mercredi 13 décembre 2017

Personne remarquable : Madame Céline Amaudruz


Le sexisme au Palais fédéral a encore de beaux jours devant lui 


Très courageuse, Madame Amaudruz révèle les pratiques de certains élus sous la coupole envers les femmes


Après les révélations, il y a dix jours, sur le conseiller national PDC valaisan Yannick Buttet, accusé d'avoir eu des gestes inappropriés à l'encontre de parlementaires, la conseillère nationale Céline Amaudruz (UDC/GE) avait déclaré à la RTS avoir été victime à plusieurs reprises de gestes déplacés de la part d'élus à Berne.

Yannick Buttet qui se soigne actuellement pour dépendance à l'alcool, Monsieur Buttet essaie de faire croire que c'est à cause de l'alcool qu'il a des agissements incontrôlés envers les femmes. Il oublie que c'est lui qui boit et non l'alcool qui vient à lui, et que; c'est lui qui a des comportements déplacés. Monsieur Buttet, l'alcool n'est pas votre problème; c'est vous ! Assumez qui vous êtes ! Et soyez un homme !



Amstutz & Köppel devraient se remettre en questions sur leurs déclarations respectives qui viennent du Moyen Âge

Amstutz & Köppel on juste oublié que c'était Céline Amaudruz et les femmes en général qui sont les victimes et ce n'est pas à elles de se justifier


Ces révélations ont engendré plusieurs critiques, au sein de son propre parti, rapportait dimanche le SonntagsBlick. Lors d'une séance de parti, Adrian Amstutz, ancien chef de groupe de l'UDC, a désapprouvé l'accusation anonyme de sa vice-présidente. Cette dernière aurait dû, selon lui, donner des noms et porter plainte pour ne pas jeter le soupçon sur l'ensemble des parlementaires.

Pour rappel, Céline Amaudruz avait dénoncé des comportements inappropriés subis sous la Coupole fédérale, sans toutefois donner de nom.

Son ancien chef de groupe à Berne Adrian Amstutz le lui a reproché lors d'une séance de groupe du parti. Elle aurait dû selon lui nommer les personnes et porter plainte.

Amstutz se défend lui-même: «Tout d'abord, j'ai déclaré qu'un comportement comme celui du Conseil national Buttet n'est pas tolérable. Deuxièmement, il est généralement indiqué que lorsque les femmes font publiquement des allégations, elles les nomment publiquement et, troisièmement, elles rendent compte à la police. » Ces trois points s'appliquent aux membres de tous les partis. "Il n'est pas possible qu'avec des accusations publiques anonymes, tout le monde au Palais Fédéral soit mis en suspicion générale", poursuit Amstutz. "

Dans la Weltwoche, le journaliste et conseiller national UDC zurichois Roger Köppel enfonce le clou en écrivant:"Une femme politique, que je n'ai jamais vue autrement qu'en jupe courte ou en haut moulant, clame qu'elle ne prendrait jamais l'ascenseur avec certains messieurs".

Lundi, il renchérit devant la caméra de la RTS: "Si les femmes ont un problème avec les hommes qui les regardent, elles doivent être prudentes. C'est une discussion absurde. Est-ce que les politiciens ici n'ont pas d'autres priorités?"

Ces déclarations ont fait bondir de nombreux parlementaires, comme les conseillères nationales Rebecca Ruiz (PS/VD) et Adèle Thorens (Verts/VD).

Ces élues, qui avaient gardé le silence jusqu'à présent sur l'affaire Buttet et les problèmes de harcèlement au Parlement, montent désormais au créneau.

"Ce qui arrive à Céline Amaudruz est justement ce qui est craint par les femmes qui pourraient témoigner à leur tour. Quand vous voyez la déferlante de critiques à l'égard de ce type de témoignage, que ce soit dans le public ou même ici au Parlement, vous comprenez que des femmes préfèrent se taire", déplore Rebecca Ruiz.

Cette dernière précise que les critiques à l'encontre de Céline Amaudruz viennent de droite comme de gauche.

La question du sexisme divise l'UDC

Mardi 12 décembre 2017 dans la Salle de l'UDC l'après-midi : l'ordre du jour était un débat sur l'affaire Yannick Buttet.

Adrian Amstutz attaque sa collègue de Genève Céline Amaudruz sur ces propos aux journalistes, il a ouvertement demandé devant tout le groupe UDC de donner les noms des personnes qui avaient des comportement déplacés selon elle.

Céline Amaudruz réagit horrifié, et quitte la pièce en larmes.

Plusieurs membre de l'UDC, notamment en Suisse romande, ont affiché leur opposition aux commentaires sexistes des ténors de l'UDC. Le Fribourgeois Jean-François Rime, qui siège au Conseil national auprès de la Genevoise, a notamment qualifié ces déclarations "d'inacceptables". "J'ai dû prendre la défense de Céline", a-t-il affirmé.

Sur Facebook, l'UDC valaisan Jérôme Desmeules a aussi pris ses distances avec son parti sur cette question. Il est notamment soutenu par le Neuchâtelois Yvan Perrin.

Dans un communiqué publié mardi, l'UDC genevoise fustige "des remarques surprenantes, blessantes, pour ne pas dire d'un autre temps" à l'égard de sa conseillère nationale.

"C'est toujours la même chose. La personne qui fait un pas, qui doit être difficile, reçoit un flot de commentaires tous plus déplacés les uns que les autres, au lieu d'avoir du soutien", déplore le président de l'UDC Genève Marc Fuhrmann, dans le journal de 19h30.

Le président cantonal n'apprécie pas que la parlementaire genevoise se soit fait humilier en public par Adrian Amstutz. "C'est clairement très regrettable que cela se soit passé de cette façon-là. Je ne peux qu'être en désaccord profond avec ses dires", a-t-il affirmé peu avant dans l'émission Forum.

En Valais, la réaction du coprésident UDC Valais romand Jérôme Desmeules est encore plus virulente: "Les propos de M. Köppel et M. Amstutz m'ont fortement choqué. Moi je m'attendais à ce que des élus du parti, en plus de cette ampleur, soient solidaires avec la personne qui est la victime dans cette affaire."

A Genève, Marc Fuhrmann ne va pas jusqu'à reconnaître un problème avec les femmes au sein de l'UDC: "Je n'oserais pas le dire". Il n'empêche, le président genevois regrette la position générale, dans le camp bourgeois, sur cette thématique. "Vous avez quand même un establishment politique, en tout cas à droite, qui est très masculin. Donc évidemment, il faut avoir un positionnement qui est différent."

"Il y aura toujours des désaccords à l'intérieur d'un parti et je peux comprendre qu'une frange de celui-ci ait des visions particulièrement conservatrices sur cette thématique-là. Pour nous, il s'agit de soutenir notre conseillère nationale genevoise."

Le président de l'UDC genevoise attend maintenant de l'UDC suisse une reconnaissance de la situation. "Céline serait en droit d'attendre des explications de la tête du parti", dit-il.

Sollicités, le président de l'UDC suisse Albert Rösti et le chef du groupe parlementaire Thomas Aeschi n'ont pas souhaité s'exprimer. De son côté Céline Amaudruz  n'a pas souhaité s’exprimer également.

Egger Ph.