mardi 12 juillet 2011

Le sens unique de l’avenue de la Gare n’a rien perdu de son impopularité

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Cela fait un an que l’avenue de la Gare a été mise en sens unique. Et c’est toujours la grogne, comme aux premiers jours. Les bouchons n’ont pas diminué, les commerçants se plaignent d’une baisse de clientèle, les transports publics peinent à tenir leurs horaires aux heures de pointe, les zones résidentielles subissent les reports de trafic. Pourtant, la commune ne fera pas machine arrière.

Il y a un an jour pour jour, l’avenue de la Gare était mise en sens unique. Une mesure qui, si elle a ses fans, collectionne les détracteurs. olivier wyser Il y a des anniversaires que des Fribourgeois se passeraient bien de célébrer. Comme la mise en sens unique de l’avenue de la Gare, qui fête aujourd’hui même sa première année. Et le moins que l’on puisse dire est que le temps n’a en rien fait perdre de son impopularité à cette mesure. Petit tour d’horizon des usagers, des commerçants, des transports publics et des autorités. Commune Lorsqu’il s’agit de tirer un premier bilan de la mise en sens unique de l’avenue de la Gare, le conseiller communal en charge de la mobilité et de la police locale Thierry Steiert pèse chacun de ses mots. «Ce genre de mesure est chargée d’émotion pour la population», avertit-il d’emblée. Il faut dire que ce dossier a fait couler beaucoup d’encre et de salive, sans compter qu’aux dernières élections il a probablement coûté sa place à son prédécesseur Charles de Reyff. Pour l’heure, pas de bilan chiffré ni de catalogue de nouvelles mesures d’adaptation. «Des comptages et des analyses ont été faits. Ils sont en cours d’analyse par des ingénieurs de la circulation et les résultats devraient tomber après l’été», renseigne Thierry Steiert. Qui estime que le sens unique est «rentré dans les habitudes» aujourd’hui. Le conseiller communal précise qu’il est probable que des adaptations soient mises en place pour fluidifier le trafic. Sans préciser lesquelles. «Par contre, un retour en arrière n’est pas possible.»

Les commerçants du centre-ville ont toujours vu d’un mauvais oeil la mise en sens unique de l’avenue de la Gare. Un an après, ils ne sont toujours pas convaincus du bien-fondé de cette mesure routière. «Nous avons bien compris la démarche de la ville. Mais pour nous, cette mesure manque de bon sens», résume Philippe Angéloz, président des intérêts de la rue de Romont et des rues adjacentes. Pour lui, il aurait mieux valu attendre la mise en fonction du pont de la Poya, avant de mettre l’avenue de la Gare en sens unique. Conséquences du sens unique: une baisse de la fréquentation dans les magasins en fin de journée et des clients qui évitent de faire leurs courses au centre-ville de peur d’être bloqués dans les embouteillages. L’association de la rue de Romont a d’ailleurs demandé au Conseil communal de réintroduire des feux de signalisation pour piétons à la gare.

Du côté de Fribourg Centre en revanche, le sens unique ne change rien. «Nous ne sommes pas touchés puisque 95% de notre clientèle vient à pied», relève Jean-Claude Cotting, directeur de Fribourg Centre. Transports publics «Nous avons constaté des difficultés supplémentaires», constate sans détour Hans-Rudolf Beyeler, directeur adjoint des Transports publics fribourgeois (TPF). Et ce alors que la mise en sens unique de l’avenue de la Gare était censée améliorer le fonctionnement du réseau de transports publics. Première difficulté: le flot incessant de piétons qui traversent l’avenue entre la gare et Fribourg Centre. «Le passage piétons est dépourvu de feux, c’est un gros point noir», assure Hans-Rudolf Beyeler.

Ensuite, les bus TPF prennent régulièrement du retard sur l’horaire en raison des bouchons sur le boulevard de Pérolles ou l’avenue du Midi. «A certaines heures, la situation est vraiment difficile pour nos chauffeurs», précise le directeur adjoint des TPF. Et de préciser que la ville a demandé de faire passer les bus qui quittent la gare routière en direction de la Singine, par le tunnel sous les voies… «Nous avons dit non! C’est hors de question tant qu’il n’y aura pas de feux pour les piétons à l’avenue de la Gare.» Quartiers Les zones résidentielles de la ville de Fribourg sont les premières victimes du report de trafic. «Je ne constate aucune différence quant au nombre de pendulaires qui circulent», déplore Georges Rhally, président de l’association du quartier de Pérolles. Selon lui, seule une route de contournement qui relierait Marly à Matran pourrait changer la donne. Du côté de la Neuveville, la liste des doléances s’étire: circulation accrue à la rue de la Grand-Fontaine ainsi qu’en direction de l’Auge, des bouchons au centre-ville qui ont obligé les TPF à modifier leurs horaires, ce qui ne va pas sans poser des problèmes pour attrapper certaines correspondances à la gare. «Le sens unique est une mauvaise idée qui a tout de même été mise en place», regrette le président des intérêts du quartier Roland Julmy, qui a le sentiment de devoir beaucoup «se battre» pour être entendu du côté de la ville. «A part peut-être Bourguillon, je ne vois pas quel autre quartier de Fribourg n’a pas à se plaindre du sens unique de la Gare.»

Piétons et cyclistes S’il y a des personnes satisfaites de la mise en sens unique de l’avenue de la Gare, ce sont bien les piétons et des cyclistes. «C’est un bonheur de se promener à pied. On n’attend presque plus pour traverser», explique un usager quotidien. Qui précise toutefois qu’il faut bien regarder avant de traverser car «c’est un peu la jungle» aux heures de pointe. Le souci de la sécurité des piétons est bien compris par la ville. «Il est certain que s’il y a des améliorations à apporter, nous le ferons», affirme le conseiller communal Thierry Steiert. Et de préciser que selon le plan directeur, l’avenue de la Gare deviendra à terme entièrement piétonne. «Mais sûrement pas avant la mise en service du pont de la Poya», prévue en 2014. La question des feux pour piétons est actuellement analysée. «Pour le moment, on ne sait pas s’il y aura à nouveau des feux. Ce ne sera pas obligatoirement la solution choisie», poursuit Thierry Steiert.

La Liberté