Porte d’entrée vers la Basse-ville depuis le Moyen-Âge, la place du Pertuis avait perdu ce rôle à partir des années 1950, époque à laquelle la priorité était donnée au trafic automobile. La requalification du Pertuis voulait redonner au lieu son caractère de place de quartier, en introduisant une zone de rencontre pour la population et en favorisant la mobilité douce.
Concrètement, plusieurs changements ont été apportés: les arrêts de bus ont été déplacés de quelques mètres et la fontaine du Sauvage, qui avait été démontée pour être restaurée, a aujourd’hui retrouvé sa place au centre du Pertuis, là où elle se trouvait à l’origine.
Ce réaménagement s'inscrit dans une politique de dissuasion du trafic en Basse-ville, afin de limiter, selon la Ville de Fribourg, les nuisances pour les habitants et les dégradations des bâtiments.
D'autres modifications ont également été réalisées le long de la rue de la Neuveville: des pavées ont été posés, et des arbustes ont été plantés pour inciter les véhicules à réduire leur vitesse.
Le site du Pertuis avant le 19e siècle
Entre Ville-haute et Basse-ville de Fribourg, ce site chargé d’Histoire fut peut-être occupé dès les temps préhistoriques, mais les preuves archéologiques manquent pour le confirmer.
Le pied de la falaise, exposé au sud à l’abri de la bise et possédant des sources, constituait un site privilégié pour l’habitat humain.
Sources et Bains
On sait peu de choses de ce vaste espace situé extra-muros, lors de la fondation de la ville en 1157. Il sera intégré à la cité fortifiée après la construction des remparts de la Neuveville dans la 2e moitié du 14e siècle. Le « Pertuis » était une des portes de ce rempart, ouverture vers l’ouest que l’on peut situer près de l’actuelle station inférieure du funiculaire, au début de la Route Neuve.
La présence des sources permit de créer à cet endroit des bains publics. L’étuve de la Grand-Fontaine puis celle du Pertuis, sont mentionnées dans des documents d’archives dès 1355 et 1384.
Dès le 16e siècle, les bains publics fribourgeois déclinèrent puis, après l’intervention d’hommes d’église et du gouvernement, furent progressivement fermés à cause de problèmes d’hygiène et de mœurs. Seul les bains inférieurs du Pertuis, nommés plus tard Bain des Trois Suisses, furent entièrement rénovés en 1841, et survécurent jusqu’à la fin du siècle.
Fin 19e siècle, la Grotte du Pertuis : Temple de la Loge maçonnique de Fribourg
C’est sans doute vers la moitié du 19e siècle, que la grotte du Pertuis fut creusée dans la falaise de molasse que surplombe la rue des Alpes.
En 1877, les Francs-maçons fribourgeois reconstituèrent une Loge, après celle de 1758 et de 1851. Ils acquirent une propriété au bas de la rue Grand-Fontaine avec maison, jardin et la grotte qu’ils transformèrent en temple. Des sommes importantes furent investies pour les travaux d’excavation, l’ameublement et la décoration soignée du temple avec portail de style orientalisant. Mais des difficultés internes entraînèrent la mise en vente de l’édifice.
Dans un contexte politique et religieux tendu, la Loge resta cependant active à Fribourg jusqu’en 1903.
Dès 1885 : la grotte devient chapelle
L’ancien temple maçonnique avait été vendu en 1885. Après tractations, des Franciscaines missionnaires de Marie rachèteront la propriété en 1888, pour accueillir des religieuses de retour de mission. Celles-ci modifièrent peu le temple et le transformèrent en chapelle. Elles conservèrent même le mobilier et certains ornements maçonniques reconvertis en signes chrétiens.
Des bâtiments conventuels annexes furent construits. Dans l’atelier de couture, travaillaient les religieuses venues d’horizons divers, et jusqu’en 1965, des ouvrières de la région fribourgeoise. La communauté quitta la grotte-chapelle, le couvent et ses jardins en 1973, après 85 ans de présence franciscaine.
Egger Ph.




