jeudi 8 juillet 2010

Comment BP tente de dissimuler les dégâts de la marée noire

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Les civils -journalistes et photographes inclus- ont, depuis le 30 juin, l'interdiction de s'approcher à moins de 20 mètres des barrages flottants qui entourent la marée noire dans le golfe du Mexique. Une décision qui suscite des critiques, au moment où la compagnie pétrolière BP, à l'origine de la catastrophe, est accusée de minimiser le désastre.

L'ordre a été donné par les garde-côtes sur une décision de responsables locaux, officiellement afin de protéger les civils. Les contrevenants seront exposés à une lourde amende de 40 000 dollars (31 000 euros).

Limiter les photos d'oiseaux mazoutés

Selon de nombreux commentateurs, le géant du pétrole cherche surtout à cacher des méthodes douteuses et à éviter les photos choc. Le journaliste de CNN Anderson Cooper exprime sa surprise :

« Nous n'avons pas le droit d'aller où nous devrions être. Nous étions habitués aux services de sécurité qui bloquaient les caméras, […] c'était BP ; mais maintenant, le gouvernement fait de même, malgré ses promesses. »

Il montre aussi du doigt l'amiral Thad Allen, chargé par l'Etat fédéral de gérer l'accident, qui promettait début mai « l'accès illimité partout où nous faisons des opérations ». Pour le journaliste, ce sont surtout les images qui sont censurées :

« A une distance de 20 mètres, vous ne pouvez pas prendre en photo les oiseaux coincés dans des barrages, si des barrages se trouvent sur une plage couverte de pétrole, vous devez rester à 20 mètres. […] Ce sont les mêmes raisons qui ont été opposées deux fois à CNN quand nous voulions filmer des oiseaux mazoutés qui avaient été ramassés. […] Ces images sont très perturbantes, nous ne pouvons plus en avoir. »


Sous le sable… le pétrole

Ce n'est pas la première fois que BP est accusé de cacher les images du désastre. Fin mai, un avion s'est vu interdire le survol de la marée noire par BP : la compagnie aurait appris qu'un journaliste était à bord.

Il y une semaine, une vidéo suggérait que l'entreprise avait pu recouvrir des plages de sable pour masquer le pétrole qui le recouvrait.

De la même manière, début juillet, un journaliste a été brièvement arrêté par un garde de sécurité de BP. Ce dernier, aidé par un policier, a pu prendre les coordonnées du photographe et regarder les clichés de son appareil.

Anderson Cooper cite l'exemple de deux journalistes qui se sont vu interdire l'accès à un centre de soin de Venice Beach, où séjournaient deux agents d'une équipe de nettoyage des plages.

Mardi, les premières taches de pétrole apparaissaient sur les côtes du Texas. Des barrages pourraient bientôt y être installés. Mauvaise nouvelle pour les garde-côtes : il va en falloir beaucoup pour garder les journalistes à distance dans cinq Etats.

Corentin Chrétien