Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mardi 24 juin 2014

La légende selon le Puy du Fou


Fabuleux spectacle parmi d’autres: des chevaliers en armure qui tentent, sur leurs destriers, de percer «le secret de la lance»… © DR


Le parc à thème de Vendée se trouve loin, très loin d’ici. Avec ses spectacles, sa nature, sa Cinéscénie et son esprit, il mérite pourtant le déplacement.

L’article que vous êtes en train de lire, qu’on soit bien d’accord, n’est pas un publireportage. Ah! non, parce que je connais votre esprit tordu. Si machin vante ce truc-là, vous vous direz, c’est parce qu’il a été invité, nourri, choyé. Voilà donc monsieur le journaliste qui, en retour, remercie la maison en écrivant des salades. Arrêtez. J’ai payé l’entrée, le repas, tout. Et le Puy du Fou m’a tant émerveillé, l’autre week-end, que j’aurais été prêt à tout payer à double!

Si c’est loin la Vendée? Très loin d’ici. Dix heures de route pour se rendre là-bas, dans l’ouest de la France, mais aucune importance. La «colline aux hêtres» - l’étymologie du Puy du Fou - vaut le déplacement. L’endroit est enchanteur, sinon enchanté par des magiciens vendéens. Ils vous ont une de ces imaginations, ceux-là!

Une insolente réussite

Les gens du parc, les Puyfolais, se donnent sans compter pour réconcilier le public avec l’histoire et en particulier les Français avec la leur. Ils le font si bien, depuis des années, que le Puy du Fou casse tout. Elu plus beau parc à thème du monde en 2012 et meilleur parc européen en 2013, il est aujourd’hui le deuxième lieu de loisirs le plus fréquenté de France. Son développement artistique, technologique et hôtelier, ses spectacles qu’il exporte en Angleterre, aux Pays-Bas et en Russie, ses innombrables activités, ainsi que les chiffres témoignant de sa insolente réussite, tout ça donne le vertige. Mais laissons tomber les chiffres.

Le Puy du Fou est né en 1978 grâce à Philippe de Villiers, alors jeune député du coin, qui, à défaut d’argent, avait l’idée saugrenue de créer un spectacle grand public devant une ruine de château perdue au milieu de nulle part.


La ruine, trente-six ans plus tard, a des allures de royaume. Malgré son immensité, pourtant, le Puy du Fou garde une magie intacte. Il s’agit d’un endroit où souffle un esprit et où, du coup, on se sent bien. Y compris quand, comme moi, on fuit les parcs d’attractions. Ici pas de voum-voum qui vous mettent cul par-dessus tête, pas de milliers de gens qui vous marchent sur les pieds.

Place à la nature, omniprésente, majestueuse, à une variété infinie de plantes et à beaucoup d’animaux. Le vivant règne en maître même dans les les spectacles présentés du matin au soir aux quatre coins du parc.

Tous ces tableaux vivants se dressent comme d’éclatants menhirs plantés dans la mémoire des hommes. On est surpris par leur ampleur et bientôt abasourdis d’admiration. Comment de tels spectacles sont-ils possibles? On se frotte les yeux pour y croire.



Arthur marche sur l’eau

Il y a le roi Arthur qui marche sur l’eau, la Table ronde qui se met à voler, des chevaliers en armure et à cheval, des Vikings qui attaquent un village médiéval, un drakkar qui surgit des entrailles de la mer, des donjons qui se renversent. Il y a des aigles et des vautours qui tombent du ciel pour venir frôler votre crâne, des mousquetaires qui ferraillent, un Mozart qui pianote dans la nuit sur des orgues de feu, les fauves d’un Colisée romain qui jettent des regards gourmands à des chrétiens.



Il y a mille autres choses encore à voir, d’un village du XVIIe siècle au château Renaissance, du fort de l’An Mil en passant au Bourg 1900.

Le plus émouvant, là-dedans, c’est que le texte et la musique classique - ouh, les gros mots! - sont de la partie. Le Puy raconte la légende des siècles en y mettant le verbe. Y compris celui de Jean de La Fontaine, qui a un jardin où ses fables s’animent et la voix de Depardieu. Dans d’autres tableaux, on entend Philippe Noiret, Jean Piat, Michel Duchaussoy. Les meilleurs sont là.

Reste le plus beau: la Cinéscénie. Les soirs d’été, avec ses 1400 acteurs et bénévoles de la région, sa scène large comme le canton d’Uri et tous ses artifices, cette fresque illustre l’histoire du vaillant peuple vendéen du Moyen Age à la Première Guerre mondiale, à travers le destin d’une famille. Cette chanson de geste fait partie des choses qu’il faut avoir vues une fois dans sa vie.



Elle submerge d’émotion, à chaque fois, les 14 000 spectateurs assis dans les gradins. Là aussi, c’est écrit. Par Philippe de Villiers, l’auteur du spectacle, qui sait manier la plume. Et n’est guère sectaire. Le parc qu’il a créé s’adresse, aujourd’hui, à tout le monde. Même si on est de gauche, contrairement à de Villiers, on ne peut que s’incliner. Tout surprend et envoûte, au Puy du Fou, jusque dans les moindres détails.

Partant pour dix heures de route?

***

Un maestro fribourgeois chez les puyfolais

Rien que ça! Jérôme Kuhn a dirigé le Prague Symphonic Ensemble, l’an dernier au Puy du Fou, dans un spectacle dont les représentations ont attiré 90 000 spectateurs. Il y a de quoi rouler les mécaniques. Or le maestro fribourgeois, en décembre, se contente de rouler. Les trajets entre la Suisse et la Vendée, ça le connaît. Kuhn est le Fribourgeois du Puy et le complice musical de Nicolas de Villiers, grand manitou artistique du lieu. «A mon arrivée là-bas, les gens ont été frappés de m’entendre parler le français. Quand ils ont réalisé qu’un Suisse ne s’exprimait pas forcément en allemand, ce fut le déclic!», raconte Jérôme. Plus forts en histoire de France, ces Vendéens, qu’en géographie suisse…

N’empêche, grâce à Kuhn, un petit air fribourgeois flotte sur le Puy du Fou. Avec Le Canard Chipeau, qu’il dirige, et le chœur de l’Ensemble vocal de Villars-sur-Glâne, le chef a enregistré des chants qui accompagnent plusieurs spectacles. Quant à une des chansons du spectacle de cape et d’épée «Mousquetaire de Richelieu», visible en ce moment, elle est interprétée par Natascha Monney (19 ans), élève singinoise de la classe de musique de Kuhn…

Ce dernier a aussi présenté aux Puyfolais le compositeur jurassien Nathan Stornetta, qui l’ont enrôlé. «Notre travail pour le Puy a un côté laboratoire où se mêlent recherches et contraintes, bouillonnement artistique et rigueur professionnelle», dit Jérôme. Là où il entre en scène, depuis 2013, c’est en décembre pour diriger, entre des chameaux qui passent et des anges qui volent, l’orchestre du «Mystère de Noël». Cette féerie a lieu au Grand Carrousel, salle géante qui possède le plus grand rideau rouge du monde. «A notre première représentation, j’ai été surpris de voir tant de monde. On aurait dit un match de foot!» Et l’ambiance? «Idem! Il n’y a pas eu une seule fois où les 3000 spectateurs ne se sont pas levés, à la fin, pour acclamer les artistes. Lorsqu’on a vécu ça et que les représentations sont terminées, vient le contrecoup. Il y a quelques jours où on a du mal à redescendre sur terre…»

Pascal Bertschy