mardi 1 décembre 2009

la Saint-Nicolas (6 décembre)

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L'origine de saint Nicolas

Saint Nicolas est né à la fin du IIIe siècle en Lycie (sud de l'actuelle Turquie). Il était évêque de Myre. C'était un homme réputé pour sa bonté. Mais dans les faits, rien ne le prédisposait à devenir le saint homme qui distribue des cadeaux aux enfants...

Lors des Croisades, on a retiré ses reliques de l'église de Myre pour les transporter à Bari, en Italie. Un chevalier lorrain aurait aussi récupéré une de ses phalanges. A cette époque, il était fréquent de recueillir des reliques de saint... et l'authenticité importait peu ! Il l'offrit à l'église de Port. Devenue lieu de pélerinage, la ville est alors rebaptisée Saint-Nicolas-de-Port. Ce brave homme devient le saint patron de la Lorraine. En 1477, le duc de Lorraine, René II, lui attribue sa victoire contre Charles le Téméraire, qui trouve la mort à Nancy.

Saint Nicolas a réalisé plusieurs miracles, comme celui d'avoir resuscité trois enfants. Une chanson populaire raconte l'histoire de trois petits enfants partis glaner dans les champs... A la nuit tombée, perdus, il frappent à la porte d'un boucher. A peine entrés, il les tue, les découpe et les met au saloir... Sept ans plus tard, saint Nicolas passant par là, leur redonne la vie...

Saint Nicolas devient alors le protecteur des enfants. C'est aussi le saint patron des jeunes hommes non mariés. Saint Nicolas est aux garçons ce que sainte Catherine est aux jeunes filles. C'est aussi le patron des navigateurs : il a contribué à sauver des équipages de la tempête.


Date

On connaît peu de choses de la vie de l'homme qui allait devenir Saint-Nicolas, sinon qu'il est né en 271 an Asie Mineure. Il fut consacré évêque de Myre, fut persécuté et mourut un 6 décembre.


Origine

Saint-Nicolas, patron et protecteur des enfants, est donc fêté comme tel le 6 décembre. C'est la fête de l'un des saints les plus populaires du calendrier chrétien. Il est considéré comme l'équivalent du Père Noël dans certaines régions d'Europe comme la Belgique, les Pays-Bas, ou encore une partie de la Suisse.

Bien que dans certaines régions d'Europe on célèbre donc encore traditionnellement sa fête le 6 décembre, Saint-Nicolas, sous les traits du Père Noël ou Santa Claus, est aujourd'hui associé à la période de Noël.


Symboles

Dans certains pays comme l’Allemagne, la Belgique ou encore certaines régions de la Suisse, il n’est pas besoin d’attendre le 25 décembre pour pénétrer dans le monde du merveilleux. Le bon Saint-Nicolas, recouvert du manteau épiscopal et portant la crosse, passe pour donner des cadeaux aux enfants. La punition pour les enfants qui n’ont pas été sages est confiée à son célèbre acolyte, le père Fouettard, qui est souvent barbouillé de noir. Ainsi, le duo Saint-Nicolas – père Fouettard représenterait un système double, celui de la gratification et de la sanction.

Saint-Nicolas est le patron des marins, des prisonniers, des jeunes filles, mais avant tout le protecteur des enfants. On raconte qu’il redonna vie à trois petits enfants mis à mort par un boucher, découpés et déposés dans un saloir. De ce fait, à bien des égards, on peut penser que le Père Noël est le fils spirituel de Saint-Nicolas ! Patron et protecteur des enfants, Saint-Nicolas occupe donc une place importante aux côtés de l’Enfant Jésus, depuis que Noël est devenu, en Occident, la fête de l’enfance par excellence.


Saint Nicolas en Lorraine et en Belgique

Tous les ans, la veille de l'anniversaire de sa mort, le 6 décembre, (on fête en effet un saint le jour de sa mort, à la différence de Noël qui célèbre la naissance de Jésus), saint Nicolas descend du ciel, entre par la cheminée pour apporter des friandises et des cadeaux aux enfants sages. Il porte une longue barbe blanche, une mitre et une crosse et un long manteau, souvent rouge.
Il est accompagné du père Fouettard : c'est l'opposé de saint Nicolas. D'aspect repoussant, horrible et menaçant, il tient une verge pour fouetter les enfants méchants... En Lorraine, il porte le nom de Hans Trapp.

Le réveillon de la saint Nicolas a donc lieu le 5 décembre. Avant de se coucher, les enfants déposent leur soulier ou leur chaussette près de la cheminée, ou bien près de la porte, ainsi qu'un peu de foin ou une carotte pour l'âne de saint Nicolas.

Les cadeaux se donnaient autrefois uniquement pour la saint Nicolas, Noël étant seulement une fête religieuse. Dans le nord et l'est de la France et au-delà des frontières, saint Nicolas apporte toujours des cadeaux et des gateaux comme le speculoos bruxellois... une sorte de pain d'épices.

Aujourd'hui, les enfants sont deux fois gâtés : d'abord par saint Nicolas puis par le père Noël...


Sinterklaas aux Pays-Bas

Aux Pays-Bas, on fête Sinterklaas, le réveillon du 5 décembre. Contrairement au saint lorrain, il se déplace sur un cheval blanc capable de marcher sur les toits. Il n'est pas accompagné par le père Fouettard mais par des centaines de zwarte pieten (zwart, noir & piet, pierrot, diminutif de Pierre). Il viennent d'Espagne avec, sur le bateau, des milliers de cadeaux pour les enfants. Et les enfants qui ne sont pas sages, on leur donne un coup de fouet, on les met dans le ssac et ils sont envoyés en Espagne...

À partir du mi-novembre, les enfants néerlandais posent leur petits souliers devant la cheminée avec une pomme ou une carotte pour le cheval de Sinterklaas. Les zwarte pieten descendent dans les cheminées (d'où leur couleur noire) pour apporter dans un grand sac des cadeaux aux enfants qui ont été sages (enveloppés dans du papier spécial Sinterklaas).


Santa Claus aux États-Unis

Saint Nicolas a traversé l'Atlantique avec des Hollandais. Son nom s'est américanisé en Santa Claus (prononcer comme close), parfois abrégé, familièrement, en Santa.

En 1823, un pasteur américain, Clement Moore, écrit un conte, A Visit From Saint Nicholas, plus connu sous le titre de The Night Before Christmas, qui fera connaître et rendre populaire saint Nicolas aux États-Unis. Cependant, saint Nicolas ne peut pas apporter des cadeaux à tous les enfants du monde le même jour ! Aux États-Unis, il ne vient donc pas la veille du 6 décembre mais la veille de Noël...

Ainsi, Santa Claus devient l'homme de Noël... Le saint devient laïc, débarrassé de sa mitre et de sa crosse. Ce n'est ni un âne ni un cheval qui le conduit : il est tiré par un traineau de huit petits rennes. Ils s'appellent Dasher, Dancer, Prancer, Vixen, Comet, Cupid, Donder et Blitzen.

Au milieu du XIXe siècle, le dessinateur américain Thomas Nast lui donne cet aspect familier que nous lui connaissons aujourd'hui. Conduit par des rennes, il l'imagine originaire du pôle nord. La Finlande récupérera, au siècle suivant, cette origine en s'affirmant le pays du père Noël.

Au XXe siècle, il devient représentant de commerce de la société de consommation américaine. Une firme de sodas, Coca-Cola*, contribue à le rendre populaire au-delà des États-Unis en l'utilisant dans ses publicités, en 1930 puis en 1950. Certains Européens vont même croire que c'est Coca-Cola* qui est à l'origine des couleurs rouge et blanche du père Noël !

C'est après la seconde guerre mondiale qu'il commencera à devenir populaire en France sous le nom de père Noël. Il sera aussi rendu populaire par une chanson de Tino Rossi, tiré d'un film tourné pendant la guerre : Petit papa Noël... En Angleterre, on l'appelle Father Christmas.


Conte de St-Nicolas

Une visite de saint Nicolas (par Clement Clarke Moore)

La nuit de Noël, dans toute la maison,
Nul être ne bougeait, pas même une souris ;
Les chaussettes pendaient, près de la cheminée,
Espérant la venue du bon Saint Nicolas ;

Les enfants se nichaient au creux des lits douillets,
Des rêves de bonbons dansaient dans leurs esprits ;
Maman sous son fichu, et moi sous mon bonnet,
Préparions nos cerveaux au long sommeil d'hiver,

Quand de notre pelouse monta un tel fracas
Que je sautai du lit voir ce qui se passait,
Volant à la fenêtre, aussi prompt que l'éclair,
Repoussant les volets, relevant le châssis.

La lune qui jouait sur la neige récente
Donnait à chaque objet le lustre de midi,
Quand à mes yeux ravis, devinez qui parut,
Un tout petit traîneau, huit rennes minuscules.

Un petit vieux gaillard les menait prestement,
Je reconnus saint Nick dès le premier moment.
Plus rapides que l'aigle bondissaient ses coursiers,
Il sifflait et criait, interpellant chacun :

Allez, Fougueux ! Danseur ! allez, Fringant ! Rusé !
Comète ! Cupidon ! vite, Elégant ! Éclair !
Sautez en haut du porche ! Et vite en haut du mur !
Galopez, galopez ! Filez à toute allure !

Comme les feuilles mortes que chasse l'ouragan
Rencontrant un obstacle, remontent vers le ciel,
En haut de la maison bondissaient les coursiers,
Leur traîneau plein de jouets, entraînant Nicolas.

Alors, en un éclair, j'entendis sur le toit
Piaffer allègrement chaque petit sabot.
Quand je rentrai la tête pour me retourner
Je vis saint Nick bondir hors de la cheminée.

Revêtu de fourrure de la tête aux pieds,
Son habit tout couvert de cendres et de suie,
Et un ballot de jouets jeté sur son épaule,
C'était un camelot prêt à ouvrir son sac.

Ses yeux, comme ils brillaient ! Ses pommettes joyeuses
Ses joues au teint fleuri et son nez en cerise !
Sa drôle de petite bouche tendue comme un arc,
La barbe à son menton, aussi blanche que neige ;

Il tenait une pipe serrée entre ses lèvres
Un cercle de fumée auréolait son front ;
Il avait large tête et petit ventre rond,
Qui tremblait à son rire, comme un bol de gelée.

Joufflu, dodu, tel un joyeux lutin :
Je ne pus m'empêcher de rire en le voyant ;
En un petit clin d'œil et un signe de tête,
Il m'assura bientôt que je ne craignais rien.

Sans prononcer un mot, il se mit à la tâche,
Et remplit tous les bas, puis se tourna soudain,
Un doigt le long du nez, pour un petit salut,
Avant de remonter dedans la cheminée.

Il reprit son traîneau, siffla son attelage,
Et tous s'évaporèrent, tels duvets d'un chardon,
Mais je l'entendis bien crier en s'éloignant :
JOYEUX NOËL À TOUS, ET À TOUS BONNE NUIT !


Chanson de St-Nicolas

Cette chanson populaire a été recueillie par Gérard de Nerval qui la rendra célèbre en la publiant dans la Sylphide en 1852, puis dans les Chansons et légendes du Valois. Il existe plusieurs versions.


Les trois petits enfants

S'en vont au soir chez un boucher.
« Boucher, voudrais-tu nous loger ?
Entrez, entrez, petits enfants,
Il y a de la place assurément.»

Ils n'étaient pas sitôt entrés,
Que le boucher les a tués,
Les a coupés en petits morceaux,
Mis au saloir comme pourceaux.

Saint Nicolas au bout d'sept ans,
Saint Nicolas vint dans ce champ. (variante : Vint à passer dedans ce champ)
Il s'en alla chez le boucher :
«Boucher, voudrais-tu me loger ?»

« Entrez, entrez, saint Nicolas,
Il y a d'la place, il n'en manque pas.»
Il n'était pas sitôt entré,
Qu'il a demandé à souper.

« Voulez-vous un morceau d'jambon ?
Je n'en veux pas, il n'est pas bon.
Voulez vous un morceau de veau ?
Je n'en veux pas, il n'est pas beau !

Du p'tit salé je veux avoir,
Qu'il y a sept ans qu'est dans l'saloir.
Quand le boucher entendit cela,
Hors de sa porte il s'enfuya.

« Boucher, boucher, ne t'enfuis pas,
Repens-toi, Dieu te pardonn'ra.»
Saint Nicolas posa trois doigts.
Dessus le bord de ce saloir :

Le premier dit: « J'ai bien dormi !»
Le second dit: « Et moi aussi !»
Et le troisième répondit :
« Je croyais être en paradis !»
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Egger Ph.