jeudi 17 janvier 2013

L'impact des pesticides inquiète l'UE


La Commission européenne pourrait proposer d'interdire certains pesticides après les conclusions «inquiétantes» de l'autorité de sécurité des aliments (EFSA) sur leur impact pour les abeilles.

L'EFSA a rendu mercredi des conclusions inquiétantes sur l'impact de trois types de produits sur le nectar et le pollen», a expliqué Frédéric Vincent, porte-parole de Tonio Borg, commissaire européen en charge de la Santé et des Consommateurs. Il a indiqué que cet avis avait été demandé par la Commission.

Une lettre va être adressée «cette semaine» au groupe bâlois Syngenta et à la firme allemande Bayer, qui produisent les pesticides comportant les trois néonicotinoïdes incriminés - clothianidin, imidacloprid et thiamethoxam -, notamment le Cruiser OSR, pour leur demander de réagir à ce rapport. Les deux groupes ont jusqu'au 25 janvier pour répondre.

D'autre part, la Commission européenne a décidé d'inscrire le sujet à l'ordre du jour de la réunion du comité permanent de l'UE en charge de ces questions prévue le 31 janvier. «La Commission, avec les Etats membres, prendra les mesures qui s'imposent», a conclu le porte-parole.

Mesures au plan national

Des Etats membres ont déjà pris des mesures au plan national. La France a ainsi retiré le 29 juillet l'autorisation de mise sur le marché (AMM) du Cruiser OSR de Syngenta utilisé en traitement de semence pour le colza. Reste son usage pour le maïs qui, bien que contesté, n'a pas été à ce stade définitivement banni.

L'Italie et l'Allemagne interdisent l'usage des pesticides incriminés seulement pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles, et la Slovénie pour toutes les plantes. En Suisse, le pesticide reste autorisé pour l'instant.

L'idée de la Commission européenne est d'arrêter une ligne de conduite au niveau de l'UE et d'aller si nécessaire vers une interdiction des produits incriminés.

Au fil des ans, les études scientifiques ont permis d'établir que les pesticides dits «systémiques» ou «néonicotinoïdes» ont bien un impact létal sur les abeilles, qu'ils désorientent, au point que certaines ne savent plus revenir à leurs ruches. En une quinzaine d'années, leur mortalité est passée de 5 à 30%.

Impact économique


Les apiculteurs ont déjà obtenu le retrait du Régent et du Gaucho (Bayer). Les fabricants insistent de leur côté sur l'impact économique de la suppression de leurs pesticides.

Syngenta n'a pas tardé à réagir aux conclusions de l'EFSA. Selon l'entreprise rhénane, l'autorité européenne a produit un rapport d'évaluation insuffisant et de façon précipitée sous la pression politique. Le document est empreint d'un niveau élevé d'incertitude, ajoute le groupe dans un communiqué.

De son côté, Bayer se dit «prêt à coopérer avec la Commission européenne et les Etats membres de l'UE et à développer des solutions pragmatiques pour aborder les lacunes en termes de données évoquées par l'EFSA».