mardi 19 décembre 2017

Electricité: libéralisation totale du marché en vue



Le Département fédéral de l'environnement des transports de l'énergie et de la communication (DETEC) de Doris Leuthard prépare la libéralisation complète du marché de l'électricité. Le Conseil fédéral pourrait la dévoiler au second semestre 2018, explique le journal fribourgeois La Liberté dans son édition du 19 décembre.

Ce nouveau volet concernera les consommateurs nécessitant moins de 100'000 kilowattheure (kW/h) chaque année, soit les ménages et les petites et moyennes entreprises (PME). Ils pourront choisir leur fournisseur d'électricité, comme le font déjà les groupes qui brûlent plus de 100'000 kW/h par an.

Ouvrir le marché aux petits producteurs

L'administration fédérale estime que les ménages ne seront que peu concernés. «Vu leur faible consommation, d'environ 3500 kWh par an en moyenne, le gain se montera au mieux à une centaine de francs annuels.»

Le DETEC veut surtout ouvrir le marché aux petits producteurs, comme les maisons individuelles équipées de panneaux solaires. «A l'avenir, chaque client pourrait théoriquement compléter sa propre production avec de l'électricité achetée à un voisin, à une coopérative, etc.», explique-t-on à Berne.

Les services de Doris Leuthard espèrent également que l'ouverture du marché suisse donnera un coup de pouce décisif aux échanges transfrontaliers de courant avec les Etats de l'UE dans le cadre de l'accord sur l'électricité avec l'Union européenne. Qui est négocié depuis 2007 et toujours sans conclusion en vue...

Prudence des consommateurs

Les PME accueilleraient cette libéralisation avec bienveillance. «Les petites entreprises pourront également économiser, puisqu'il n'y aura plus besoin de consommer 100'000 kW/h au minimum par année pour avoir le droit de choisir les fournisseurs les plus avantageux», a expliqué Patrick Eperon du Centre patronal.

Les consommateurs se montrent moins enthousiastes. Cette libéralisation ne concernerait que la composante «énergie» du prix de l'électricité, et non celle du réseau qui reste sous monopole. Le petit consommateur n'aurait donc pas grand-chose à en attendre, a estimé Laurianne Altwegg, responsable énergie à la Fédération Romande des Consommateurs (FRC). Un ménage ne devrait ainsi épargner que quelques dizaines de francs sur une facture de 1000 francs.

Avertissement des partis de gauche

Les partis de gauche, qui ont déjà combattu avec succès la libéralisation du marché de l'électricité en 2002, ne veulent toujours pas en entendre parler. «Cela minera la partie de la branche qui se porte bien aujourd'hui», s'est inquiété le Vaudois Roger Nordmann, chef du groupe socialiste aux Chambres.

Il craint que les producteurs suisses ne soient incapables de couvrir leurs coûts de revient avec les prix du marché libre. «Nous combattrons par référendum toute libéralisation à la hussarde», a prévenu le conseiller national.

Dans ce cas, il pourrait compter sur le soutien de l'Association des entreprises électriques (AES). Cette dernière pense que les entreprises investiront moins dans le développement des énergies renouvelables en cas de libéralisation, car ces investissements ne seront plus garantis.

L'Office fédéral de l'énergie (OFEN) reste prudent. «Notre analyse confirme que la sécurité de l'approvisionnement peut être assurée à moyen et à long terme par des mécanismes de marché, mais rien n'a encore été décidé au sujet des travaux futurs», a-t-il précisé au journal fribourgeois.