jeudi 13 octobre 2011

Le Werkhof toujours inoccupé

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Il est prévu d’exposer la maquette Frima, représentant Fribourg en 1606 au Werkhof. Faute d’argent pour rénover le bâtiment, elle pourrait quitter la ville…

La maquette historique Frima représentant la ville de Fribourg en 1606 pourrait bien se retrouver dans… une autre commune! Diverses pistes sont évoquées dont celle de la Fondation des Chemins de fer du Kaeserberg à Granges-Paccot ou celle d’un local dans une zone industrielle. «Ce serait le dernier recours si on ne trouve pas l’argent nécessaire!», explique Georges Baechler, président de l’Association Werkhof-Frima (AWF), qui s’active depuis plusieurs années pour l’installation de la maquette dans le Werkhof, en Vieille-Ville de Fribourg.

La création de la maquette avait nécessité 150000 heures de travail, soit treize ans, effectués par des chômeurs dans le cadre d’un programme du Service public de l’emploi (SPE). Elle représente, à l’échelle 1:250 et sur une surface de 55 m2, la capitale cantonale telle qu’elle apparaissait sur le plan de Martin Martini datant de 1606. Cette œuvre aussi magnifique qu’impressionnante est aujourd’hui démontée et conservée dans des caisses, qui sont stockées dans les caves du Service des finances de Fribourg.

Il commence à saturer

C’est au Werkhof que la fameuse maquette devrait trouver son écrin. Plus précisément, elle devrait occuper une surface de 200 m2 dans le bâtiment, ravagé par un incendie en 1998, qui doit encore être réhabilité. Outre Frima 1606, la bâtisse un fois restaurée devrait également abriter des espaces dédiés aux associations de quartier, maison de quartier, sociétés ou entreprises ainsi qu’au SPE.

Devrait? Ne reste qu’à trouver les sous… Et de ce côté-là, ce n’est pas encore gagné!«Il faut 3,5 millions de francs et nous en avons 2,3 millions pour l’instant», précise Georges Baechler, qui avoue commencer un peu à saturer. Et d’ajouter:«J’y crois encore, mais cela fait trois ans qu’on travaille à fond. On a déjà bagarré pendant trois ans pour obtenir le droit de superficie de la ville.»

C’était en avril 2009. Le Conseil général de la ville avait alors accepté la mise à disposition du Werkhof sous la forme d’un droit de superficie. Il avait en outre donné son aval à une participation financière de 1,5 million pour la restauration des lieux. Dans son argumentation, le vice-syndic Jean Bourgknecht avait déclaré que le montant ne serait pas débloqué tant que le financement global ne serait pas «assuré et prouvé et cela dans un délai de deux ans… Faute de quoi le projet sera abandonné» («La Liberté» du 28 avril 2009).

Deux ans après…

Vingt-quatre mois plus tard, force est de constater que la situation de la bâtisse médiévale n’a pas franchement évolué. «Nous avions beaucoup misé sur une participation des quatre piliers de l’économie fribourgeoise (ndlr: la BCF, Groupe E, l'ECAB et les TPF). Nous les avons sollicités, mais ça n’a rien donné…», poursuit le président de l’AWF qui peut toutefois compter sur le soutien de la Loterie romande, entre autres.

«Nous n’abandonnons pas et allons maintenant contacter les banques et assurances. On y croit toujours mais il y a peu de répondant. Il me semble que nos interlocuteurs ne comprennent pas la valeur de cette maquette, qui constituerait une attraction pour la Vieille-Ville.»

Afin de débloquer la situation, l’association est en pourparlers avec la ville afin d’obtenir une participation financière plus importante. «Il faut que la ville s’engage davantage, c’est son bâtiment et elle a besoin de locaux», remarque Georges Baechler. Le hic, c’est que la ville compte aménager des locaux dans l’ancienne usine de cartonnage Vuille au Jura, également en partie détruite par les flammes en février 2010. Elle a participé à l’élaboration de ce projet immobilier devisé à 90 millions de francs («La Liberté» du 17 mars). D’aucuns murmurent que le Conseil communal ne serait donc pas pressé de s’occuper du Werkhof…

Investir ou laisser vide

Ce que dément le vice-syndic, Jean Bourgknecht. «Ce sont deux dossiers qui ne sont aucunement liés et qui concernent deux quartiers différents», relève-t-il en insistant sur la volonté de la ville de trouver un solution. «La preuve, nous avons prolongé le délai de deux ans au printemps prochain.»

La situation devrait ainsi se décanter en 2012. Le directeur de l’édilité compte d’ailleurs solliciter un crédit supplémentaire au Conseil général. «Cette maquette est intéressante pour la ville, nous en sommes conscients. Mais, il faut repenser le projet, ce que nous faisons actuellement, afin de remplir cette bâtisse. Nous savons, par exemple, que nous aurons besoin de locaux pour l’accueil extrascolaire», poursuit Jean Bourgknecht. Et de glisser:«Il y a deux possibilités: soit la ville investit plus, soit le Werkhof reste vide pendant de longues années encore…»

Pour les 4 piliers, tout est ouvert…

Les quatre piliers de l’économie fribourgeoise vont-ils soutenir le projet de restauration du Werkhof ainsi que celui d’y exposer la maquette Frima 1606? Rappelons que l’Association Werkhof-Frima, qui recherche encore plus d’un million de francs pour mener à bien son projet, fonde beaucoup d’espoirs sur leur participation.

Tout est encore ouvert comme l’indique Anne Maillard Magnin, sous-directrice de la Banque cantonale qui, on s’en souvient, avait exposé la fameuse maquette dans ses locaux il y a bientôt deux ans. Une exposition qui avait d’ailleurs rencontré un franc succès. «Un entretien est prévu le 23 novembre avec l’Association Werkhof-Frima. Rien n’est donc fermé. J’ai d’ailleurs devant moi des lettres confirmant certains engagements de notre part. Les discussions tourneront autour de contre-prestations…», relève Anne Maillard Magnin. Restent les Transports publics fribourgeois (TPF), Groupe E et l’Etablissement cantonal d’assurance des bâtiments (ECAB).

«Une réunion entre les quatre piliers a eu lieu cette semaine. Aucun soutien financier n’a été engagé mais la porte n’est pas fermée pour autant. Après un entretien avec l’association, une demande d’étoffer le projet a été formulée», indique Martial Messeiller, porte-parole des TPF. Christophe Kaempf, porte-parole de Groupe E confirme qu’aucune décision n’a été prise. «Des discussions sont en cours concernant un soutien relatif à l’aménagement intérieur du Werkhof», explique-t-il. Quant à l’ECAB, son directeur Jean-Claude Cornu, se dit très surpris. «Les quatre piliers avaient décidé d’une participation substantielle, dont je ne souhaite pas dévoiler le montant. L’association a estimé que cette participation n’était pas à la hauteur de ce qu’elle souhaitait… Il est prévu d’en rediscuter car nous estimons que ce projet est très intéressant», précise Jean-Claude Cornu.

Stéphanie Schroeter
La Liberté.ch