mercredi 6 octobre 2010

LA VILLE ET L'ÉTAT ONT TIRÉ UN TRAIT SUR LA BRASSERIE

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Parce qu'il n'est «plus réaliste d'espérer», les autorités communale et cantonale admettent «l'enterrement définitif» du site de production de Cardinal. Désormais, elles vont s'unir pour limiter la casse et, surtout, pour se pencher sur l'avenir du terrain de 53 000 m2, idéalement situé au coeur de la ville. De son côté, le personnel de Cardinal maintient la pression. Il a débrayé durant une heure, hier matin, pour manifester sa colère. Syndicats et employés espèrent ainsi négocier fermement le plan social.

L'Etat et la ville de Fribourg tirent-ils une croix sur la Brasserie du Cardinal en tant que site de production de bières? «Il s'agit d'un enterrement définitif», a lâché hier le syndic de la ville, Pierre-Alain Clément. Une décision qui n'a pas été prise de gaieté de coeur mais qui fait suite à la fermeté de la position de Feldschlösschen face aux propositions du personnel de la brasserie, communiquées la semaine passée. «Ce n'est en aucun cas nous qui avons décidé de cet enterrement! Certains m'ont dit que j'avais été défaitiste il y a un mois lors de l'annonce de la fermeture. Je le redis, la situation et le partenaire auxquels nous avons aujourd'hui à faire sont différents de ceux que nous avons connus en 1996.» «Là, ce n'est tout simplement plus réaliste d'espérer», constate pour sa part le président du Conseil d'Etat Beat Vonlanthen après avoir fait «une analyse claire» de la situation.Les autorités communales et cantonales vont donc désormais s'unir pour limiter la casse. Ensemble, ils vont intervenir dans les négociations avec Feldschlösschen et surtout se pencher sur l'avenir de ce terrain de 53 000 m2, idéalement situé au centre-ville.

Un terrain alléchant

Premier point de négociation retenu: offrir des solutions acceptables aux collaborateurs de Cardinal (lire ci-dessous). «Nous appuyons sans réserve les revendications du personnel et des syndicats», explique Beat Vonlanthen. Deuxième axe: le renforcement du site logistique de Givisiez. Le groupe de brasseurs argovien annonçait la semaine dernière son intention de développer le site et de créer dans la foulée huit à dix nouveaux postes de travail. «C'est un point important. Nous ne voulons pas dévoiler notre stratégie, mais il y a là une porte ouverte à la négociation», affirme le président du Conseil d'Etat.Quant à la collaboration entre la ville et le canton concernant l'avenir de la parcelle, Pierre-Alain Clément marche sur des oeufs. «Nous ne pouvions rien dire tant que les négociations syndicales n'étaient pas terminées. Elles ne le sont toujours pas.» Cela signifie-t-il concrètement que les deux entités achèteront ensemble le terrain? «Je préfère dire que la ville et le canton entament une action commune... Ce n'est pas pour des questions financières! Nous avons décidé d'agir ensemble.»

Pas encore de prix

Plus loquace, Beat Vonlanthen ne cache pas l'intérêt commun de la ville et du canton pour cette zone. «Nous voulons faire quelque chose de très innovant et y créer des places de travail à forte valeur ajoutée.» Et de préciser qu'une rencontre avec Thomas Metzger, directeur de Feldschlösschen, aura lieu «dans les meilleurs délais». Selon le président du Conseil d'Etat, il faut toutefois se laisser une certaine «marge de négociation» avant de tirer des plans sur la comète.Restent diverses questions en suspens comme celle d'un éventuel changement de zone du site ou encore sa valeur patrimoniale. «J'ai ma petite idée sur la valeur mais aucun prix n'a été articulé pour l'instant. Je préfère garder quelques sucres pour les prochaines négociations», poursuit Pierre-Alain Clément qui l'affirme: tout sera dévoilé avant la fin de l'année, dans le courant du mois de décembre. Notamment en ce qui concerne un éventuel partenariat élargi au secteur privé.

Olivier WYSER
Stéphanie SCHROETER