8 ans après l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, qui avait fait 11 morts et provoqué une marée noire sur 180 000 mètres carrés, Donald Trump souhaite instaurer les forages dans 90 % des eaux littorales américaines. Une mesure qui menace la nature, les animaux et le tourisme.
Le 20 avril 2010, la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon explose dans le golfe du Mexique, après de nombreuses années de bons et loyaux services dans le domaine du forage. 780 millions de litres de pétrole sont déversés dans l’océan, 11 personnes sont tuées et 400 espèces (dont des baleines, des dauphins, des oiseaux…) sont menacées par l’immense marée noire qui se répand à une vitesse alarmante. La compagnie pétrolière britannique BP, quant à elle, s’acquitte de 61,6 milliards de dollars. Si la fuite est colmatée le 19 septembre par le gouvernement fédéral américain, l’explosion du Deepwater Horizon n’en reste pas moins une catastrophe écologique sans précédent dans l’histoire des États-Unis.
Suite à l’incident, le président de l’époque, Barack Obama, renforce les réglementations concernant les forages pétroliers en mer. Et lors de ses dernières semaines au pouvoir, il verrouille un peu plus les autorisations, au point d’interdire tout nouveau forage pétrolier dans de nombreuses zones de l’Océan Arctique. Si l’on sait que Barack Obama appartient désormais au passé, Donald Trump ne cesse de nous le rappeler. L’actuel président a en effet annoncé que, dès 2019, la quasi-totalité des gisements en mer de pétrole et de gaz du pays pourront être exploités. Une déclaration qui met en rogne les plus fervents défenseurs de l’environnement.
Trump, accompagné de son ministre de l’Intérieur Ryan Zinke, a récemment annoncé que 47 nouvelles autorisations de forage seront accordées dès 2019, sur une période de 5 ans. L’Alaska, la Californie, et la Floride seront particulièrement touchées par cette nouvelle mesure, qui concerne tout de même 90 % des eaux côtières ! Selon les autorités du pays, ces zones appartenant aux États-Unis abriteraient 98 % des ressources encore inexploitées en pétrole et en gaz.
Des autorisations qui, forcément, arrangent l’Association américaine des producteurs indépendants de produits pétroliers : « Étendre l’accès à des réserves maritimes supplémentaires va permettre aux États-Unis de mieux savoir où sont les potentialités de production et où le capital doit être investi ». Ryan Zinke, quant à lui, affirme : « Avec le président Trump, nous serons la super-puissance la plus forte car nous en avons les moyens ». Il indique également que cette proposition pourrait faire gagner des milliards de dollars au gouvernement fédéral.
Enfin, l’institution traitant de la question énergétique dans le monde, qui dépend de la Chambre de commerce des États-Unis, a loué la mesure dans un communiqué : « Ces autorisations déverrouillent l’immense potentiel de l’énergie américaine et développent notre capacité à exporter du pétrole et du gaz à nos alliés du monde entier ». Et de continuer « Cela va aider les États-Unis à renforcer leur rôle en tant que superpuissance énergétique ».
Ryan Zinke
À la tête de l’opposition ? Le Sierra Club, une association américaine écologiste fondée en 1892, suivie par 60 ONG. L’organisation déclare : « L’expansion des forages offshore rencontre une forte opposition émanant des représentants des deux partis (républicain et démocrate), des communautés littorales tout comme des gouverneurs d’État du New Jersey, de la Caroline du Nord et du Sud, de la Virginie et de la Floride ».
Il faut dire que Rick Scott, gouverneur républicain de Floride, état fortement touché par les potentiels forages qui prendront place sur ses deux côtes, dénonce avec ferveur le projet de son camarade Donald Trump : « J’ai tout de suite demandé à rencontrer le secrétaire Zinke pour discuter des préoccupations soulevées par ce projet et de la nécessité de retirer la Floride de la liste ». La sénatrice du New Hampshire, de son côté, a tweeté : « Le forage offshore a causé certaines des plus grandes catastrophes causées par l’Homme ».
Le Sierra Club accuse ensuite : « Plutôt que d’écouter les gens qu’ils sont censés servir, Trump et Zinke écoutent les industriels qui ont financé leur campagne et composent leur administration ». L’organisation continue : « Ces eaux ne sont pas le terrain de jeu personnel de M. Trump. Elles appartiennent à tous les Américains et les gens les veulent préservées et protégées, pas vendues à des multinationales du pétrole ».
La Floride, particulièrement menacée par les futurs forages de Donald Trump
Pour défendre leur cause, les 60 ONG qui dénoncent la mesure prise par Trump mettent en avant des arguments irréfutables, accusant les nombreux forages mis en place par le passé.
Selon les propos rapportés par les Échos, l’industrie du pétrole menacerait le secteur du tourisme, comme lors de la marée noire de 1969 au large de Santa Barbara. Kristen Hislop, officiant au Centre de défense environnementale de Santa Barbara, affirmait sur le site de NBC : « Vous marchez sur la plage et vous vous souvenez du pétrole dans le sable et l’eau, ainsi que des oiseaux et des poissons morts ».
Clean Energy, une autre des ONG opposées à Trump, avance que le forage provoque « le deuxième bruit artificiel le plus fort des océans et peut être entendu jusqu’à 4000 km », ce qui provoquerait « une baisse de 40 à 80 % des prises locales de poissons ».
Tout semble tourné contre Trump donc. Si l’argument économique est valable, il n’en reste pas moins insuffisant face aux conséquences que pourraient provoquer ces nouvelles autorisations de forage. Lors d’une conférence de presse, Ryan Zinke a tout de même déclaré que « rien n’était définitif. C’est une ébauche de programme. Les États, les communautés locales et les délégations du Congrès auront toutes quelque chose à dire ». Quant aux citoyens américains, ils pourront commenter la mesure en se rendant sur le site du Bureau of Ocean Energy Management du 3 juillet au 17 août 2018.
Les poissons sont fortement affectés par le forage