lundi 30 novembre 2009

Un téléphone mobile éteint peut trahir les secrets d’une réunion, mais il y a une parade...

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Un téléphone mobile éteint, posé sur la table d’une réunion, peut être actionné à distance pour écouter ce qui se dit. Pour rendre "sourds" ces appareils communicants, une parade a été trouvée, selon Alain Hurst, de la Direction des applications militaires du CEA.

"Les téléphones portables actuels disposent quasiment tous d’un mode d’écoute discrète activable par un code informatique que les opérateurs de téléphonie peuvent envoyer sans que le possesseur du portable s’en rende compte", explique à l’AFP ce responsable de la sécurité informatique pour le pôle Défense du CEA.

La plupart des téléphones modernes "sont activables à distance", notamment "pour qu’on puisse mettre les portables sur écoute" sur demande d’un juge, une fonctionnalité qui peut aussi servir à des "utilisateurs malveillants", ajoute-t-il.

Donc, "il y a un risque qu’un téléphone portable soit utilisé comme micro-espion, un peu n’importe où", précise cet expert.

Même éteint, un téléphone mobile "continue à être actif", la connexion n’est pas interrompue. Pour l’éteindre vraiment, il faut enlever la batterie, lors des "réunions sensibles", dit-il.

Pour protéger la confidentialité de réunions, dans le domaine militaire, mais aussi des secrets industriels, il est actuellement recommandé d’enlever les batteries ou de laisser le téléphone à l’extérieur de la salles. Des petits coffres pour ranger les mobiles sont mis à la disposition des participants.

Mais ces mesures de sécurité posent un problème, car un responsable en réunion peut avoir besoin d’être joignable. De plus, enlever sa batterie oblige à refaire ensuite des réglages d’horloge et autres paramètres.

D’où la nécessité de trouver une autre parade au risque d’écoutes. L’objectif est, selon M. Hurst, de faire "quelque chose de facilement utilisable pour que les gens acceptent mieux une contrainte de sécurité".

"Comme on ne peut pas couper le micro et couper l’alimentation d’un téléphone portable facilement, l’idée c’est d’empêcher les ondes sonores d’arriver au micro, en l’enfermant dans une boîte atténuant le son", poursuit-il.

On peut aussi brouiller le son ou le remplacer par autre chose, une musique par exemple, ajoute-t-il, précisant que le CEA a déjà déposé un brevet protégeant son concept qui s’inspire des casques anti-bruits.

Des contacts ont été pris avec un industriel pour développer un prototype.

L’idée est d’associer mousse ou autre matériau d’isolation acoustique, en enfermant le téléphone dans une "pochette pratique", un étui compact muni d’une lampe qui pourrait s’allumer pour signer l’arrivée d’un appel.

Le propriétaire du mobile pourrait alors sortir de la salle de réunions pour prendre son appel.

"Au début on avait imaginé de faire des pochettes empêchant les ondes électromagnétique de passer, donc le téléphone portable d’émettre", mais certains mobiles seraient capables d’enregistrer le message et le réemettre plus tard. "Donc, il vaut mieux couper le son que couper la communication", résume M. Hurst.

Le prix du boîtier assourdissant "ne devrait pas être trop onéreux", proche de celui des "petits coffres" actuels, soit autour de cent euros, selon M. Hurst qui espère que le projet aboutira "le plus rapidement possible".
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Egger Ph.