samedi 23 octobre 2010

Ils se retrouvent pomme avec le Bourg

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Les habitants du quartier du Bourg n'en reviennent pas. Ils ne savaient pas qu'ils pouvaient faire opposition aux mesures d'accompagnement liées au pont de la Poya. Ils demandent un délai supplémentaire.

La grogne monte dans le quartier du Bourg, à Fribourg. En cause: les mesures d'accompagnement liées à la mise en service du futur pont de la Poya. Dont la mise à l'enquête n'a suscité étonnamment que deux oppositions, émanant de l'Association transports et environnement (ATE) et l'Association des intérêts du quartier de l'Auge («La Liberté» du 16 octobre).«C'est en lisant le journal que nous avons appris que les documents publiés pouvaient faire l'objet d'oppositions», explique avec surprise Muriel Hauser, présidente de Gastro-Fribourg-Ville et patronne du café du Gothard, dans le quartier du Bourg. La société patronale pour la restauration et l'hôtellerie va donc déposer une requête de restitution du délai pour former opposition aux mesures d'accompagnement liées à la mise en service du pont de la Poya, dont fait partie notamment la fermeture du pont de Zaehringen. «Si nous avions su que l'on pouvait s'y opposer, nous l'aurions évidemment fait tout de suite», poursuit Muriel Hauser.Tout aussi surpris, l'Association des intérêts du Bourg et l'Association des commerçants du quartier vont également faire opposition. «Ces mesures d'accompagnement vont entraîner la mort du Bourg», avertit Henri Vollichard, horloger-bijoutier du quartier (lire ci-après).

«Le Bourg s'est fait avoir»

Pourquoi ne pas avoir agi plus tôt? Pour les opposants, la mise à l'enquête dans la «Feuille officielle» du 3 septembre n'était pas claire du tout. En effet, la «mise en consultation publique du plan directeur partiel et sectoriel de la Ville historique» a bien été publiée avec une liste détaillée des thèmes et des éléments du plan. Cependant, une dernière rubrique intitulée sobrement «mesures d'accompagnement liées à la mise en service du pont de la Poya» ne précise quant à elle pas la nature des travaux, ni leur emplacement.«La loi dit clairement qu'il faut préciser l'objet et la nature des travaux», tonne Antoinette de Weck, députée libérale-radicale et habitante du Bourg. «Le texte de la mise à l'enquête n'est pas assez explicite. Cela peut vouloir dire tout et n'importe quoi.»Pire encore pour les habitants du quartier: le 29 septembre dernier, l'architecte de ville Thierry Bruttin a fait une présentation publique des documents en cause à l'Association des habitants du quartier du Bourg. «Il a insisté sur le fait que le document mis en consultation avait un caractère directeur et ne pouvait donc faire l'objet que de remarques et non d'oppositions», explique Muriel Hauser, visiblement remontée, et qui estime que les habitants du Bourg se sont fait avoir. «Sans jeu de mot, on se retrouve pomme avec le bour.»

Vingt-huit mesures

La forme concise de la mise à l'enquête des mesures d'accompagnement n'est pas contestée par le vice-syndic de Fribourg, en charge de l'édilité, Jean Bourgknecht. «En tout il y a 28 mesures d'accompagnement. Je vois difficilement comment nous aurions pu toutes les inscrire dans la «Feuille officielle.» Il précise que la forme de cette mise à l'enquête a été décidée d'entente avec l'Etat. En 2007, les mesures d'accompagnement liées aux quartiers de Gambach ou de Bourguillon ont été mises à l'enquête de la même façon, poursuit le vice-syndic. «Le Conseil communal va bien sûr examiner la demande de Gastro-Fribourg et des opposants», promet Jean Bourgknecht, assez étonné par cette requête de restitution de délai. «C'est la première fois que je vois une chose pareille depuis que je suis en charge de l'édilité. Et n'oublions pas que les plans peuvent être consultés en tout temps à l'Inspection des constructions ou à la préfecture. D'ailleurs l'ATE ou les habitants du quartier de l'Auge ont déposé leurs oppositions dans le délai légal.»

Olivier WYSER