dimanche 26 novembre 2017

Écriture inclusive, pourquoi me persécutes-tu ?




L’égalité syntaxique entre les hommes et les femmes est l’occasion, pour certains, d’avancer des propositions dont l’inanité force l’admiration. Ou comment discuter sur le sexe des anges. Mais pourquoi s’arrêter à ces créatures célestes et ne pas s’attaquer au degré supérieur, à savoir Dieu en personne ?

Voue en rêviez, l’Église évangélique luthérienne de Suède l’a fait qui, « depuis de longues années [se demande] si Dieu est un homme ou une femme. Un débat qui a été clôturé jeudi 23 novembre », rapporte le quotidien suédois Svenska Dagbladet. En effet, « la direction de l’église suédoise a décidé de ne plus parler de Dieu comme s’il était un homme » (Valeurs actuelles).

Conclusion : « Il conviendra dorénavant d’utiliser le pronom personnel neutre “hen” adopté par le pays en 2015, au nom de l’égalité des genres. »

La foi étant elle aussi devenue victime de la mode, pour faire plus inclusif, la formule « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » sera remplacée par « Au nom de Dieu, le Trinitaire ».

Ça risque d’être coton car, selon le Symbole de saint Athanase, « nous vénérons un Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’Unité, sans confondre les Personnes ni diviser la substance : autre est en effet la Personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit ; mais une est la divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, égale la gloire, coéternelle la majesté ».

Certes, dans l’imaginaire chrétien, Dieu est masculin – voir la fresque de La Trinité, de Masaccio, dans l’église Santa Maria Novella, à Florence –, mais ce n’est qu’une représentation symbolique, et anthropologique, car Dieu ne saurait être réduit à un vieil homme barbu.

Que faire, alors, de l’expression « Fils de l’Homme », plusieurs fois prononcée par Jésus et évoquant son origine à la fois divine et humaine ? C’est ce qu’on appelle l’union hypostatique. Si l’on refuse l’image symbolique d’Homme à Dieu, Jésus sera le Fils de qui ?

À ce compte-là, il faudrait aussi respecter les susceptibilités des peuples et bannir le mot « Légion » de la bouche du possédé (Marc, chapitre 5), puisque le choix de ce terme renvoie aux légions romaines qui occupaient la Galilée. Ce qui n’est pas gentil pour les Italiens !

Décidément, la Suède, « le meilleur pays du monde où vivre en tant que femme » (Madame Figaro), est à la pointe du ridicule lorsqu’il s’agit de parité, comme lorsqu’une actrice suédoise propose, suite à plusieurs agressions sexuelles au cours d’un festival – tout n’est donc pas idéal chez ABBA –, d’en organiser un « vraiment sympa où seuls les « non-hommes » seraient les bienvenus » (L’Express).

Avec quelque 2.000 ans d’avance, le christianisme n’a d’ailleurs pas attendu l’écriture inclusive pour affirmer l’égalité des sexes : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ » (Paul, Épître aux Galates).

Au fait, Marie, vous allez la laisser tranquille, hein ?

Charles Demassieux