Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

jeudi 25 avril 2024

Un guichet pour ouvrir un dossier électronique du patient à Fribourg

 

Un guichet permettant aux habitants d'aller ouvrir leur dossier électronique du patient (DEP) a été inauguré mercredi à l'Hôpital fribourgeois (HFR). La procédure (gratuite) nécessite une pièce d'identité et un smartphone avec accès à un e-mail.

1630 DEP ouverts dans le canton

Le guichet se trouve à l'entrée principale de l'HFR, à Villars-sur-Glâne. Ce bureau a aussi pour tâches de promouvoir le DEP et de fournir des renseignements, indique la Direction de la santé et des affaires sociales dans un communiqué. Les patients peuvent aussi ouvrir leur dossier électronique en ligne, grâce à un système de vidéo-identification.

Le canton de Fribourg compte actuellement 1630 DEP ouverts, contre 577 cinq mois plus tôt. Cette augmentation est due en particulier à la procédure simplifiée d’ouverture via la vidéo-identification.

Le canton relève que le DEP représente un outil de santé publique essentiel pour la coordination et la continuité des soins, servant de lien entre les patients et les professionnels de santé.

ATS

La mythique salle de concerts Fri-Son est endettée

 

Fri-Son a accusé ainsi un déficit de 60 874 francs l'an passé, pour un budget de près de 1,8 million. Après avoir puisé dans ses réserves, le club doit encore éponger un peu plus 30 000 francs, a indiqué mercredi La Liberté, sur la base d'informations recueillies lors de l'assemblée générale des membres de l'association.

En 40 ans d'existence, l'institution, et sa salle de 1200 places debout, ont accueilli des grands noms de la musique: Nirvana (mais sans Kurt Cobain, malade ce soir-là!), Korn, ou Muse pour ne citer qu'eux. Mais aujourd'hui, faire venir ce type d'artistes est devenu très compliqué, voire impossible.

Les responsables de Fri-Son expliquent cet endettement par une augmentation des charges fixes, une hausse des cachets mais aussi une modification des habitudes du public et un changement de l’écosystème des musiques actuelles.

Elle explique encore que ce sont souvent des agences anglo-saxonnes qui bookent les tournées des artistes, qui décident généralement de n'accorder qu'une date ou deux à la Suisse, à Zurich et Lausanne ou Genève.

Des organisateurs qui veulent également faire payer 70 à 90 francs la place de concert, ce que refuse Fri-Son. Pourtant, la fréquentation du club fribourgeois a crû l'an dernier pour atteindre 34 757 entrées.

Des solutions recherchées

Les dirigeants s'activent en coulisses. «Nous avons réussi à obtenir des garanties financières, ce qui fait que nous pouvons poursuivre nos activités cette année, tout en jonglant avec les factures», explique Laura Gavillet au journal fribourgeois.

Et de préciser qu'il est difficile d’estimer si l’exercice en cours se soldera «par une perte, par des comptes équilibrés ou par des bénéfices.»

C’est pourquoi la structure financière de Fri-Son doit être modifiée pour sa pérennité, estime Laura Gavillet, qui note encore que le montant des subventions n’est pas suffisant pour affronter les défis actuels. Malgré la hausse de la fréquentation, les plus jeunes sont moins nombreux, un phénomène qui s’observe dans d’autres clubs.

ATS

Fribourg Tourisme dévoile le programme de ses 125 ans

 


Entre œuvre d'art, exposition ou visites guidées, Fribourg Tourisme met le paquet pour ses 125 ans. L'organisation prévoit plusieurs évènements répartis sur toute l'année, mettant à l'honneur la capitale cantonale. Les remparts serviront de cadre à une grande exposition rétrospective de l'offre touristique de la ville, annonce Fribourg Tourisme dans son communiqué.

Par exemple, l'artiste de rue Saype, qui opère avec une peinture 100% biodégradable, viendra garnir le champ des Neigles d'une de ses réalisations. Elle sera visible depuis quatre lieux différents, soit : le sommet de la cathédrale, l’Atelier, les jardins du MAHF et le pont de la Poya. Une bière brassée spécialement pour l'occasion vers également le jour, ou encore, le photographe Davide Nestola photographiera des personnalités fribourgeoises. Le programme complet est à retrouver sur le site de Fribourg Tourisme.

Théo Charrière

Frapp.ch

Vos déchets peuvent être mortels pour le bétail

 

Les quantités de déchets cumulés peuvent largement remplir un sac à ordures de 35 litres 
© Anne-Lise Thürler


Des canettes en alu, des bouteilles et pas que des petites, des emballages en plastique ou en carton, Anne-Lise Thürler a pris en photo sa récolte de déchets. L'équivalent d'un sac poubelle de 35 litres bien tassés. L'éleveuse de Porsel, sur la commune veveysanne du Flon, est frustrée: "Comme agriculteur ou agricultrice, on se fait traiter parfois de polueurs et en même temps, on voit les gens qui jettent leurs déchets par la fenêtre. C'est un manque de respect !"

Voilà des années que la profession se bat contre ce fléau: le littering, en français les déchets abandonnés sur la voie publique. En l'occurrence au bord des routes ou même carrément dans les champs. Des incivilités qui peuvent avoir de lourdes conséquences pour les paysans et leur bétail. Les canettes en alu surtout sont de véritables dangers pour les bêtes. Une fois broyée par les faucheuses, elles se retrouvent dans le fourrage donné aux animaux. Petites particules particulièrement coupantes, elles font des ravages dans leur système digestif. Après parfois des semaines d'agonie douloureuse, les bêtes meurent. 

Une lourde perte émotionnelle et financière

Frédéric Cardinaux, éleveur à Bouloz, village voisin de Porse, a perdu 2 vaches de cette manière. Non seulement un crève-coeur de voir ses animaux périr de la sorte, mais aussi une perte financière importante. Environ 3'000 à 3'500 francs par bête, sans oublir les frais vétérinaires - environ 1 millier de francs pas Un coût que ni les assurances privées (sauf des produits très onéreux) ni l'Etablissement d'assurance des animaux de rente ne prennent en charge. Autre exemple, la ferme Wicht à Ruyeres-Trefayes, sur la commune de Sâles en Gruyère a perdu son taureau, également victime d'une ingestion de corps étranger. 

Difficile de savoir combien exactement de cas se produisent dans le canton de Fribourg. Selon Frédéric Ménétrey, directeur de la chambre fribourgeois d'agriculture, en tout cas plusieurs dizaines chaque année. Mais tous ne sont pas signalés. 

Romain Tinguely, éleveur à La Roche en Gruyère n'a pas perdu d'animaux mais certaines de ses vaches ont ingéré ces déchets négligemment jetés dans ces champs. Conséquence, des traitements coûteux et des vaches qui produisent moins de lait, leur organisme étant mis à rude épreuve .

Autre problème contre lequel les exploitants doivent se battre: les crottes de chiens. Porteuses de germe, elles peuvent provoquer des avortements chez les vaches portantes. 

"Les paysans sont un peu démunis face à ce problème ". Les campagnes de prévention et de sensibilisation se multiplient mais sans beaucoup d'effets jusqu'ici. Mais pas question de lâcher l'affaire. Des nouveaux visuels seront affichés aux abords des champs à la fin du mois d'avril. Au total, une centaine d'exploitants en ont commandé auprès de la chambre fribourgeoise d'agriculture. Anne-Lise Thürler va elle aussi se mobiliser une fois encore. Même si elle est assez dubitative sur le résultat ! 


Sarah Camporini

RadioFr.ch

lundi 22 avril 2024

Arnaque de la voiture électrique: le secteur des véhicules électriques à l'aube d'une vague de faillites ?

 

L'enthousiasme pour les voitures électriques semble s'essouffler chez les fabricants et fournisseurs, confrontés à une baisse surprenante des ventes. Signe des temps, même le leader de la catégorie, Tesla, jusqu'ici encensé, a du mal à s'en sortir et doit annoncer pour la première fois depuis quatre ans des chiffres de vente trimestriels en baisse.

La baisse des ventes de 8,5% au cours des trois premiers mois de l'année par rapport à la même période en 2023 est d'autant plus inquiétante pour Tesla que l'entreprise avait déjà tenté de réagir au ralentissement sur différents marchés en baissant régulièrement ses prix. Le patron de Tesla, Elon Musk, ne croit toujours pas aux campagnes marketing et préfère continuer d'agir sur les prix de ses modèles. Il ne parle d'ailleurs pas de guerre des prix, mais uniquement d'adaptation des prix.

Diverses entreprises menacées

Mais les faits sont là: le marché de la voiture électrique, qui a du mal à décoller, met de nombreuses entreprises en difficulté. Le fabricant étasunien Fisker, par exemple, est dans une situation critique. Dirigée par l'ex-designer danois de BMW Henrik Fisker, l'entreprise manque désormais de liquidités et risque de disparaître.

D'autres jeunes constructeurs comme le chinois Nio ou l'américain Lucid n'ont assuré leur pérennité qu'avec l'argent d'investisseurs externes d'Abu Dhabi ou d'Arabie Saoudite. Polestar, la filiale électrique de Volvo, a récemment reçu 950 millions de dollars supplémentaires de la part d'investisseurs externes afin de ne pas se retrouver dans une situation financière difficile.

Confiance en berne

L'incertitude semble dominer l'ensemble du secteur. Un sondage récent réalisé pour le magazine spécialisé allemand «Automobilwoche» montre que près de 80% des plus de 2500 personnes interrogées dans l'industrie automobile pensent que les faillites vont se multiplier en raison de la faible demande et de la concurrence toujours plus forte des voitures électriques.

En revanche, seuls 6% de toutes les personnes interrogées ne s'attendent pas à une vague de faillites. «La plupart des gens ont tendance à n'agir que lorsqu'une tendance claire se dessine. Les gros titres négatifs ne contribuent certainement pas à instaurer la confiance. Tesla est jusqu'à présent la seule entreprise à avoir réussi à briser ce schéma», concluent les auteurs du sondage.

De gros problèmes chez les fournisseurs

Les pronostics ne sont pas seulement moroses pour les constructeurs de voitures électriques, mais aussi pour de nombreux fournisseurs bien établis comme Bosch, Continental ou ZF. Ils réagissent au durcissement de la concurrence par des fermetures et des licenciements massifs. Rien d'étonnant à ce que l'écart entre les constructeurs automobiles et les sous-traitants ne cesse de se creuser. Depuis 2014, le chiffre d'affaires des sous-traitants en Allemagne a augmenté de 25%, alors que les constructeurs ont progressé plus de deux fois plus, soit de 59%, conclut une analyse du cabinet de conseil et d'audit EY.

Constantin Gall, expert du marché chez EY, dresse un tableau sombre de la situation: «De nombreux sous-traitants sont dos au mur. Si un sous-traitant veut être prêt pour l'avenir, il doit investir massivement dans les nouvelles technologies.» Mais comme la mobilité électrique ne décolle pas comme on le souhaiterait et que le nombre de pièces attendues et nécessaires est loin d'être atteint, cela coûte actuellement beaucoup d'argent au secteur. C'est pourquoi les experts comme Constantin Gall prévoient une consolidation continue de l'industrie, synonyme de programmes d'économie, de licenciements et de fermetures.

Raoul Schwinnen

blick.ch

La France entre impuissance et envie: condamnée au «bal des illusions» ?

 

Comment va la France? Pour tenter de répondre à cette épineuse question, notre voisin a souvent la tentation de se regarder le nombril. La démarche du correspondant de Blick à Paris Richard Werly et de son confrère François d’Alançon, auteurs du «Bal des Illusions – ce que la France croît, ce que le monde voit» (Ed. Grasset), est un vrai bol d’air frais. Car la réponse, les deux reporters l’ont cherchée dans le monde entier, de Washington à São Paulo en passant par New Delhi. Dans les yeux des experts étrangers.

Qu’attend-on (encore) de la France? Quel rôle devrait-elle se donner? En a-t-elle seulement les moyens? Des pistes de réflexion passionnantes se trouvent dans cet essai que Richard Werly complète ici par son éclairage personnel, fruit de sa connaissance pointue de la France et de ses récentes recherches.

Richard, le postulat de ton dernier livre enquête, c’est que la France a perdu en influence. Pour qu’on comprenne bien de quoi on parle, commence par nous dire à quelle époque la France était à l’apogée de sa «puissance» et quelle influence elle exerçait. De quoi est-on nostalgique, en fait?

Un seul nom pour tout résumer: De Gaulle. Bien sûr, la France, notre grand voisin, a connu d’autres périodes d’apogée de sa puissance. On pense à Louis XIV, à Napoléon 1er ou à Napoléon III. Lequel, on le sait peu, avait grandi en Suisse, en Thurgovie. Mais c’est De Gaulle qui a façonné l’imaginaire de la France contemporaine. De Gaulle, c’est la résistance au nazisme, l’indépendance proclamée vis-à-vis de l’allié américain, la prospérité des années Pompidou, la bombe nucléaire et une forme de non-alignement alors bien perçue par les pays du sud. Cette France-là, beaucoup de Français rêvent de la voir revenir. Comme si le pays, en 2024, en avait les moyens. Comme si le monde n’avait pas changé.

Cette perte d’influence, elle est économique? Politique?

La France a subi trois chocs dont elle arrive d’autant moins à se remettre que les répliques se poursuivent et font des dégâts, comme on dit après les tremblements de terre. Premier choc: son économie a perdu sa puissance d’antan. C’est le résultat de la fameuse désindustrialisation que la prospérité du secteur du luxe ne parviendra jamais à compenser. Un choc aggravé, vu de Suisse, par la propension de l’État français à dépenser toujours plus et à s’endetter. Second choc: l’éclatement du monde. La France n’est plus en mesure d’incarner une sorte de troisième voie, alors que des géants comme la Chine ou l’Inde imposent leur agenda. Troisième choc: le pays ne va pas bien sur le plan politique et social. Aujourd’hui, la France entre en ébullition ou en crise presque tous les ans. Ce n’est pas simple, dans ces conditions, d’être respecté et d'apparaître crédible.

Qu’a perdu la France, concrètement?

Elle a perdu en partie sa capacité à répondre aux envies qu’elle suscite. C’est un paradoxe absolu, terrible, qui alimente le pessimisme des Français. Leur pays est envié. La France fait envie. Mais elle n’a plus les moyens économiques, militaires, diplomatiques, de faire la différence. Alors bien sûr, il y a l’Union européenne. Or là aussi, tout a changé. L’Europe d’aujourd’hui n’est plus française. La France reste motrice aux côtés de l’Allemagne. Mais elle n’est plus aux commandes de ce paquebot européen. Ce qu’a perdu la France? Sa capacité à étonner en bien, à surprendre, à impressionner. Depuis le «non» de Chirac à la guerre américaine en Irak, en 2003, la France est devenue beaucoup plus suiviste. Et lorsqu’elle essaie d’être pionnière, comme l'a fait Macron en évoquant le possible envoi de troupes au sol en Ukraine, elle se retrouve vite isolée.

Comment expliques-tu ce déclin?

Par un refus têtu de trancher, et de s’adapter au monde tel qu’il est. Par une conviction très française que le «bricolage» et «l'ingéniosité» française parviendront toujours à remplacer la puissance. Et par les changements survenus dans le monde. Point 1: la France veut continuer de tout faire, d’être une puissance présente partout, sur tous les continents et les océans. C’est possible. Mais présence ne veut pas dire puissance. Un ou deux navires français en Asie-Pacifique ne changeront rien. Son armée est une belle machine, mais vu des Etats-Unis ou de Chine, c'est une armée «bonzaï». Point 2: les dirigeants français pensent toujours qu’ils vont y arriver, à la fin, en «bricolant». C’est un peu le fameux «On n’a pas de pétrole mais on a des idées». Sauf que les idées ne remplacent pas tout. Surtout si elles ne sont pas partagées. Point 3: le monde d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui d’hier. Regardez l’ex-Françafrique, le Sahel etc... Dans ses anciennes colonies, la France donne l'impression de n'avoir plus de leviers.

La France est membre de l’Union européenne, donc une parmi d’autres. N’est-ce pas logique que son influence se soit en quelque sorte diluée?

Logique, sans doute. Mais il y a une maldonne européenne pour la France, entretenue par Emmanuel Macron. Ce jeune président très proeuropéen défend l’idée d’une «Europe puissance» et d’une souveraineté européenne. Sauf qu’il ne dit jamais aux Français ce que cela signifie concrètement pour eux. En clair: il ne dit pas à ses concitoyens que plus la France mise sur l’Union européenne, plus elle doit accepter de compromis avec ses 27 partenaires, et moins elle peut agir seule, en tête, sans en référer aux autres. C’est là que le bât blesse. Au fond, Macron rêve d’une Europe à la française. Or, elle est aujourd’hui hors de portée. Même l’Europe franco-allemande est en piteux état. Alors…

Le sous-titre de l’enquête que tu as réalisée avec François d’Alançon laisse entendre que la France serait aveugle sur son déclin. Est-ce correct? Que croit la France?

D’abord une précision. Nous parlons de la France dans le livre en effet, mais nous décrivons surtout l’état d’esprit et la manière de fonctionner de la classe dirigeante française. C’est cette France-là, celle de la haute administration, qui entretient le mythe de la puissance alors que les faits lui donnent tort. Beaucoup de Français, eux, surtout ceux qui voyagent et vivent à l’étranger, y compris en Suisse, voient bien que la réalité est différente. Ils sont lucides. Tout comme les chefs d'entreprise français. L’aveuglement, c’est celui d’une classe dirigeante qui ne veut pas accepter le déclassement. Un déclassement qui n’est pas fatal, mais qui est réel. Cette élite espère, comme on le dit en Suisse sur le ton de la plaisanterie «continuer de voyager en première classe avec un billet de seconde».

Chaque pays a d’une certaine manière sa «raison d’être» sur la scène internationale. Même si c’est un peu réducteur et pas (ou plus) forcément exact, les États-Unis sont le gendarme du monde, la Suisse essaie d’en être la pacificatrice par les bons offices. C’est quoi le rôle de la France?

Sur le plan politique, c’est d’incarner la différence. D’être capable de dire «non» quand tous ses alliés disent «oui», à commencer par les États-Unis. C’est un peu réducteur, mais c’est cette France-là qui fait envie partout dans le monde. Pour le reste, la France conserve une capacité de séduction sans pareil. C’est un aimant. Elle attire. Ses débats intellectuels, son art de vivre, ses paysages, sa cuisine.... La France danse le «Bal des illusions». Mais beaucoup ont encore envie de danser avec elle.

La France compte un peu moins, mais elle compte tout de même. Quel rôle joue-t-elle très concrètement dans l’ordre mondial actuel?

Est-on sûr que la France compte «tout de même»? Oui, si l’on considère qu’un pays membre permanent du Conseil de sécurité et doté de l’arme nucléaire compte plus que les autres. Et au-delà? Quels sont les théâtres internationaux sur lesquels la France peut faire la différence? Où est-ce qu’on l’attend? Emmanuel Macron, dont l’image internationale reste plutôt bonne, a bien compris cette difficulté lorsqu’il affirme que son pays est aujourd’hui une «puissance partenariale», qu’elle doit faire avec d’autres. Cela s’est avéré très efficace pour les accords de Paris sur le climat en 2015. Disons que la France, pour prendre une image d’athlétisme avant les Jeux Olympiques de Paris cet été, est un très bon coureur de relais. Elle peut encore gagner des courses, mais seulement si elle réunit autour d’elle une équipe de bons relayeurs.

Une France un peu moins puissante, en quoi est-ce un enjeu? On fait un peu moins «cocorico» chez nos voisins, et alors?

Bonne question. Et alors? Le problème n’est pas tant la perte d’influence et de puissance de la France que les conséquences de ces changements pour les Français et pour ceux qui les dirigent. La pilule ne passe pas. Notre grand voisin a besoin de «cocorico». Ses dirigeants aussi. S’affirmer comme une «puissance partenariale», c’est une chose. Mais l’être vraiment, c’en est une autre. Est-ce «partenarial» que de prendre seul des initiatives, ou faire des déclarations intempestives sur l’envoi possible de troupes au sol, comme Emmanuel Macron le fait sur l’Ukraine? C’est ce décalage qui fait mal à la puissance française et à sa crédibilité.

Quand Emmanuel Macron bombe le torse face à la Russie, qu’il balance publiquement des punchlines dans les médias et des uppercuts sur un ring de boxe, c’est donc ça qui se joue: des tentatives de montrer que la France est toujours là?

C’est mon interprétation et celle de la plupart des correspondants étrangers en poste à Paris. Macron veut faire oublier qu’il a d’abord tout fait pour maintenir le dialogue avec Vladimir Poutine, et qu’il a fâcheusement tardé à comprendre que le président russe l’ignorait. Il faut bien voir que le système politique français, hyperprésidentiel, favorise cette dérive ou ces aveuglements. En France, tout remonte plus ou moins au chef de l’État. Et si celui-ci fait une erreur d’analyse, ou cherche à tout prix à briller, c’est l’image du pays qui en paie le prix.

Bomber le torse ainsi, c'est génial, maladroit… ou ringard?

Peut-être qu’on pourrait dire «puéril». Emmanuel Macron est obsédé par l’idée de laisser son empreinte sur le pays et sur l’histoire. Il réforme à la hussarde, aux forceps. Il brusque la société française et son administration. Il va dans une direction, puis dans une autre. Il faut, encore une fois, reconnaître à ce président une lucidité sur l’état de la France. C’est ce que les étrangers aiment en lui. Il faut aussi admettre qu’il représente plutôt bien la France à l’étranger. On l’a vu lors de sa visite en Suisse, très réussie, en novembre 2023. Sauf que le théâtre présidentiel a ses limites.

Quelle est pour toi la figure politique de la Ve République qui a le plus fait rayonner la France?

Il y a bien sûr De Gaulle, comme je l’ai expliqué au début de cet entretien. Puis Mitterrand, parce qu’il a su constituer un formidable tandem européen avec Helmut Kohl, complété par l’efficacité de Jacques Delors à la tête de la Commission européenne. On pense au rayonnement que le «Non» de Jacques Chirac à la guerre américaine en Irak, là aussi aux côtés du chancelier Schröder, a eu dans le monde. Et depuis? Le problème est que la réponse à cette question est paralysante. Faire toujours référence à De Gaulle, c’est placer la France dans un piège permanent qui se referme sur elle. On l’a bien vu lorsque François Hollande a tenté d’imposer l’idée d’un «président normal». Le pays et les Français ne l’acceptent pas. D’où le gros problème aujourd’hui: lorsqu’on parle de rayonnement, la France regarde derrière. Vers son passé. Alors qu’elle devrait être obnubilée par une seule préoccupation: comment rayonner à l’avenir.


«Le bal des illusions» de Richard Werly et François d'Alançon (Ed. Grasset)

Michel Jeanneret

dimanche 21 avril 2024