Il a défié 11 présidents américains et survécu à 638 complots,
dont la plupart étaient ourdis par la CIA
Symbolisant les espoirs du Tiers-Monde et des mouvements de libération au début de sa Révolution en 1959, le "Barbudo" en treillis vert olive s'était cependant peu à peu transformé en dirigeant autoritaire et dogmatique, refusant toute libéralisation et mettant au pas toute opposition.
Fils d'un propriétaire terrien d'origine espagnole, Fidel Alejandro Castro Ruz est né le 13 août 1926 à Biran dans la province d'Oriente, à l'est de Cuba. Élevé chez les jésuites, il est diplômé de la faculté de droit de l'université de La Havane.
Dès le coup d'État du général Fulgencio Batista en 1952, il organise la lutte armée avec son frère Raul. Le 26 juillet 1953, il tente d'attaquer la caserne Moncada à Santiago de Cuba, mais échoue. Arrêté et condamné à 15 ans de prison, il est amnistié puis libéré deux ans plus tard.
Exilé au Mexique, il débarque avec 81 hommes, dont l'Argentin Ernesto "Che" Guevara, en décembre 1956 sur la côte sud du pays. L'expédition est décimée. Réfugié avec une poignée de combattants dans les collines de la Sierra Maestra, il réussit à se réorganiser et à prendre le contrôle d'une partie de la province d'Oriente.
Lancée en août 1958, une offensive générale se soldera par l'effondrement du régime de Batista le 1er janvier 1959. Le 8 janvier, entouré de ses "barbudos", son frère Raul, "Che" Guevara, le charismatique Camilo Cienfuegos, Fidel Castro fait une entrée triomphale à La Havane.
Du révolutionnaire à l'homme politique
Premier ministre en février 1959, il concentre rapidement tous les pouvoirs avant de fonder un nouveau Parti communiste de Cuba en 1965, parti unique jusqu'à aujourd'hui. Il en a laissé le poste de premier secrétaire à son frère Raul en avril 2011.
En 1961, il proclame le "caractère socialiste" de la Révolution lors de la tentative d'invasion d'exilés cubains, soutenus par la CIA, de la baie des Cochons. Les Américains, qui imposent toujours aujourd'hui un embargo à l'île, ne lui ont jamais pardonné d'avoir mis le monde en 1962 au bord du conflit atomique en permettant aux Soviétiques de déployer des missiles nucléaires à Cuba, à moins de 200 km de leurs côtes.
En dépit de l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, qui l'a privé d'un bailleur de fonds et allié inégalé, il est parvenu à se maintenir à la tête de son pays, continuant à tenir tête à Washington et refusant tout assouplissement de son régime.
Le 31 juillet 2006, il avait dû, à la suite d'une grave opération, céder le pouvoir à son frère Raul, son indéfectible ministre de la Défense et numéro deux du régime, d'abord de façon provisoire puis définitive en février 2008.
Les tentatives d’assassinat de la CIA sur Fidel Castro les plus folles
L’icône de la révolution cubaine, Fidel Castro, est décédé le 24 novembre à l’âge de 90 ans. Mais tout le monde ne sait pas qu’il a défié 11 présidents américains et survécu à 638 complots, dont la plupart étaient ourdis par la CIA.
Les relations entre les Etats-Unis et Cuba étaient au plus bas suite à la révolution cubaine. Pour Washington, Fidel Castro était source d'innombrables problèmes et la CIA a tenté de se débarrasser de lui à de maintes reprises. D’après les estimations du Livre Guinness des records, il a survécu à 638 complots d'assassinat depuis le débarquement d'exilés cubains soutenus par la CIA dans la baie des Cochons, en avril 1961. Voilà les échecs de la CIA les plus saugrenus.
Le stylo empoisonné
Fidel Castro et Malcolm X dans un hôtel new-yorkais, le 19 octobre 1960
Au jour de l’assassinat du président américain John Kennedy, le 22 novembre 1963, un responsable de la CIA a confié un stylo empoisonné à un «espion» cubain pour qu’il l’utilise contre Fidel Castro. Mais, au même moment, un émissaire de Kennedy rencontre le leader cubain pour tenter d’améliorer les relations entre les deux pays, ce qui a mis un terme à l'entreprise.
Du LSD dans un studio de télévision et dans une boîte de cigares
Le père de la révolution cubaine, Fidel Castro
Lors de la présidence de Dwight Eisenhower, de mars à août 1960, la CIA planifiait de disperser un produit chimique aux effets similaires à celui du LSD dans un studio de télévision où Fidel Castro devait enregistrer un discours, ou bien d’imprégner une de ses boîtes de cigares avec le même produit.
La tenue de plongée empoisonnée
Fidel Castro aimait pratiquer la plongée sous-marine. Début 1963, les services techniques de la CIA ont mené des tests pour contaminer sa tenue de plongée, mais n'ont pas réussir à la faire parvenir au destinataire. Les agents étudièrent même la possibilité de piéger un coquillage là où le dirigeant cubain aimait nager, mais aucun n’était assez grand pour abriter un explosif.
Chaussures empoisonnées pour faire tomber la barbe du commandante
Fidel Castro lors d’une conférence de presse à l’ONU
Peu de temps après son arrivée au pouvoir, Fidel Castro a déclaré dans une interview à une télévision américaine que sa barbe «signifiait beaucoup de choses pour Cuba». Ainsi la CIA a décidé de s’attaquer à elle afin de faire perdre son prestige à ce symbole national. Lors d’un voyage à l’étranger, le Lider Maximo devait descendre dans un hôtel que les agents de la CIA avaient identifié. Ils pensaient que Fidel Castro mettrait ses chaussures dans le couloir pour les faire cirer, comme il avait coutume de le faire. A ce moment-là, les agents auraient dû les saupoudrer d'un produit chimique dépilatoire. Ils ont même mené des tests sur des animaux au préalable, mais la visite a été annulée au dernier moment.
Les tentatives d'assassinat de Fidel Castro ont été si nombreuses que la chaîne britannique Channel 4 a même réalisé un film documentaire à ce sujet en 2006.
Le monde réagit
17h21 CET
Le président syrien Bachar al-Assad a salué la «résistance légendaire» de Fidel Castro face à l'embargo imposé par les Etats-Unis contre Cuba, a rapporté l'AFP.
«Le grand leader Fidel Castro a mené la lutte de son peuple et de son pays contre l’impérialisme et l'hégémonie pendant des décennies», a écrit le chef d'Etat dans une lettre de condoléances adressée au président Raul Castro.
17h03 CET
Le roi d'Espagne Felipe VI a salué en Fidel Castro une «figure d'une indiscutable importance historique», a rapporté l'agence AFP. «C'est pourquoi je veux [...] rappeler ses liens de famille avec l'Espagne», a-t-il également indiqué, dans un télégramme adressé au président cubain Raul Castro.
16h49 CET
Après un premier tweet laconique, le président américain Donald Trump a fait savoir que «l'administration [américaine] ferait tout ce qui est en son pouvoir pour permettre au peuple cubain de commencer enfin son voyage vers la prospérité et la liberté», a indiqué l'agence Reuters.
Fidel Castro, a affirmé le président américain élu, a été «un dictateur brutal qui a opprimé son peuple».
16h04 CET
Le président américain Barack Obama a fait part de ses condoléances à la famille de Fidel Castro, ajoutant que ses «pensées et prières [allaient] au peuple cubain», d'après l'agence Reuters.
15h23 CET
La ville de Miami a été le théâtre de scènes de liesse, dans la nuit du 25 au 26 novembre, après l'annonce de la mort de Fidel Castro : des exilés cubains ont manifesté en nombre leur joie de voir l'ancien dirigeant révolutionnaire quitter ce monde, criant des slogans tels que «Cuba libre !» ou «liberté, liberté !».
15h21 CET
Les Canadiens «s'associent au peuple cubain dans le deuil» après la mort de Fidel Castro et «la perte d'un leader remarquable», a déclaré le Premier ministre canadien Justin Trudeau, selon l'agence AFP.
15h16 CET
Pour la légende du football argentin Diego Maradona, Fidel Castro était «le plus grand», comme un «second père» pour lui, rapporte l'AFP.
14h23 CET
Le président élu des Etats-Unis, Donald Trump, a réagi sur Twitter en publiant un message pour le moins étonnant, se contentant de constater, sans autre commentaire : «Fidel Castro est mort !»
12h27 CET
Pour le président chinois Xi Jinping, cité par l'agence AFP, «le peuple chinois a perdu un camarade bon et sincère». «Le camarade Castro vivra éternellement», a en outre déclaré le chef d'Etat, lors d'une intervention sur la principale chaîne de télévision nationale.
12h21 CET
Outre son hommage à la figure historique de Fidel Castro, le président français François Hollande a demandé samedi que l'embargo qui «pénalise Cuba soit définitivement» levé, lors d'une déclaration à la presse à Antananarivo (Madagascar), citée par l'agence AFP.
12h06 CET
Du côté des politiques français, sans surprise, les hommages à la mémoire de Fidel Castro, samedi matin, sont essentiellement venus des rangs la gauche et des communistes.
Le secrétaire général du Parti communiste, Pierre Laurent, a ainsi salué le souvenir du Lider Maximo, qui a selon lui combattu toute sa vie «l'impérialisme américain pour la dignité de son peuple».
De même, le socialiste Gérard Filloche s'est fendu de plusieurs tweets passionnés saluant l'héritage historique du leader de la révolution cubaine.
A gauche toujours, l'ex-ministre de la Culture Jack Lang a déclaré sur le plateau de France Info que «c'est un géant de la politique mondiale qui disparaît.» «On a du mal à l'imaginer aujourd'hui : il incarnait, aux yeux de militants de gauche [...] l'idéal d'une libération face à ce qu'on appelait l'impérialisme américain», a noté l'ancien proche de François Mitterrand, tout en précisant qu'il restait très critique à l'égard du bilan du leader cubain en matière de droits individuels.
Le leader du mouvement «Les Insoumis», Jean-Luc Mélenchon, a de son côté livré un message ambiguë (et lyrique) sur Fidel Castro.
11h50 CET
Le président russe Vladimir Poutine, également, n'a pas manqué de rendre hommage à Fidel Castro : «Cet homme d'Etat émérite est à juste titre considéré comme le symbole d'une époque de l'Histoire moderne du monde», a indiqué le chef du Kremlin dans un communiqué cité par l'agence AFP, avant d'ajouter que le père de la Révolution cubaine était «un ami sincère et fiable de la Russie».
11h32 CET
Les funérailles de Fidel Castro auront lieu le 4 décembre à Santiago de Cuba (dans le sud du pays), ont annoncé samedi les autorités de l'île citées par l'agence AFP.
Durant cette semaine d'hommages nationaux, une procession avec les cendres de l'ex-président cubain traversera le pays durant quatre jours.
10h42 CET
Sur Twitter, le président socialiste du Venezuela Nicolas Maduro a appelé «tous les révolutionnaires du monde» à poursuivre l'héritage de Fidel Castro et à «reprendre le flambeau de l'indépendance, du socialisme, de la patrie humaine».
Le dirigeant vénézuélien en a profité pour rappeler les liens historiques et politiques étroits unissant le Cuba de Fidel et Raul Castro de son pays.
10h38 CET
Le président français François Hollande aussi a tenu à rendre hommage à Fidel Castro, le décrivant comme «une figure du XXe siècle» qui a su «représenter pour les Cubains la fierté du rejet de la domination extérieure». «Il avait incarné la révolution cubaine, dans les espoirs qu'elle avait suscités puis dans les désillusions qu'elle avait provoquées», a néanmoins indiqué le locataire de l'Elysée, avant de saluer le rapprochement américano-cubain de ces dernières années : «La France, qui dénonçait les atteintes aux droits de l'homme, avait toujours contesté l'embargo imposé par les Etats-Unis à Cuba. Elle s'était félicitée de son ouverture et du dialogue qui s'était rétabli entre les deux pays.»
10h32 CET
L'ex-dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev a rendu hommage au père de la Révolution cubaine, assurant à l'agence russe Interfax que celui-ci avait «résisté et fortifié son pays au cours du blocus américain le plus dur, quand il y avait une pression monumentale sur lui».
«Il a pu [...] mener son pays sur la voie du développement indépendant», a-t-il ajouté.
Souffrant de graves problèmes intestinaux, le «Lider Maximo» s'est éteint le 25 novembre à La Havane, à l'âge de 90 ans. Icône de la révolution cubaine, et plus globalement de la lutte contre «l'impérialisme» américain et occidental, Fidel Castro avait chassé le dictateur Fulgencio Batista en 1959, puis dirigé le pays jusqu'en 2006, date a laquelle il s'était retiré de la vie politique pour des raisons de santé, confiant le pouvoir à son frère cadet Raul.
Entreprenant de réformes sociales d'envergure durant ses premières années à la tête du pays (telles que l'instauration d'un système de santé universel ou la lutte contre l'analphabétisme), il n'a eu de cesse, en outre, de s'opposer à l'extension de la puissance américaine dans le monde. Durant les dernières années de sa vie, l'ex-leader révolutionnaire a tenu à mettre en garde ses concitoyens contre le renoncement à la «gloire» et aux «droits» du peuple cubain auquel pourrait conduire un trop grand renforcement des liens économiques entre Cuba et les Etats-Unis.
Egger Ph.