L’entreprise lancée à Neuchâtel livre des produits du terroir à domicile, aux mêmes prix que les grandes surfaces. Après Vaud, Fribourg et le Valais, elle s’attaque à Genève et au Jura. Histoire d'un succès.
«Notre activité s’est très vite développée. Un an après le démarrage, nous livrions déjà 1000 paniers par mois, pour 650 membres.» Michaël Dusong, fondateur et codirecteur de La Belle Bleue se félicite, avec son associé Olivier de Meuron, du succès rencontré par son entreprise.
Fondée en 2008 à Marin-Epagnier (Neuchâtel), La Belle Bleue s’est très vite développée en ouvrant des succursales dans les cantons de Vaud (2009), Fribourg (2010) et du Valais (juillet 2010). «Nous avons débuté dans mon jardin, se souvient Michaël Dusong. Nous voulions faire quelque chose pour l’environnement, apporter notre graine…» Les deux compères contactent les producteurs locaux et commencent l’aventure.
Actuellement, l’entreprise livre 3500 paniers, pour 1700 familles, et compte développer son offre à Genève comme dans le Jura en 2011. Une concurrence que Guillaume Lambert, cofondateur d’Espace Terroir, qui livre 2000 paniers par mois à Genève, ne voit pas d’un mauvais œil: «La livraison de produits locaux a trouvé son public, mais actuellement il n’y a pas assez d’offre par rapport à la demande.»
La Belle Bleue veut se différencier en offrant davantage de souplesse que ses concurrents: «Nous sommes tournés vers le consommateur, explique Michaël Dusong. Par exemple, si un client n’aime pas un légume, il peut nous le signaler et, dans ses paniers, il sera remplacé par un autre. Sans cette flexibilité, nous avons remarqué que les gens arrêtaient d’acheter au bout d’une année, déçus de devoir jeter les aliments qu’ils n’aiment pas.» L’ensemble des paniers livrés sont produits dans la région dans le respect des saisons, car «l’objectif reste de rapprocher les producteurs des consommateurs.»
Néanmoins, pour certains aliments non disponibles dans la région ou en Suisse, La Belle Bleue fait quelques entorses à son ancrage régional: «La Suisse cultive peu de fruits, souligne Jean-Marc Imhof, responsable lémanique de La Belle Bleue. Nous devons donc les importer de pays limitrophes. Nos oranges, par exemple, sont cultivées sans paraffine en Sicile. Afin de compenser cette entorse philosophique, nous appliquons un label CO2, qui consiste en une taxe prise sur nos marges de 2% sur les produits importés des pays limitrophes et de 5% pour les cultures outre-Atlantique (riz, bananes…).»
Facturés entre 45 francs (panier célibataire) et 65 francs (grande famille), les paniers de légumes de La Belle Bleue, prévus pour deux semaines, peuvent être commandés sur le site la-bellebleue.ch. Des tarifs qui, selon Jean-Marc Imhof, sont comparables à ceux de la grande distribution.
«Nous payons mieux les producteurs que les supermarchés, mais nos marges sont plus faibles et, surtout, nous ne gâchons rien. Nous n’achetons aux producteurs que la quantité commandée par nos clients. Cette absence de gâchis nous permet d’afficher les mêmes prix que les supermarchés, voire même d’être moins chers, tout en livrant à domicile.»
La Belle Bleue se différencie aussi de ses concurrents par son offre élargie, qui inclut les produits laitiers et la viande, ainsi que les œufs, boulangerie, pâtisserie, farine, confitures, miels, huiles, vinaigres, boissons, etc.
Une diversité de condiments qui rapproche progressivement La Belle Bleue d’un supermarché en ligne. De quoi empiéter sur les platebandes de LeShop? «Nous suivons de près ce que font ces entreprises, reconnaît Dominique Locher, directeur marketing et ventes chez LeShop.ch. Elles ont de très bonnes idées, mais on ne peut pas encore parler de concurrence. Pour eux, comme pour nous, les vrais concurrents demeurent les supermarchés qui ont pignon sur rue.»
Bertrand Beauté