Le conseiller fédéral et son épouse étaient les invités de la famille Zamofing pour la fête nationale. Le couple gouvernemental en a profité pour goûter à la moutarde de bénichon, qui ne l'a pas laissé indifférent. Didier Burkhalter n'en a pas oublié pour autant de prôner la collégialité.
«Je ne souhaitais pas faire une journée de marathon politique, mais plutôt un «tour de Sagnard» pour fêter le 1er Août», a déclaré Didier Burkhalter alors qu'il se laissait guider dans sa visite de la ferme Zamofing à Posieux. Une expression tout droit venue des rives neuchâteloises et qui signifie «emprunter le chemin le plus long pour se rendre à destination». En d'autres termes, prendre son temps. Et c'est bien ce que le chef du Département fédéral de l'intérieur a fait, le temps d'un brunch, au coeur de la campagne fribourgeoise baignée de soleil.Le Conseil d'Etat fribourgeois dans son intégralité et plus de 750 bruncheurs sont venus accueillir l'invité de marque de l'Union suisse des paysans (USP). Et c'est en musique que le conseiller fédéral au bronzage éclatant qui, dit-il, proviendrait du soleil breton, a fait son entrée sur les terres de Dominique Zamofing, organisateur du brunch. Le Choeur mixte des patoisants «Intrè no» et la fanfare d'Ecuvillens-Posieux ont interprété allègrement «Le Vieux Chalet». Coïncidence? C'est justement la morale du classique patriotique de l'abbé Bovet qui a constitué le fil rouge de l'allocution de Didier Burkhalter. Il n'a pas pour autant poussé la chansonnette reprise en choeur par la foule, menée par un Pascal Corminboeuf plus enthousiaste que jamais.Dans son discours, le conseiller fédéral a mis en garde les citoyens contre le dénigrement du consensus. Pour lui, c'est le respect mutuel des idées et non le conflit qui est à la base du bon fonctionnement du pays. «La politique n'est pas faite pour être spectaculaire, c'est une traction qui doit être solide», affirme-t-il.
Paysan dans l'âme
A l'image de Jean, au coeur vaillant, qui a reconstruit son chalet plus beau qu'avant, Didier Burkhalter a encouragé la Suisse à allier tradition et modernité pour relever les défis à venir. Cela, toutefois, avant que la neige et les rochers n'arrachent le chalet helvétique. Il cite en exemple le monde paysan, incarné par l'exploitation de la famille Zamofing, qui a su combiner les deux.«Comment s'appellent vos vaches? Combien de têtes avez-vous?», telles sont les questions que Didier Burk-halter a posé à Dominique Zamofing lors de sa visite de l'exploitation familiale. La rencontre avec le milieu paysan a visiblement beaucoup intéressé l'homme politique, qui dit s'en sentir proche de par ses origines. Son grand-père n'était pourtant pas agriculteur mais pêcheur professionnel à Auvernier (NE).Deux professions jouissant du calme de la nature mais devant, en même temps, affronter ses rigueurs et faire face à des enjeux quotidiens concrets tels que les faibles salaires. «Le monde de l'agriculture me rappelle celui de la pêche. C'est un retour à mon enfance, lorsque j'accompagnais mon grand-père sur son bateau, et c'est ça qui me plaît», confie-t-il.
«J'adore faire la cuisine»
Partager un brunch, c'est aussi l'opportunité de découvrir la gastronomie locale. Au menu, jambon à l'os, röstis, owufs au plat, cuchaule et la très fribourgeoise moutarde de bénichon. Une spécialité qui a fait l'unanimité auprès du couple Burkhalter. «C'est très bon. J'aime goûter les spécialités régionales», confie Madame. «Je me suis tout d'abord demandé ce qu'il y avait dedans. Du miel?», interroge le conseiller fédéral enthousiaste. «Et comme j'adore faire la cuisine, j'ai demandé la recette. Mais je ne sais pas si j'aurais la patience de la tester. ça prend du temps.»
Christine WUILLEMIN