lundi 30 novembre 2009

Votations : nouvel échec cinglant des antimilitaires

.


En refusant par 68,2% des voix l'initiative populaire contre l'exportation de matériel de guerre, la population suisse a une nouvelle fois infligé un échec cinglant au GSsA. L'industrie suisse de la défense est préservée.

C'est le 21 septembre 2007 que le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA) a déposé son initiative populaire visant à interdire l'exportation de biens d'équipements pouvant être utilisés à l'instruction comme à l'engagement par des forces armées, sommairement et faussement dénoncée comme un « commerce de mort ».

Refusée nettement au Parlement par 131 voix contre 63 au Conseil national, respectivement 35 voix contre 7 et 3 abstentions au Conseil des États, cette initiative a subi un échec tout aussi net dans le votation populaire de ce jour, avec l'opposition de 68,2% des votants et de la totalité des cantons. La participation, importante, s'est élevée à 54%.


Une opposition constante

Il va de soi que l'aspect économique a joué un rôle-clef dans le verdict des Suisses : prévoir la suppression de milliers d'emplois rentables n'est pas exactement un message attractif, notamment lors d'une période de récession. Par ailleurs, malgré la campagne émotive des initiants et le reproche fait à l'industrie de l'armement de produire des « armes de mort », l'examen à tête reposée du sujet montre que le Suisse exporte avant tout ses armes à des pays démocratiques et contribuant à la paix dans le monde. Les faux cadavres que les pacifistes ont jeté en pâture au regard des Suisses symbolisent avant tout les victimes de l'inaction des États et de leurs armées, puisque les mouvements non-étatiques sont aujourd'hui nettement plus meurtriers.

Le maintien d'une capacité d'armement nationale est un argument qui a également porté : la perspective d'être entièrement dépendant de l'étranger pour la production de tout équipement militaire, alors que les grands systèmes d'armes sont déjà achetés au-delà de nos frontières, va en effet à l'encontre de l'idée de neutralité armée et d'indépendance nationale qui reste chère à une majorité de la population. Bref, l'auto-démantèlement de l'industrie de l'armement suisse n'aurait guère eu d'effet positif, et aurait au contraire entraîné des pertes significatives pour le pays sur le plan politique comme économique. Nos concitoyens ne sont pas prêts à s'engager dans une démarche au mieux utopique, au pire suicidaire.

Cette opinion des Suisses sur le plan de la défense nationale est stable : les adversaires de l'armée et de la sécurité du pays ont en effet enregistré aujourd'hui leur 8e échec en 20 ans de votations populaires sur ce thème. Il faut en effet revenir sur les scrutins passés pour voir l'opposition constante de la population suisse face à toute initiative visant à démanteler l'armée et à dégrader ses conditions-cadres :

•Le 24 février 2008, l'initiative populaire 'Contre le bruit des avions de combat à réaction dans les zones touristiques'a été rejetée par 68,1% des votants(participation 38,74%) ;

•Le 2 décembre 2001, l'initiative populaire 'Pour une politique de sécurité crédible et une Suisse sans armée' a été rejetée par 72,1% des votants (participation 37,93%) ;

•Le 26 novembre 2000, l'initiative populaire 'Economiser dans l'armée et la défense générale - pour davantage de paix et d'emplois d'avenir (Initiative en faveur d'une redistribution des dépenses)'a été rejetée par 62,4% des votants (participation 41,71%) ;

•Le 8 juin 1997, l'initiative populaire 'Pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre'a été rejetée par 77,5% des votants (participation 35,47%) ;

•Le 6 juin 1993, l'initiative populaire '40 places d'armes ça suffit!- L'armée doit aussi se soumettre à la législation sur la protection de l'environnement'a été rejetée par 55,3% des votants, alors que l'initiative populaire ‘Pour une Suisse sans nouveaux avions de combat' a été rejetée par 57,2% des votants (participation 55,58%) ;

•Le 26 novembre 1989, l'initiative populaire 'Pour une Suisse sans armée et pour une politique globale de paix' a été rejetée par 64,4% des votants (participation 69,18%).
Cette constance réjouissante pour l'avenir du pays rappelle que l'après-guerre froide n'a pas tardé à consacrer l'échec de l'idéologie pacifiste, à laquelle l'évolution des conflits armés a fait perdre son sens. Devenu une impressionnante « machine à perdre » électorale, le GSsA doit cependant être loué pour la régularité avec laquelle il amène la classe politique comme la population à débattre des enjeux de sécurité, et à prendre des décisions conformes à l'intérêt du plus grand nombre. Il ne suffit toutefois pas de rejeter des initiatives aux conséquences extrêmes pour trouver un dénominateur commun et fonder un consensus en matière de politique de sécurité : c'est ce dernier aspect qui est aujourd'hui le vrai défi stratégique à relever pour la prochaine décennie.
.
Lt col EMG Ludovic Monnerat