En débat. Le concept de "cyberdépendance", utilisé pour définir les accros au Web, n'est pas reconnu officiellement comme une pathologie. Pas encore...
Les témoignages de personnes ayant sacrifié leur travail, leurs amis ou leur conjoint afin de consacrer toujours plus de temps à Internet sont légion. Mais peut-on parler d'une réelle addiction ? Le concept de "cyberdépendance", utilisé pour définir les accros au Web, est né en 1995 aux États-Unis. Très étudié, ce phénomène n'est toutefois pas reconnu officiellement comme une pathologie. Pas encore.
Au coeur du débat, la notion même de dépendance. Docteur en psychologie, Jean-Charles Nayebi explique : "Une addiction se caractérise essentiellement par les phénomènes de manque et de tolérance, ce dernier étant la nécessité d'augmentation de la dose pour avoir le même effet." Selon lui, le cyberdépendant répond bel et bien à ces critères.
Pathologie mentale
Il distingue quatre catégories de cyberdépendance : le cyberjeu, la cyberdépendance relationnelle (entretien de relations via Internet), le cybersexe et, plus étonnant, le cyberamassage (addiction se caractérisant par le stockage de contenus sur le réseau).
Mais pour d'autres spécialistes, comme le psychiatre Serge Tisseron, certains critères fondamentaux définissant la dépendance - comme les syndromes de sevrage et de rechute - sont absents chez l'utilisateur excessif d'Internet. Il estime de plus que parler d'addiction pour un adolescent n'est pas pertinent, car son comportement excessif est voué à disparaître au fur et à mesure de l'apprentissage du contrôle des impulsions. "Et chez l'adulte, un usage problématique d'Internet n'est souvent que l'expression d'une pathologie mentale sous-jacente", assure-t-il.