vendredi 12 novembre 2010

Mindflex: je pense donc je joue

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Le jeu sensation sort en Suisse cet automne. Il vous promet de contrôler une balle par la seule force de la pensée. Mais fonctionne-t-il vraiment?

L’argument marketing est imbattable: faire flotter une balle grâce au pouvoir de la pensée. Le jouet Mindflex, qui sort maintenant en Suisse, suscite depuis une année une fascination bien compréhensible, qui fait écho aux attentes énormes liées à la télékinésie. Et préfigure un nouvel âge: celui des jeux basés sur les interfaces cérébrales. Son concurrent sort déjà aux Etats-Unis: le Star Wars Force Trainer, basé exactement sur le même principe, alors qu’une compagnie australienne, Emotiv, commercialise une interface cérébrale pour jeux sur ordinateur. «Mindflex est vraiment cool, témoigne Flynn, un écolier bâlois de 9 ans, qui a déjà pu essayer le jeu. Même si c’est difficile, j’ai un petit peu l’impression de pouvoir contrôler la balle.»

Le système est des plus simples: un bandeau élastique à passer autour de la tête et qui enfonce quelque peu douloureusement une électrode au-dessus de l’oeil. Le dispositif mesure une partie de l’activité électrique du cerveau, qui contrôle ainsi la puissance d’un ventilateur positionné sous une balle en mousse très légère. Plus on se concentre, plus le ventilateur tourne vite, et plus haut montera la balle.

En théorie. Car en pratique, le contrôle s’avère très difficile. Une fois le premier instant d’émerveillement passé — l’impression diffuse d’avoir une sorte de «muscle» dans le cerveau —, la plupart des adultes se lasseront, tant le lien entre sa «concentration» et la hauteur de la balle semble diffus. Elle monte, elle descend — mais d’elle-même, semble-t-il.

Un chercheur, lui, a démontré qu’une tête en plastique humidifiée produisait autant de variations qu’un participant bien vivant… Même Bruno Gfeller, responsable marketing pour la Suisse chez le fabricant Mattel, le reconnaît: les jeux basés sur ces nouvelles interfaces cérébrales ne sont «pas encore vraiment mûrs ni précis» pour vraiment percer sur le marché. «Les technologies pour contrôler un ordinateur par la pensée existent, souligne José del Millán, spécialiste en interfaces cérébrales à l’EPFL. Mais elles nécessitent des préparations minutieuses et restent pour l’instant limitées au domaine médical, comme pour des prothèses ou l’entraînement à la relaxation.» Ces techniques d’électroencéphalographie s’améliorent rapidement. Mais contrôler une balle par la pensée, c’est encore pour demain.

Mindflex, en vente notamment chez Manor et Franz Carl Weber, env. 169 fr.

Daniel Saraga