jeudi 21 février 2013

Idée reçue : demain, on pourra régénérer le coeur


Vrai. Un coeur tout neuf après un infarctus, telle est la promesse de la médecine régénérative. Médecins et chercheurs ont commencé les expérimentations.

Cela fait maintenant une quinzaine d'années que les chercheurs planchent sur le sujet : utiliser des cellules que l'on greffe pour traiter les maladies cardiaques. Même si elles ne parviennent pas encore à régénérer parfaitement le coeur, leurs résultats sont prometteurs. Mais pourquoi "refabriquer" du tissu cardiaque ? Lors d'un infarctus, le coeur n'est plus correctement irrigué. Nombre de cellules qui constituent son tissu se retrouvent donc privées d'oxygène et meurent, leur absence empêchant le coeur de se contracter convenablement. Ainsi, même si l'infarctus a été traité à temps, le muscle cardiaque n'est plus capable de remplir correctement son rôle de pompe, rendant tout effort difficile. Plutôt que de transplanter un nouveau coeur, des scientifiques ont eu l'idée de remplacer les cellules mortes par des cellules toutes neuves.

On utilise pour cela un type cellulaire très particulier : des cellules souches capables de se multiplier et de se transformer en n'importe quel type de cellule. Lors des expérimentations initiales, on les a d'abord prélevées dans les muscles des jambes ou des bras des malades. La première greffe a été réalisée il y a douze ans sur un homme de 72 ans par le professeur Philippe Menasché, à l'hôpital européen Georges-Pompidou. Ont suivi, en Europe et aux États-Unis, plusieurs essais cliniques. D'autres équipes ont choisi une technique différente. Celles du professeur Patricia Lemarchand, à l'institut du Thorax de Nantes, et du professeur Jérôme Roncalli, du CHU de Toulouse, se sont appuyées, pour cette nouvelle thérapie cardiaque, sur des cellules souches issues de moelle osseuse. Enfin, tout récemment, une équipe américaine a injecté à une vingtaine de malades victimes d'une crise cardiaque des cellules souches issues de leur propre coeur.

Une seule expérimentation efficace

Il s'agit donc de réparer par une greffe le muscle cardiaque abîmé. Mais seule l'expérimentation réalisée outre-Atlantique s'est avérée efficace : la zone de tissu mort a été diminuée de moitié, un an après le traitement. La greffe cellulaire se heurte en effet à un obstacle majeur : dans les premiers jours qui suivent l'opération, 90 % des cellules souches meurent avant même d'être "utiles". Autre problème : quand les cellules permettent de régénérer le tissu cardiaque, la capacité de pompage du coeur réparé n'est pas ou peu améliorée.

Cela pourrait s'expliquer par une question de distribution des cellules souches. En effet, le muscle cardiaque fonctionne avec 30 % de cellules qui se contractent, les autres jouant un simple rôle de soutien. Il est donc possible que les cellules greffées "choisissent" d'être des cellules de soutien. Pour y remédier, les chercheurs étudient plusieurs pistes. La première consiste à injecter les cellules souches enveloppées dans une sorte de tapis constitué de cellules nourricières pour limiter leur mortalité. La seconde mise sur des cellules souches réputées plus malléables, plus aptes à se transformer en cellules qui se contractent. L'enjeu est de taille : chaque année, en France, on compte 120 000 nouveaux cas d'insuffisance cardiaque, dont 70 % à la suite d' un infarctus.

Anne Balleydier