L'Europe en a pratiquement fini avec la maladie de la vache folle qui l'a traumatisée pendant des années et changé durablement les comportements, a estimé vendredi la Commission européenne en proposant de mettre fin à des mesures phares comme l'abattage des troupeaux.
''L'Union européenne a obtenu des avancées considérables dans son combat contre l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) et est enfin sur le point d'éradiquer cette maladie sur son territoire'', s'est réjoui le commissaire européen en charge de la Santé, John Dalli.
A ce jour, plus de 190.000 cas d'ESB ont été comptabilisés dans l'UE depuis le premier diagnostic au Royaume-Uni en 1986 (184.600 cas à lui seul).
En 2009, seuls 67 cas positifs ont été décelés dans l'UE, contre plus de 37.320 au plus fort de l'épizootie en 1992. Et les animaux concernés l'an dernier (18 cas en Espagne, 10 en France et 9 en Irlande) étaient de vieux bovins qui ont pu être contaminés il y a longtemps, souligne-t-on à la Commission.
Le traumatisme généré par la maladie du prion et ses autres variantes transmissibles (tremblante du mouton, maladie de Creutzfeldt-Jakob) est à l'origine de l'application à l'extrême du principe de précaution en matière de santé animale et humaine lors des crises sanitaires qui ont suivi en Europe (fièvre aphteuse, grippe aviaire, grippe H1N1...).
Pour la vache folle, les mesures de précaution introduites en 1997 ont porté leurs fruits, a affirmé M. Dalli.
Il y a un an, la Commission, suite à l'amélioration du contrôle de la chaîne alimentaire, avait déjà décidé d'assouplir les règles sur l'étiquetage des aliments pour animaux.
Elle propose désormais aux Etats de l'UE d'aller plus loin. L'une des pistes envisagées est de mettre fin à ''l'abattage systématique'' des animaux menacés lorsqu'un cas d'ESB est décelé.
Jusqu'ici, quand une bête est contrôlée positif, toute la ''cohorte'', c'est à dire tous les animaux du même troupeau nés dans les 12 mois précédant ou suivant sa naissance et qui ont pu consommer les mêmes aliments contaminés que lui, devaient être abattus. Des millions de bovins ont ainsi été éliminés.
Bruxelles suggère à présent d'autoriser à la consommation humaine les animaux des troupeaux touchés, ''pourvu qu'ils aient été testés négatif avant d'entrer dans la chaîne alimentaire''.
La Commission propose aussi de lever l'interdiction du recours à certaines farines animales pour l'alimentation des non ruminants comme les porcs, les volailles ou le poisson.
Bruxelles n'entend toutefois pas renoncer à l'interdiction, décrétée à l'occasion de la crise, de donner des protéines animales à des ruminants censés se nourrir d'herbe, ou à celle de nourrir un animal avec des protéines issues de sa propre espèce.
Un porc pourrait ainsi à l'avenir à nouveau manger des farines de volaille, mais plus des farines de porc comme c'était possible avant la crise de l'ESB.
Bruxelles propose aussi de ''mieux cibler'' le système de surveillance par l'augmentation graduelle des limites d'âge pour les tests ou le recours à diverses méthodes de tests.
La Commission envisage enfin d'aligner la liste européenne des organes à risque (cervelle, moelle épinière...) systématiquement retirés de la vente sur celle de l'Organisation mondiale de la Santé animale (OIE), moins restrictive notamment à propos des intestins.
La principale organisation d'agriculteurs européenne, la Copa-Cogeca, s'est réjouie vendredi de ces propositions, en particulier concernant les farines animales et les tests.
Il est désormais ''urgent'' que ces propositions soit traduites en mesures concrètes, a estimé le secrétaire général de la Copa-Cogeca, Pekka Pesonen.
Yann OLLIVIER