jeudi 3 novembre 2011

Le dominicain Charles Morerod sera le nouvel évêque de Lausanne, Genève et Fribourg

.



Un brillant esprit pour animer le diocèse. C’est le Gruérien Charles Morerod qui succède à Mgr Bernard Genoud. Une nomination qui doit être annoncée officiellement aujourd’hui. A seulement 50 ans, le recteur de l’Angelicum a déjà accompli un parcours sans faute.

Le nom du nouvel évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) est enfin connu: le pape Benoît XVI a désigné le dominicain gruérien Charles Morerod comme successeur de Mgr Bernard Genoud. Cette nomination, divulguée hier par la RSR, sera confirmée officiellement ce matin par l’évêché, à Fribourg, en présence du Père fribourgeois.

Cette décision met fin à plus de treize mois d’attente, après le décès, mardi 21 septembre 2010, de Mgr Bernard Genoud. Le dominicain Charles Morerod, qui vient de fêter ses 50 ans, exerce la fonction de recteur de l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin, l’Angelicum, à Rome.

Apprécié par Benoît XVI

Théologien thomiste, Charles Morerod a rapidement gravi les échelons de la hiérarchie ecclésiastique. Il a notamment vécu une riche année 2009 marquée par une série de nominations importantes à Rome. Il a été choisi tour à tour comme secrétaire général de la Commission théologique internationale, consulteur de la Congrégation pour la doctrine de la foi, puis membre de la Commission de dialogue avec la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X et enfin recteur de l’Angelicum, une consécration académique.

C’est le pape Benoît XVI lui-même qui avait insisté pour engager Charles Morerod comme collaborateur. Il l’avait choisi comme secrétaire général de la Commission théologique internationale, un poste-clé qui a entraîné les deux autres nominations au Vatican. Le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avait en effet affirmé au dominicain: «Si vous acceptez, le Saint-Père en serait très heureux.»

Propulsé recteur

Puis, quelques mois plus tard, ce philosophe spécialiste de l’athéisme est propulsé recteur de l’Angelicum, au terme d’une procédure en deux phases, qui rappelle un peu celle de la nomination des évêques: un collège électoral interne établit une liste de trois candidats et la présente au Maître général des dominicains – qui a le titre de grand chancelier de l’Université – lequel choisit un des trois nominés.

C’est sur l’insistance du Maître général, le Père Carlos Alfonso Azpiroz Costa, que Charles Morerod finit par accepter. Encore marqué par les appels du pape, il avait mené une campagne active pour ne pas être élu. Il l’a dit ouvertement au sein de l’Angelicum: «Je ne veux pas devenir recteur.» Finalement, il obéira.

Charles Morerod est né le 28 octobre 1961 à Riaz, en Gruyère, dans le canton de Fribourg. Si l’idée de devenir prêtre le titillait déjà jeune, c’est à l’âge de 19 ans que sa vocation ecclésiastique devient une évidence. Au terme de sa scolarité et de ses études au Collège du Sud à Bulle, il entre au Grand Séminaire de Fribourg en 1981.

Entre Rome et Fribourg

Un an plus tard, il rejoint le couvent dominicain Saint-Hyacinthe, tout en poursuivant ses études de théologie à l’Université de Fribourg. Il obtient sa licence en 1987 et prononce ses vœux perpétuels. L’année suivante, il rejoint Genève où il œuvre durant deux ans en pastorale à la paroisse Saint-Paul de Grange-Canal, confiée à une communauté de dominicains, dans laquelle il est ordonné prêtre le 30 avril 1988.

Puis Charles Morerod retourne à Fribourg où il est nommé aumônier de l’Université. Il obtient en 1993 un doctorat en théologie, avec une thèse sur la controverse entre Cajetan et Luther, qui fait de lui un expert de l’œcuménisme au Vatican. En 2004, il décroche un doctorat en philosophie à l’Université catholique de Toulouse avec une thèse consacrée au protestant libéral britannique John Hick.

De 1994 à 1999, il est chargé de cours à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg et, dès 1996, il est également professeur de théologie, puis de philosophie à l’Angelicum, à Rome. Il devient doyen de la Faculté de philosophie de l’Angelicum en 2003, avant d’être choisi comme recteur. Depuis 1997, Charles Morerod est également rédacteur de l’édition française de la revue «Nova et Vetera».

Influent au Vatican

Personnage influent au Vatican, cet homme brillant à l’humour et à la franchise reconnus, a accompli un parcours sans faute. De retour à Fribourg, il peut d’ores et déjà se retrousser les manches au vu des nombreux dossiers en suspens (voir ci-après). Depuis le décès de Mgr Bernard Genoud en septembre 2010, la direction du diocèse a été confiée à un administrateur, Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire à Genève. Plusieurs nominations importantes relevant de l’évêque en place, dont celle du vicaire épiscopal pour la partie alémanique du diocèse, ont été suspendues dans l’attente du successeur.

Le nouvel évêque aura du pain sur la planche

PASCAL FLEURY

En une année de vacance épiscopale, voire deux ans, si l’on tient compte de la longue maladie de Mgr Bernard Genoud, les dossiers se sont entassés à l’évêché. Nominations à ratifier, projets en attente, affaires à trancher, chantiers à entreprendre: Charles Morerod aura du pain sur la planche. Pour ne pas l’écraser, Mgr Pierre Farine et les vicaires généraux Rémy Berchier et Nicolas Betticher ont débroussaillé le terrain, dégageant quelques priorités à lui soumettre.

Gouverner
Dès qu’il sera consacré, le 11 décembre prochain, l’évêque commencera naturellement par nommer ses principaux collaborateurs et par réactiver ses différents Conseils. Le droit canon impose autour de l’évêque au moins un vicaire général, un ou plusieurs vicaires épiscopaux, un chancelier, un administrateur et un archiviste. Le nouvel évêque entérinera aussi vraisemblablement les nominations et installations de prêtres, diacres et laïcs décrétées provisoirement par l’administrateur, Mgr Farine, pendant la vacance épiscopale. Et il gèrera quelques situations conflictuelles en attente de règlement.

Rassembler
L’une des priorités du «père évêque» sera de s’occuper de ses quelque 300 prêtres et religieux. Le Conseil presbytéral, émanation du clergé diocésain, devra être réactivé dans les meilleurs délais. «L’évêque est le berger qui rassemble, oriente, motive, rassure aussi», souligne l’abbé Nicolas Betticher, qui commente: «Les jeunes prêtres, par exemple, sont parfois un peu désorientés dans ce monde extrêmement violent, où leur vocation est remise en question depuis les affaires d’abus sexuels. Ceux qui portent le col romain doivent parfois croiser des regards méprisants.» Les prêtres attendent de l’évêque qu’il soit ce «pater familias» qui les écoute, qui leur rend visite s’ils sont âgés, malades ou seuls. L’évêque voudra aussi certainement rencontrer les 400 agents pastoraux laïques du diocèse, par canton ou par fonction.

Conduire
La problématique de la planification pastorale s’imposera aussi rapidement au nouvel évêque. Les Unités pastorales (UP) sont en place, mais «on est déjà arrivé aux limites de ce projet. Par endroits, déjà, on n’a plus assez de personnel pour assumer la pastorale de la nouvelle entité», observe l’abbé Betticher. Avec ses divers Conseils, l’évêque devra initier d’autres modèles. Par exemple rassembler certaines UP. Ou développer la «pastorale de l’étoile», modèle dont on parle aussi dans les réflexions théologiques. Il s’agit de créer des pôles de compétences (animation de jeunesse, Eveil à la foi, Vie montante, etc.) et de les répartir entre les différentes paroisses de l’UP. «Cela permet d’éviter de démultiplier les activités, de renforcer les pôles avec des prêtres spécialisés et des laïcs formés, et de faire de meilleurs investissements de logistique», explique le vicaire général.

Prévoir
Le diocèse s’attend à un manque de prêtres dans certaines UP ces prochaines années. Certaines paroisses n’ont déjà plus de messe régulière le week-end, et l’espacement grandissant des offices pourrait avoir bientôt des répercussions sur l’ensemble de la vie paroissiale, les chœurs mixtes, les fanfares, les enfants de chœur... Pour permettre aux communautés de base de survivre comme entité autour de leur clocher, l’évêque devra donner davantage de responsabilités aux laïcs, engagés ou bénévoles.

Dans ce contexte, la question des assemblées dominicales en absence de prêtre (ADAP), suspendue depuis le décès de Mgr Genoud, devra être inéluctablement traitée. «Nous en avons déjà parlé dans les différents cantons du diocèse et un document a été élaboré. Mgr Genoud était d’avis que ces assemblées en «attente» de prêtre pourraient se faire, mais seulement en semaine, pas le week-end», souligne le curé Betticher. Il s’agit de permettre la poursuite des petites célébrations locales, mais sans que les ADAP ne deviennent un substitut de l’eucharistie.

Eveiller
La pénurie de prêtres imposera également au nouvel évêque de prendre son bâton de pèlerin pour susciter des vocations dans les paroisses, les écoles, les milieux de jeunes, les écoles catholiques comme l’Institut Philanthropos, les grands rassemblements tels que Prier-Témoigner ou les JMJ. «L’évêque peut compter sur le soutien du Centre romand des vocations, à Lausanne, mais «c’est lui qui, le premier, «fait» des vocations, en frappant à la porte des cœurs», rappelle Nicolas Betticher. Des vocations qu’il s’agira aussi de susciter auprès des laïcs, leur engagement étant aussi en baisse.

Encadrer
Le manque chronique de vocations pour la prêtrise imposera à l’évêque de porter un autre souci: celui du rapprochement, voire de la fusion, des quatre séminaires situés à Fribourg (Séminaire LGF, valaisan, du Grand-St-Bernard et du Salesianum). Les séminaristes y étant très peu nombreux, il serait judicieux de les loger sous le même toit, pour réduire les frais logistiques et d’administration, mais surtout pour leur permettre de cheminer ensemble. Une formule qui permettrait à chaque séminariste de rester en contact direct avec «son» évêque, père spirituel.

Décider
D’autres dossiers attendent de longue date sur le bureau de l’évêque. L’un d’eux s’annonce particulièrement complexe: l’éventuelle incorporation des missions linguistiques dans les paroisses territoriales. Avec les résistances que l’on imagine du côté des grandes et anciennes missions italophones, lusophones ou polonaises, très attachées à leurs traditions. Avec la difficulté aussi d’intégrer les missions émergeantes, chinoises, philippines ou vietnamiennes. La politique reste pour l’instant très ouverte à ce propos. Des expériences sont menées dans plusieurs paroisses, dont Renens.

Autre dossier en attente, la pastorale de l’ancien rite tridentin – reconnu par Rome – pour l’instant confiée à la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, avec cinq lieux de cultes dans le diocèse: à Genève, Lausanne, Neuchâtel, Fribourg et Bulle. Il est question de sortir des communautés tridentines des paroisses territoriales pour créer des paroisses personnelles qui leur seraient spécialement destinées. Un projet en ce sens est déjà en cours dans le diocèse de Coire.

Collaborer
En plus de ses multiples charges ecclésiales, Mgr Charles Morerod veillera évidemment à réactiver les bonnes relations déjà existantes entre l’Eglise catholique et la société civile. Il sera appelé à participer à de nombreuses manifestations publiques dans les quatre cantons du diocèse, ainsi qu’à l’ONU à Genève. Il rencontrera les fidèles et répondra à leurs questionnements légitimes sur des dossiers «chauds» tels que l’ordination d’hommes mariés (viri probati), l’ordination des femmes ou le mariage des homosexuels. Et, vraisemblablement, il prendra position dans les dossiers politiques en cours. Dans le canton de Fribourg, la modification de la loi scolaire et la modification de la loi sur la fiscalité des personnes morales l’intéresseront au premier plan. I

Le 78e évêque sur le siège de saint Maire

PASCAL FLEURY

A en croire le vertigineux«arbre généalogique» des évêques ayant eu juridiction sur tout ou partie de ce qui constitue aujourd’hui le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, le Père Charles Morerod en deviendra, le 11 décembre prochain, le 78e évêque.

Après une kyrielle d’évêques, si l’on se réfère à la collection «Helvetia Sacra», le dominicain héritera alors – du moins symboliquement – de la crosse et de la mitre de saint Maire, alias saint Marius. Cet évêque d’Avenches, entre 573 et 594, qui fut également fondateur de l’église Notre-Dame à Payerne, est probablement celui qui transféra le siège de l’évêché à Lausanne.

Le diocèse de Lausanne s’étendait à l’époque des bords du Léman aux rives de l’Aar, englobant les futurs cantons de Fribourg et de Neuchâtel, et une partie importante de Vaud, Berne et Soleure. Mais ni Genève, ni le pays de Nyon, n’en faisaient partie. Le titre d’évêque de Genève ne fut transféré à l’évêque de Lausanne, résidant à Fribourg, qu’en 1821, à la demande du Gouvernement genevois.

Ce 78e rang ne comptabilise pas les deux administrateurs nommés par le pape aux XIVe et XVe siècles. Ni l’archidiacre de Besançon Jean-Jacques Fauche, que le duc de Savoie avait tenté de faire élire mais qui ne fut finalement pas reconnu par Rome, vers 1649. Mgr Pierre Farine, qui vient d’assurer l’intérim comme administrateur pendant la vacance épiscopale, n’est pas compté non plus.

A noter qu’avant Marius d’Avenches, on trouve mention de deux autres évêques, Bulbucus en 517, et Grammatius en 535 et 549, et qu’il y en a eu peut-être d’autres. Mais la minceur des témoignages archéologiques et épigraphiques ne permet aucune certitude. En étant peu regardant, on pourrait concéder à Charles Morerod une 80e place bien ronde, que le brillant académicien refusera cependant sûrement, par souci d’exactitude...

Ce qui apparaît en revanche plus sûr, c’est que depuis 1689, le pays de Fribourg a été sans discontinuer, durant près de deux siècles, le vivier de l’évêché de Lausanne, puis de Lausanne-Genève. Un «monopole» qui s’explique pour une bonne part par la Réforme, Fribourg étant alors la seule région catholique du diocèse.

Citons dans l’ordre chronologique: Pierre de Montenach (Fribourg), Jacques During (Riaz), Claude-Antoine During (Riaz), Joseph-Hubert de Boccard (Vuippens), Joseph-Nicolas de Montenach (Fribourg), Bernard-Emmanuel de Lenzbourg (Fribourg), Jean-Baptiste D’Odet (Fribourg), Maxime Guisolan (Chénens), Pierre-Tobie Yenni (Morlon), Etienne Marilley (Châtel-Saint-Denis), Christophore Cosandey (Saint-Sylvestre). Tous leurs successeurs étudieront à Fribourg. Au XXe siècle, seuls quatre évêques sur huit portaient l’étendard fribourgeois, si l’on compte Mgr Bernard Genoud, ordonné en 1999.

Rappelons que la collégiale Saint-Nicolas n’a été érigée au rang de cathédrale qu’en 1924. Mgr Marius Besson devint le premier prélat à porter le titre d’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. Les armoiries du diocèse résument cette longue histoire. Elle reprennent les armes des trois chapitres (collèges des chanoines) cathédraux: les deux ciboires du chapitre de Lausanne, les clés de celui de Genève, et le bras bénissant de saint Nicolas, du chapitre de Fribourg. I

Un diocèse de 300 prêtres

APIC/BB/TJ

Le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg regroupe les cantons de Vaud, Genève, Fribourg et Neuchâtel. Il compte environ 690000 catholiques, sur une population de 1,58 million d’habitants, répartis dans 255 paroisses et une vingtaine de missions linguistiques. La pastorale est notamment confiée à plus de 300 prêtres et environ 400 agents pastoraux laïques. Près de 60% des prêtres ont plus de 60 ans.

Depuis le Forum diocésain 2003, le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg a vécu une phase de restructuration, avec la mise en place d’ensembles de paroisses appelés «Unités pastorales», confiées à des équipes pastorales formées de prêtres, de diacres, d’agents pastoraux laïques et de bénévoles. Le diocèse en compte 52, selon l’Annuaire diocésain 2010.

S’il conserve l’équipe actuellement en place, le nouvel évêque sera épaulé par l’évêque auxiliaire Pierre Farine, vicaire général à Genève, par les vicaires généraux Rémy Berchier et Nicolas Betticher, ainsi que par les vicaires épiscopaux Jean-Robert Allaz (Vaud), Marc Donzé (Fribourg francophone), Jean-Jacques Martin (Neuchâtel), alors que l’abbé Niklaus Kessler a repris le 1er septembre la responsabilité ad interim du vicariat épiscopal de la partie alémanique du diocèse.


«Maintenant, on l’aura sur place», dit son papa

KESSAVA PACKIRY

Ce n’est qu’hier matin que Charles Morerod, nommé évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, a appris la nouvelle à ses parents. «Il était de retour d’un voyage à Kiev, où il donnait une conférence – notre fils voyage énormément! Comme il a eu son anniversaire le 28 octobre, nous avons décidé de fêter ses 50ans dès qu’il rentrerait en Suisse. Il est ainsi venu mardi passé, et a passé la soirée chez nous. Ce n’est que le matin qu’il nous a annoncé, à sa mère et à moi, sa nomination. Juste avant que je ne le conduise à la gare de Bulle pour qu’il puisse se rendre à l’évêché», raconte le père du nouvel évêque, André Morerod.

Technicien-dentiste à la retraite depuis fin 1993, André Morerod, 82ans, n’est pas peu fier. Tout comme sa femme Denise, 74ans. Leur fils unique, évêque! De leur domicile de Sorens, où ils sont établis depuis deux ans, ils peinent à trouver les mots: «C’est tout nouveau… C’est un drôle de changement. Pour lui aussi. Nous pensions qu’il resterait à Rome, où il était établi depuis 16 ans, et où il était très bien. Lui-même s’imaginait que ça n’allait pas être lui qui allait être désigné», expose André Morerod.

André et Denise Morerod vont désormais pouvoir voir leur fils plus souvent, même si Charles passait leur rendre visite à chaque fois qu’il en avait l’occasion. «Il venait assez régulièrement. L’été particulièrement. Mais c’est vrai: maintenant, on l’aura sur place», sourit André Morerod. Qui se souvient que son fils est entré au séminaire après son école de recrues, à 20 ans. «Son parrain était chanoine de Saint-Maurice, mais mon épouse et moi n’étions pas tout à fait versés dans la religion. Reste que c’était son choix. Et que nous l’avons encouragé à le suivre.»

Pour la petite histoire, André Morerod s’est fait confirmer catholique ce printemps! «Avant, j’étais un peu mélangé, disons. Ma mère était Valaisanne, mon père Vaudois…»



RÉACTIONS

«Le meilleur choix pour le diocèse»

PROPOS RECUEILLIS PAR TJ


Guy Musy, Frère dominicain à Genève.

«Nous le regretterons beaucoup. On perd un très bon élément. Il avait une charge très importante à Rome, comme recteur de l’Angelicum. Je me souviens de l’avoir remplacé à la fin des années 1980, quand il était vicaire à la paroisse Saint-Paul à Genève. Il était animateur de jeunes et s’était beaucoup occupé des camps de Caritas. Il y est resté deux ans. Ce manque d’expérience paroissiale est peut-être son point faible. Mais Charles Morerod reste le meilleur choix pour le diocèse, j’en suis convaincu.

C’est un charmant confrère de notre congrégation, très fraternel, très agréable. Il a une théologie assez classique, mais avec un esprit d’ouverture. Il aura pas mal de pain sur la planche avec tous les dossiers en suspens. Mais il va donner confiance à un certain nombre de prêtres et d’assistants laïques.»


Patrice Favre, rédacteur en chef de l’«Echo magazine»:

«Cette nomination est un cadeau. C’est le meilleur choix qu’on pouvait faire, tant au niveau des qualités humaines qu’intellectuelles. Il a une expérience internationale extraordinaire. Pendant une dizaine d’années, il est par exemple allé chaque été dans une paroisse aux Etats-Unis pour apprendre l’anglais. Il connaît bien l’Eglise américaine et apportera en Suisse un regard plus ouvert. Il est ancré dans la modernité.

Mes attentes? Qu’il ait cette capacité de discuter avec tout le monde et qu’il donne une image crédible de la foi.»


Patrick Pochon, ancien ami d’études.

«J’ai fait mes études avec Charles Morerod durant quatre ans au Collège du Sud, à Bulle, en section littéraire. J’étais même assis à côté de lui... Je me souviens qu’il hésitait entre la diplomatie et l’Eglise durant ses études. Sa vocation d’homme d’Eglise a été plus forte que l’appel du droit. Il avait plusieurs domaines d’intérêt et j’ai toujours cette image d’un pince-sans-rire qui avait beaucoup d’humour et avec qui on ne s’ennuyait pas. Il aimait amuser les gens. Je l’ai revu il y a une année lors d’une réunion d’anciens élèves et il n’a pas changé.»

Bernard Bovigny APIC avecThierry Jacolet
la Liberté