mercredi 17 juin 2009

Rome - Ambition et conquête

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Rome est une série télévisée américano-britannique-italienne en 22 épisodes de 52 minutes, créée par John Milius, William J. MacDonald et Bruno Heller.
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Cette série relate les événements ayant entraîné la chute de la République romaine et la naissance de l'Empire romain.

La première saison débute lorsque Jules César revient de Gaule à la fin de son mandat de proconsul, refuse de libérer ses légions selon l'ordre du Sénat, et s'apprête à franchir le Rubicon à la tête de ses légions et à marcher sur Rome. Dès lors, on suit les luttes de pouvoir entre Pompée et César, jusqu'à l’assassinat de ce dernier aux ides de mars en 44 av. J.-C.. La seconde saison se termine sur le suicide de Marc Antoine et de Cléopâtre en Égypte.

Les deux personnages principaux de l'histoire, le centurion Lucius Vorenus et le légionnaire Titus Pullo, de retour à Rome en ces temps agités, croisent et mêlent sans cesse leur destin avec les grands personnages de la Rome antique : Pompée, César, le jeune Octave — futur empereur Auguste — et sa mère, Atia Julii (Atia Balba Caesonia de son vrai nom), la vénéneuse nièce de César, Cicéron, Marc Antoine, Brutus, Caton le Jeune, Cléopâtre, etc.

Les deux légionnaires, Lucius Vorenus et Titus Pullo sont deux personnages anecdotiques cités dans les commentaires sur la Guerre des Gaules par Jules César . Ils y sont deux centurions rivaux qui se sauvent la vie à tour de rôle au combat.

La deuxième saison reprend le thème de la lutte de pouvoir entre Marc Antoine et Octave après l'assassinat de César. Y apparaissent des personnages tels que Mécène, Marcus Vipsanius Agrippa, Lépide, Césarion ou Hérode Antipas.
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Kevin McKidd
Lucius Vorenus
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Ray Stevenson
Titus Pullo
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De manière générale, même si le fil rouge de la série est la guerre civile entre les factions de Pompée et de César (saison 1), puis la lutte entre Marc-Antoine et Octave, (saison 2) le fait que l'on suive les deux plébéiens Vorenus et Pullo au lieu du point de vue d'un patricien montre que les créateurs de Rome se sont attachés à montrer l'Histoire sous un angle sensiblement différent, celui du petit peuple romain.

Le générique le montre bien en donnant vie, par le biais de l'infographie, aux graffitis semblables à ceux que les Romains laissèrent sur les murs de Pompéi, car c'est dans les ruelles sombres que se joue parfois l'histoire. C'est d'ailleurs le parti pris des créateurs de la série à savoir que la Rome antique devait être plus proche des rues de Calcutta que des stucs du Forum.
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Rome est la première série anglophone entièrement tournée dans un pays non-anglophone, l'Italie. C'est en effet dans les décors de Cinecittà qu'ont été constitués les décors, dont la reproduction fidèle du Forum. Mais une partie importante des décors a été détruite lors de l'incendie du 10 août 2007 des studios italiens Cinecittà, qui serait d'ailleurs l'origine de cette catastrophe.

Cette série a été lancée sous l'impulsion de la chaîne HBO en association avec la BBC. En effet, HBO, réputée pour ses séries atypiques, ayant rencontré un succès critique comme public, fait face à la concurrence de chaînes qui montent et qui lancent des projets tout aussi audacieux.
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HBO se lance alors dans une politique de mini-séries (une saison normale d'une série comporte 24 épisodes, ici, il n'y en a qu'une douzaine) à gros budget, aussi soignées que des films, dans le casting comme dans le décor. Rome en est un exemple. De plus, partager la production avec la chaîne britannique BBC permet de mettre un pied en Europe et surtout de partager les coûts et les risques.

Le budget de la série pour la première saison, comprenant douze épisodes, s'élève à 100 millions de dollars, auquel la BBC contribue pour un montant de 15 millions de dollars. Un record pour une série.

La bande originale est de Jeff Beal, déjà connu pour ses musiques des séries Monk et La Caravane de l'étrange.
Bien que Rome soit une série crédible dans sa reconstitution des mœurs romaines et faits historiques, un anachronisme apparait avec constance :

le papier, inventé en Chine au IIIe siècle av. J.-C., n'est utilisé en Europe que vers le XIe siècle, tandis que le papyrus, lui, l'est dans la Rome antique.

les scènes d'intérieur nocturnes sont souvent éclairées par une profusion de bougies dans la série, or celle-ci n'apparaissent, sous leur forme actuelle, qu'au Moyen-Age. Pour s'éclairer, les romains utilisaient la lampe à huile.
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Concernant les personnages :

Atia Julii est en fait inspirée d’Atia Balba Caesonia, nièce de Jules César et mère d'Octave.
Titus Pullo et Lucius Vorenus :

À la lecture de La Guerre des Gaules, de César, il est dit que Titus Pullo et Lucius Vorenus étaient en fait tous deux centurions, et grands rivaux dans leur volonté d'obtenir le grade le plus élevé au terme de chaque année. Toutefois, ils se sauvèrent mutuellement la vie à maintes reprises.
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Jules César dit de leurs exploits :

« Il y avait dans cette légion deux centurions d’une grande bravoure, qui approchaient des premiers grades, Titus Pullo et Lucius Vorenus. C’était entre eux une perpétuelle rivalité à qui passerait avant l’autre, et chaque année la question de l’avancement les mettait en violent conflit. Pullo, au moment où l’on se battait avec le plus d’acharnement au rempart, s’écria :
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« Pourquoi hésiter, Vorenus ? quelle autre occasion attends-tu de prouver ta valeur ? c’est ce jour qui décidera entre nous. » À ces mots, il s’avance hors du retranchement, et choisissant l’endroit le plus dense de la ligne ennemie, il fonce. Vorenus ne reste pas davantage derrière le rempart, mais craignant l’opinion des troupes, il suit de près son rival. Quand il n’est plus qu’à peu de distance de l’ennemi, Pullo jette son javelot et atteint un Gaulois qui s’était détaché du gros de l’ennemi pour courir en avant ; transpercé, mourant, ses compagnons le couvrent de leurs boucliers, cependant que tous à la fois ils lancent leurs traits contre le Romain et l’empêchent d’avancer. Il a son bouclier traversé d’un javelot qui se plante dans le baudrier de l’épée : ce coup déplace le fourreau, et retarde le mouvement de sa main qui cherche à dégainer ;
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tandis qu’il tâtonne, l’ennemi l’enveloppe. Son rival, Vorenus, accourt à son aide. Aussitôt, toute la multitude des ennemis se tourne contre lui et laisse là Pullo, croyant que le javelot l’a percé de part en part. Vorenus, l’épée au poing, lutte corps à corps, en tue un, écarte un peu les autres ;
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mais, emporté par son ardeur, il se jette dans un creux, et tombe. C’est à son tour d’être enveloppé ; mais Pullo lui porte secours, et ils rentrent tous deux au camp, sains et saufs, ayant tué beaucoup d’ennemis et s’étant couverts de gloire. La Fortune traita de telle sorte ces rivaux, qu’en dépit de leur inimitié ils se secoururent l’un l’autre et se sauvèrent mutuellement la vie, et qu’il fut impossible de décider à qui revenait le prix de la bravoure. »

Rien ne prouve que ces deux personnages aient appartenu à la XIIIe Légion, la Xe Légion ayant plus d'importance dans les écrits de César.

Par ailleurs, au contraire de certaines affirmations, ces deux personnages ne sont cités qu'une seule fois dans les VII livres de la Guerre des Gaules.

Enfin, quant au « Vol de l'Aigle », il n'en est fait mention nulle part, mais il est vrai que le Commentaire sur la Guerre des Gaules est avant tout une œuvre de propagande.
César apprend la mort de sa fille Julia. En réalité, elle disparaît en 54, c’est-à-dire deux ans plus tôt. Cette « erreur » peut s'expliquer par la nécessité pour les scénaristes d'introduire un motif de rupture entre César et Pompée.

Il régnait une forte endogamie à l'intérieur de ces familles patriciennes, toutes liées entre elles par des liens politico-matrimoniaux. Peu après la disparition de Julia, César, sans doute conscient de la nécessité de renforcer ses liens avec Pompée, tenta une nouvelle manœuvre qui se solda par un échec.

« Afin de rester le parent et l'ami de Pompée, il lui offrit la main d'Octavie, petite-fille de sa sœur, qui avait été mariée à Gaius Marcellus; et il lui demanda pour lui-même la main de sa fille, destinée à Faustus Sylla. »

Concernant Octavia, elle était mariée à Gaius Claudius Marcellus, un homme qui, loin d'être assassiné sur ordre d'Atia, est devenu consul en -50. C'était un pur « pompéien », cousin d'un autre Marcellus, auquel il avait succédé, qui en -51, avait illégalement tenté de rappeler César à Rome (une fois privé de son imperium, celui-ci aurait été une proie facile pour ses ennemis qui ne se seraient pas privés de le poursuivre en justice). Octavia, devenue veuve en -40, a épousé Marc Antoine.

« Octavien avait une sœur plus âgée que lui, mais d'une autre mère : elle était née d'Ancharia et lui, plus tard, d'Atia. Il aimait par dessus tout cette sœur qui était devenue un beau brin de femme. Elle avait épousé Gaius Marcellus qui était mort tout récemment et se trouvait donc veuve. »

De Gaius Marcellus, Octavia avait trois enfants, deux filles et un fils, Marcus. Il n'y a donc jamais eu de « Glabius » dans la vie d'Octavia.

Les âges respectifs des principaux protagonistes ne sont pas respectés : Cicéron et Pompée, nés en -106, sont sensiblement plus âgés que César tandis que Caton d'Utique né en -95, au contraire, loin d'être un vieillard, était de 5 ans son cadet.

Dans la série, quand César est tué, Octave est à Rome et influence de façon importante la stratégie du parti césarien. Mais le commentaire oral qui accompagne la série mentionne que, en réalité, Octave était alors en voyage d'études en Grèce ; il serait revenu dès que possible à Rome, mais il est sûr qu’il n’a pas joué, aussitôt après la mort de César, le rôle déterminant que lui prête la série.
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On note en particulier :
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1. le centurion qui déclare que sa famille (voir épisode 1) a combattu à Zama et Magnésie (-202 et -190)
2. Marc Antoine qui appelle Atia le « crucifix » de Vénus
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La titulature de Cléopâtre, telle qu'elle est énoncée à plusieurs reprises par divers personnages, est hautement fantaisiste : rien à voir avec « la sauge et le laurier » (c'est un effet de la post-synchronisation française, la version originale conservant la traduction littérale des deux signes qui introduisent, pendant la période pharaonique proprement dite, le nom de couronnement du roi : le roseau et l'abeille) ! Au-dessus du cartouche qui porte son nom à Dendérah, on peut lire (entre autres) « Maître(sse) du Double-Pays ». Les costumes et les perruques sont également fantaisistes.

La mort de Caton ne fut pas aussi sordide que nous le voyons dans le 9e épisode, mais elle fut certainement encore plus atroce comme le décrit Plutarque :

« Caton lui dit de fermer la porte et se recoucha comme pour reposer encore le reste de la nuit. Butas une fois sorti, il tira l’épée et se l’enfonça dans la poitrine ; mais, comme il se servit de sa main avec moins de vigueur à cause de son enflure, il ne se tua pas sur le coup. Il avait de la peine à mourir. Il tomba de son lit et fit du bruit en renversant un tableau de figures géométriques placé auprès. Aussi les serviteurs, qui s’en aperçurent, poussèrent-ils de grands cris ; et son fils et ses amis entrèrent tout de suite. En le voyant tout souillé de sang et presque toutes ses entrailles tombées à terre, mais respirant encore et les yeux ouverts, tous furent épouvantés, et le médecin qui survint tentait de remettre en place les entrailles restées indemnes, et de refermer la plaie. Mais lorsque Caton, reprenant ses sens, s’aperçut de cette tentative, il repoussa le médecin, déchira ses entrailles de ses mains, et, rouvrant sa blessure, il mourut. »

La série montre Cicéron relativement tranquillement installé dans une de ses villas au moment de son assassinat.
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Mais « Peu avant l'arrivée des triumvirs, Cicéron avait quitté la ville ; il tenait pour assuré et il avait raison - qu'il ne pourrait échapper à Antoine, pas plus que Cassius et Brutus ne le pourraient à César. Il avait d'abord cherché refuge dans son domaine de Tusculum ; puis, par des chemins de traverse, il part pour celui de Formis, avec l'intention de s'embarquer pour Gaète. De là il voulut gagner le large à plusieurs reprises, mais tantôt les vents contraires le ramenèrent à la côte, tantôt il ne pouvait supporter les mouvements du navire que remuaient des lames de fond.
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Finalement, il faut saisi du dégoût de fuir autant que de vivre, et il revint à sa villa sur la hauteur, située à un peu plus d'un mille de la mer. "je mourrai, dit-il, dans ma patrie que j'ai si souvent sauvée." On sait de sources sûre que ses esclaves étaient prêts à combattre pour lui avec courage et fidélité, mais qu'il leur ordonna de poser sa litière et de supporter avec calme les contraintes d'un sort inique. Il se pencha hors de sa litière et tendit sans bouger sa nuque aux assassins qui lui coupèrent la tête. Et ce ne fut pas assez pour la stupide cruauté des soldats :
ils lui coupérent aussi les mains, leur reprochant d'avoir écrit contre Antoine. Alors sa tête fut apportée à Antoine et, sur son ordre, placée entre les deux mains sur les rostres où, comme consul, où souvent, comme consulaire, où, cette année encore, en se dressant contre Antoine, il avait suscité par son éloquence une admiration que jamais voix humaine n'avait égalée. C'est à peine si les passants en pleurs pouvaient lever les yeux pour contempler les membres mutilés de leur concitoyen.
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Les scénaristes font l'impasse sur tous les événements qui ont précédé les Ides de Mars, culminant dans la scène des Lupercales (provocation des conspirateurs ou tentative de faire couronner César ?) au cours de laquelle César repoussa trois fois la couronne royale que lui présentait Marc Antoine, privilégiant les intrigues privées entre Atia et Servilia. Il est à noter qu'aucun auteur ne fait mention d'une rupture entre César et Servilia, il semble que leurs relations aient été à tout le moins amicales jusqu'à la fin, bien qu'elle fût très liée avec les principaux conspirateurs (Brutus était son fils et Cassius son gendre).

Il n'est pas précisé dans l'intrigue que Servilia était la demi-sœur de Caton d'Utique, ennemi de César !

Tous les auteurs classiques ayant décrit l'assassinat de César s'accordent sur un point, cela s'est passé au pied de la statue de Pompée, en ce « locus sceleratus » qu'Octave fit murer par la suite (en -32). Le Sénat se réunissait en ce temps-là au théâtre de Pompée, l'ancienne Curie ayant brûlé en -52. Il est étonnant que les réalisateurs aient négligé cet élément d'un certain intérêt dramatique, surtout si l'on pense que c'est César lui-même qui fit relever les statues de Pompée.
Seul Suétone fait mention de la fameuse phrase « toi aussi mon fils » et encore en précisant qu'il rapporte des on-dit. La phrase n'est d'ailleurs pas prononcée par le César de la série, pas plus que le fameux « Alea jacta est », au passage du Rubicon. Tous les auteurs précisent que César eut le réflexe de se couvrir la tête avec un pan de sa toge afin que nul ne le voie mourir.
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Contrairement à l'acteur Ciarán Hinds, qui campe un personnage extrêmement crédible par ailleurs, César souffrait, semble-t-il, de sa calvitie précoce et ramenait ses cheveux vers l'avant pour la dissimuler autant qu'il le pouvait, au point que Cicéron s'en amusait publiquement :
« « ...mais quand je regarde ses cheveux si artistiquement arrangés, quand je le vois se gratter la tête du bout du doigt, je ne puis croire qu’un tel homme puisse concevoir le dessein si noir de renverser la république. » »

Le supposé fils naturel de Pompée, Quintus, dont on est habilement amené à penser qu'il fut l'instigateur du complot contre César, n'a jamais existé. Pompée a eu de Mucia sa troisième femme (une des maîtresses de César s'il faut en croire Suétone) deux fils : Cnaeus Pompée le Jeune et Sextus. Cnaeus a été tué en Espagne en -45, peu après la bataille de Munda (dont il n'est pas fait mention dans la série) et Sextus a été exécuté sommairement en -35 par un nommé Marcus Titius, légat de Marc Antoine.

Le feuilleton laisse penser que Pompée s'est fait assassiner noblement, d'un coup propre et net; la réalité n'est pas si simple :

« Cependant Magnus, sous les coups sonores frappant son dos et sa poitrine, avait conservé la noble dignité de sa beauté auguste; son visage ne marquait que de l'irritation contre les dieux; les derniers instants n'avaient rien altéré de l'expression ni des traits du héros; c'est le témoignage de ceux qui virent sa tête tranchée. Car le cruel Septimius invente, dans l'accomplissement même du crime, un crime plus grand encore : il arrache le voile qui couvrait la face auguste de Magnus expirant, il saisit la tête qui palpite encore et place en travers sur un banc de rameur le cou qui s'affaisse. Alors il tranche muscles et veines, il brise les vertèbres, longuement ; ce n'était pas encore un art de couper une tête d'un coup circulaire de l'épée. Mais dès que la tête tombe séparée du tronc, le satellite du roi de Pharos revendique le droit de la porter de sa main. Romain dégénéré, soldat bon pour les seconds rôles, ton épée sacrilège tranche l'auguste tête d'un Pompée, pour qu'un autre la porte ? Ô destin de la dernière ignominie ! Pour qu'un enfant impie reconnaisse Magnus, cette chevelure hérissée, objet de la vénération des rois, ornement d'un front généreux, une main la saisit et, sur une lance de Pharos, tandis que la face vit encore et que des râles agitent la bouche en un dernier murmure, tandis que les yeux encore dévoilés se figent, on plante cette tête qui, commandant la guerre, chassait la paix du monde; c'est elle qui agitait les tribunaux, le Champ de Mars, la tribune; c'est sur ces traits, ô Fortune de Rome, que tu te plaisais à te contempler. Ce n'est même pas assez pour l'infâme tyran d'avoir vu ce spectacle, il veut qu'il reste un témoignage du crime. Alors, par un art maudit, on enlève le pus de la tête, on vide la cervelle, on sèche la peau, et, quand on en a épuisé toute l'humeur corrompue, on y verse un suc qui raffermit la face. »

Atia, la mère d'Octave étant morte en -43, elle ne pouvait assister au triomphe de son fils en -27 comme le montre le feuilleton.
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L'introduction de la série présente à tort Rome comme divisée entre patriciens (descendants des plus anciennes familles romaines) et plébéiens : ce clivage correspond bien mieux aux IVe et IIIe siècle av. J.-C. qu'au Ier siècle av. Dans ce contexte de guerre civile, l'opposition a lieu entre les populares (favorables aux réformes gracquiennes du IIe siècle, en général au peuple) et ceux que Cicéron appelle les optimates, que les historiens modernes nomment les conservateurs. Il faut donc bien distinguer ces deux catégories qui ne se recoupent pas obligatoirement (César est d'origine patricienne, et pourtant il est popularis). La série montre d'ailleurs mieux cette division que l'introduction n'en donne l'impression, puisque Lucius Vorenus est à l'origine opposé à César bien qu'il soit lui-même plébéien.

Il est montré à plusieurs reprises de courtes scènes de théâtre burlesque. Cette forme de théâtre « populaire », assez crue, existait (sur des édifices en bois). En revanche, il est peu probable, même si l'on est loin du rigorisme grec, qu'il y ait eu des actrices sur les planches. Les rôles féminins étaient en général dévolus à des acteurs masculins que l'on travestissait.
Dans le 8e épisode, Cléopâtre fume de l'opium, dont elle est dépendante. L'opium n'était pas connu dans l'antiquité gréco-romaine.

Dans le 9e épisode, Octave, qui est un des personnages les plus perspicaces de la série, est présenté comme un déiste à la manière de Baruch Spinoza, refusant l'existence du panthéon anthropomorphe au profit d'un seul principe universel. Il évoque l'existence possible d'une cause première, ce qui peut parfaitement faire référence à son intérêt pour la philosophie grecque, présenté par la série dans les épisodes antérieurs. Le terme évoque en particulier l'oeuvre d'Aristote et n'a dès lors rien d'anachronique.

Les Romains ne pratiquaient pas la circoncision. Même les juifs à cette période ne la pratiquaient pas complètement.

Pour les amateurs d'art romain : attention aux détails ! Dans plusieurs épisodes, lors des scènes restituant les intérieurs des riches maisons romaines (maison d'Atia, notamment), on aperçoit des peintures murales appartenant au 3e style pompéien (classification traditionnelle de la peinture murale romaine). Or ce style, qui se caractérise par des éléments raffinés et délicats, souvent sur fond sombre (parfois même noir), et par l'absence de perspective architecturale simulée, n'apparaît que vers -15 av. J.-C., sous le Principat d'Auguste. On entrevoit également dans la maison de Servilia des fresques de IVe style, qui apparaissent sous le règne de Néron (ici, aplats de couleur occupés par une figure libre). Cependant, la série a parfaitement réussi à restituer l'ambiance de luxe propre à ces riches maisons, et dont témoignent par exemple les vestiges de Pompéi. Autre détail : lors des scènes montrant le vieux forum romain dans la saison 1, on aperçoit à plusieurs reprises un arc de triomphe dont la typologie est plus que proche de celle du célèbre arc de Titus, construit par l'empereur Domitien à la mémoire de son frère et daté vers... 80 apr. J.-C.

Dernier épisode, saison 2, vers la 30e minute. Petit détail amusant. Lorsque Octave fait son entrée dans le palais de Cléopâtre, on distingue très nettement, à gauche de la porte, une inscription hiéroglyphique comportant deux cartouches. De droite à gauche, ces deux cartouches se lisent "roi de Haute et de Basse Égypte, Ousermaâtrê-Setepenrê (graphie un peu spéciale
La série a été abandonnée en raison de l'important coût des épisodes et ce, malgré son succès international.
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Voici les 6 épisodes de Rome (Ambition & Conquête) qui retrace la réalité de Rome
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Egger Ph.