jeudi 12 août 2010

Peau neuve pour le Musée gruérien

.


Plus que deux mois et demi pour la découvrir ou redécouvrir. Vieille de trente ans, l'exposition permanente du Musée gruérien va être mise au goût du jour. La nouvelle mise en valeur des collections devrait, dès l'automne 2011, attirer 25 000 visiteurs.

Plus que deux mois et demi pour la découvrir, la redécouvrir. Au soir du 31 octobre, l'exposition permanente du Musée gruérien sera classée au rayon des souvenirs. S'il a plutôt bien vieilli, ce condensé d'histoire et de culture locales - millésimé 1978 - n'est plus vraiment intelligible pour le visiteur. Exposer des objets n'est aujourd'hui plus suffisant. Il faut les mettre en scène, les expliquer à une population détachée des réalités campagnarde et industrielle du siècle passé. Ce à quoi s'appliquera la nouvelle mise en valeur des collections, annoncée pour l'automne 2011.

Sept thèmes retenus

Isabelle Raboud-Schüle et Christophe Mauron, respectivement directrice et conservateur de l'institution bulloise, ont dessiné hier devant la presse les contours du Musée gruérien de demain. Comme révélé à l'occasion du dernier Comptoir gruérien (cf. «La Liberté» du 15 octobre 2009), l'exposition se déclinera en différents thèmes. Sept ont été retenus, sur la base de l'importance des collections et après consultation d'une cinquantaine de scientifiques. «L'objectif est de faire découvrir aux visiteurs des objets exceptionnels», explique Isabelle Raboud-Schüle. Mais pas seulement. Il s'agit également «d'observer la région, de la questionner, de la commenter, de la critiquer et de donner les clés de lecture pour la comprendre», résume Christophe Mauron, rompant nettement avec le discours ruralisant et traditionnaliste qui fut celui de l'institution dans les années 1930.

Du fromage au religieux

Le musée racontera ainsi à ses hôtes l'histoire du fromage d'alpage, cette conserve de lait qui voyageait jusque vers Lyon, au XVIIIe siècle, faisant la fortune de quelques barons. Elle évoquera également la modernisation, au siècle suivant, des laiteries villageoises. On glissera ensuite tout naturellement vers la naissance et le développement des premières industries de la région, sans oublier le tourisme.Un module sera consacré à l'habitat, avec la reconstitution d'un intérieur du XIXe siècle. L'occasion d'aborder des sujets tels que le travail des femmes, la famille, la santé, la sécurité... ou le fumage de la viande. Le visiteur se retrouvera ensuite sur une place de village, où il pourra croiser des personnages arborant des costumes variés, résumé de deux siècles d'évolution du vêtement.Un espace sera par ailleurs consacré à la ville de Bulle. Les trois maquettes de la cité (en 1722, 1912 et 2002) déjà visibles aujourd'hui seront réinstallées, et entourées d'objets originaux. Une collection de portraits sera en outre exposée: «Nous tenons à mettre le plus possible en évidence les habitants», explique Christophe Mauron.

Armailli, poya et chalet

Le thème consacré à l'organisation territoriale et politique de la région soulignera les diverses influences subies au fil des siècles. Celles de la Savoie et de l'évêque de Lausanne à l'époque du comté; celle de la ville-Etat de Fribourg dès 1555; puis celle de l'Etat fédéral dès 1848.L'importance et la visibilité du religieux - tant dans l'espace public que chez les privés - feront elles aussi l'objet d'un chapitre. Enfin, la visite s'achèvera sur une présentation des symboles de la Gruyère, reconnus en Suisse et à l'étranger. La poya, le chalet, l'armailli, le Moléson, la cité de Gruyères...

Doper la fréquentation

Dans le prolongement de l'exposition permanente - qui présentera 500 à 600 objets - l'institution dédiera un espace à la présentation de collections spécifiques: mobilier, vêtements, photographies... «Pour le plaisir de montrer cette richesse», relève Isabelle Raboud-Schüle. Les magasins regorgent en effet de multiples trésors (voir ci-contre).Effet attendu de cette métamorphose: l'essor de la fréquentation de l'institution. Actuellement, 30 000 personnes franchissent ses portes chaque année, dont la moitié visionne l'exposition permanente. Le but? Une moyenne de 50 000 visiteurs au total, dont 20 000 à 25 000 pour apprécier la nouvelle muséographie. Il s'agit là d'une projection sur dix ans: «Il y en aura plus au début, puis cela baissera ensuite», augure la directrice. Qui souligne que la mission consiste surtout à faire revenir la population régionale et à toucher le public touristique (suisse et étranger), grâce à des textes traduits en allemand et en anglais.

Patrick PUGIN