jour de Pâques et dépendent donc du Comput Ecclésiastique :

Mardi Gras : 47 jours avant Pâques
Mercredi des Cendres : 46 jours avant Pâques
Dimanche de Carême : 6ème dimanche avant Pâques (avant 1969 : Quadragésime)
Mi-Carême : le jeudi, 24 jours avant Pâques
Passion : 2ème dimanche avant Pâques
Rameaux : 1er dimanche avant Pâques
Vendredi Saint : 2 jours avant Pâques
Quasimodo : 1er dimanche après Pâques
Ascension : le jeudi, 39 jours après Pâques
Pentecôte : 7ème dimanche après Pâques
Trinité : 1er dimanche après la Pentecôte
Fête-Dieu : 2ème jeudi après la Pentecôte - célébrée le dimanche suivant
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Egger Ph.