Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

dimanche 18 octobre 2015

"Er ist wieder da"




Le livre a été publié au prix de 19.33 euros en référence à l'année d'arrivée au pouvoir d'Hitler. En mars 2014, le livre s'est vendu à 1,4 millions d'exemplaires en Allemagne. En janvier 2013, le livre était traduit en dix-sept langues.

Une traduction en français de Pierre Deshusses, Il est de retour, a été publiée en mai 2014 chez Belfond.

Le film tiré du roman est une narration entreprise par Hitler lui-même de ses déboires et de ses succès à l'heure actuelle. Le comique repose d'abord sur l'anachronisme des réactions d'Hitler et sur ses réactions souvent paradoxales face à ceux qui l'adulent ou le haïssent aujourd'hui (critique du NPD, admiration pour le mouvement écologique, etc. Sa verve et ses capacités de répartie sont pour une grande part dans son succès.

Le 30 août 2011, Adolf Hitler se réveille dans un terrain vague à Berlin sans aucun souvenir de ce qui s'est passé depuis fin avril 1945. Sans abri et sans ressources, il interprète tout ce qu'il voit en 2011 avec un regard « nazi » (ainsi, il suppose que les Turcs d'Allemagne indiquent que Karl Dönitz a persuadé les Turcs de rejoindre les forces de l'Axe, de même il pense que l'origine du nom Wikipedia provient de Wikinger) et bien que tout le monde le reconnaisse, personne ne croit qu'il est vraiment Adolf Hitler. À la place, ils pensent que c'est un comédien, ou un acteur de méthode. Dès lors, les vidéos de ses coups de gueule télévisuels deviennent d'énormes succès sur YouTube, obtenant ainsi le statut de célébrité moderne en tant qu'interprète.

Peut-on rire avec Hitler ?



La couverture, elle, est une réussite incontestable. Sur fond blanc, la mèche brune et la petite moustache carrée se voient de loin et ne laissent planer aucun doute sur l'objet du livre. En s'approchant, le passant remarque d'ailleurs que la moustache n'en est pas une mais qu'elle est formée par le titre écrit en caractères petits mais très gras : "Er ist wieder da"

Avant même d'avoir ouvert le livre, l'acheteur va difficilement réprimer un premier sourire en passant à la caisse. 19,33 euros : un clin d'oeil à l'arrivée des nazis au pouvoir dont chacun appréciera la finesse.

Nous voilà prévenus : grâce à ce roman, nous allons passer un bon moment avec Hitler. Ce n'est certes pas la première fois : Charlie Chaplin eut le courage de tourner Le Dictateur dès 1940, mais cela produit toujours son petit effet, surtout en Allemagne.

D'ailleurs, pour que le lecteur comprenne bien qu'il a un véritable brûlot entre les mains, l'éditeur explique, dès la page de garde, l'objet du scandale. Au fil du livre, "le lecteur se surprend de plus en plus souvent à ne plus rire sur Hitler mais avec lui. Rire avec Hitler, c'est possible ? A-t-on le droit au juste ?".

FICELLE TROP GROSSE

Rarement un éditeur aura autant mâché le travail des journalistes. Un peu trop ? Paru en septembre 2012, ce roman a, dans un premier temps, plutôt été ignoré par la presse. La ficelle était sans doute trop grosse. D'ailleurs Hitler fait de moins en moins vendre. Mais, dans le cas du roman de Timur Vermes, journaliste devenu "nègre" depuis 2009, le public en a décidé autrement. Er ist wieder da figurait manifestement en bonne place dans les cadeaux de Noël, au point que ce roman est désormais en tête des ventes.

Son éditeur fait état, pour le moment, de 456 000 ventes auxquelles il convient d'ajouter 135 000 audiolivres. Vingt-sept maisons d'édition étrangères en ont déjà acquis les droits, dont Belfond pour la France. Manifestement, les éditions Lübbe - davantage connues pour leur sens du marketing que pour la qualité littéraire de leur production - n'ont pas perdu de temps avant d'imprimer leur marque à Eichborn, un ancien éditeur proche de l'extrême gauche qu'elles rachetèrent en novembre 2011 alors qu'il allait déposer le bilan.

L'originalité est double : l'histoire se passe en 2011 et elle est racontée par Hitler lui-même à la première personne du singulier. Le Führer, en effet, n'est pas mort en 1945. Le voilà qui se réveille en 2011 à Berlin, pas vraiment au courant des événements qui se sont produits ces soixante-six dernières années. Il a beau expliquer qui il est, les Allemands qu'il croise le prennent pour un acteur. Un producteur de télévision l'invite même sur un plateau. L'homme se taille un franc succès à cette occasion, au point, à la fin, d'envisager d'écrire un livre et de se lancer en politique. Pour l'auteur, Timur Vermes, l'intérêt du roman, on l'aura compris, est de faire réfléchir le lecteur : un nouvel Hitler pourrait resurgir aujourd'hui.

GAGNER DE L'ARGENT PAR TOUS LES MOYENS

Le succès du livre repose sans doute sur d'autres ressorts : confrontant Hitler à l'Allemagne "multi-kulti" du XXIe siècle, le roman multiplie les quiproquos cocasses. La retranscription des dialogues entre Hitler, avec son langage d'une autre époque, et ses interlocuteurs aux multiples dialectes est souvent savoureuse. De même, les rencontres imaginaires entre Hitler et certains responsables politiques bel et bien réels, comme Renate Künast, députée écologiste, sur un plateau de télévision, sont bien menées.




Frédéric Lemaître