lundi 16 novembre 2009

La Suisse est championne du monde de football des M17

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La sélection suisse des moins de 17 ans est devenue dimanche championne du monde de football. Auteurs d'un parcours exceptionnel au Nigéria, les «Rougets» ont battu le pays hôte en finale (1-0) et deviennent la première équipe helvétique à remporter un titre intercontinental.

Il faut l'écrire pour le croire. La Suisse est devenue dimanche 15 novembre 2009 à 21h championne du monde de football, le roi des sports, celui qui fait vibrer les foules sur les cinq continents. Certes, les héros de la nation ne sont que des «gamins» de 16-17 ans, tous juste sortis de l'école obligatoire, des apprentis-footballeurs qui devront encore beaucoup travailler avant de vivre un jour de leur passion.

Mais l'exploit n'est en pas moins retentissant. Dimanche soir, à Abuja, devant 60'000 spectateurs médusés, les «Rougets» ont battu le pays hôte et ainsi offert le premier trophée mondial à ce minuscule pays sur la carte du football mondial.

En 1924, aux JO de Paris, la sélection suisse avait perdu 0-3 en finale face à l'Uruguay. Quatre-vingt-cinq ans plus tard, une éternité dans l'histoire du football, une jeune équipe talentueuse, soudée, héroïque, a réussi l'impossible: battre le Nigéria, champion du monde en titre, invaincu depuis 13 confrontations, qui plus est dans une finale de Championnat du monde disputée sur ses terres.

Des Suisses inarrêtables

Depuis 1985, date de la première édition de la Coupe du monde des moins de 17 ans, disputée tous les deux ans, le Nigéria avait remporté trois fois la compétition. Soit autant que le Brésil. Une référence absolue.

Mais voilà, rien ne pouvait arrêter ces «petits Suisses», ces «Rougets» comme on les surnommait jusqu'ici, mais qui auront à n'en pas douter bientôt droit à un surnom plus flatteur. Après avoir battu successivement le Brésil, l'Allemagne et l'Italie et remporté leur demi-finale 4-0 face à la Colombie, les protégés de l'entraîneur Dany Riser voulaient aller jusqu'au bout de cette fantastique aventure. Et ils l'ont fait.

La recette: une maîtrise tactique exemplaire, une solidarité à toute épreuve, du talent à revendre et ce petit brin de réussite indispensable à tout succès.

Une défense en béton

Cette rencontre décisive, les Nigérians l'ont pourtant entamée pied au plancher, mettant une pression énorme sur la défense suisse lors du premier quart d'heure. Mais petit à petit, au fil du match, les «Rougets» sont parvenus à desserrer l'étreinte, obligeant souvent les attaquants des «Golden Eaglets» à tenter des frappes de loin faute de pouvoir s'infiltrer dans la défense helvétique.

Il faut dire que les Chappuis, Veseli, Martignoni, tous ces jeunes encore inconnus il y a deux semaines, ont réalisé une performance défensive de grande envergure. Des tacles précis, une concentration de tous les instants, une solidarité exemplaire: la vivacité des attaquants africains a pu être mise sous contrôle durant la majeure partie du match, comme l'avait voulu Dany Ryser. Et quand cela ne suffisait pas, le gardien Benjamin Siegrist a maintenu ses coéquipiers à flot en effectuant quelques arrêts de très grande classe.

A la 56e, Ben Khalifa et Seferovic, les deux attaquants très en vue de ce Mondial, ont réussi à eux tous seuls à remonter le ballon depuis leur camp et à se créer la première grosse occasion de but du match côté suisse. Sans réussite.

Un brin de réussite

Mais la délivrance est venue quelques minutes plus tard sur un corner tiré de la gauche. Seferovic a réussi à s'élever plus haut que toute la défense nigériane et à loger le ballon au fond des filets (63e). Ce sera l'unique réussite de la rencontre inscrit entre ces deux équipes à la vocation pourtant très offensive (17 buts en 6 matches pour chaque équipe).

La faute en incombe principalement à la défense suisse. Car jusqu'à la fin, les Nigérians n'ont pas réussi à transpercer la muraille rouge et blanche. Ou si, une fois, à la 78e, mais c'est alors le destin qui a penché du côté helvétique, la latte venant sauver Benjamin Siegrist. Le signe que rien ne pouvait décidément arriver à cette équipe.

Sous les yeux de Sepp Blatter, le patron suisse de la FIFA, tout sourire, les Ben Khalifa, Rodriguez et autre Veseli se sont embarqué dans d'interminables scènes de liesse au coup de sifflet final. Une victoire inoubliable pour tous ces jeunes qui vivent une sorte de rêve éveillé. Et qui pourraient peut-être en voir d'autres bientôt s'accomplir.

La victoire d'un système

Mais cette victoire est aussi celle de tout le football suisse. C'est même un succès total pour la Fédération suisse de football, qui, avec peu de moyens, a mis en place un système de formation efficace et reconnu par toutes les nations du football. Reste à transformer cette euphorie, à conserver tout ce talent pour l'avenir.

Les entraîneurs le savent: c'est maintenant que tout va se décider. La transition au monde des adultes, les blessures, les obligations scolaires ou professionnelles, l'appât du gain facile, les multiples tentations: sur le parcours de Ben Khalifa et de ses coéquipiers, les embûches seront nombreuses.

Mais avec un tel esprit d'équipe et cette envie d'aller jusqu'au bout de ses ambitions, la génération 2009 du football suisse est promise à un bel avenir. Sur continent africain, elle a en tout cas montré la voie à suivre à ses aînés, qui disputeront l'été prochain un Mondial qui pourrait également apporter de belles satisfactions entre Genève et Romanshorn. En attendant, et dès leur retour mardi à l'aéroport de Kloten, les «Rougets» seront durant quelques semaines les nouveaux héros du pays.
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Samuel Jaberg