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mardi 18 juillet 2017

Ce que la Suisse attend de la France d'Emmanuel Macron


Doris Leuthard est à Paris mardi pour donner un nouvel élan aux relations franco-suisses. Avec Emmanuel Macron, un président hors sérail et connaisseur du pays, la Suisse est pleine d’espoirs


Il y a eu le «c’est qui?» de Jacques Chirac par rapport au conseiller fédéral Flavio Cotti. Puis Nicolas Sarkozy qui, alors ex-président, avait qualifié le système gouvernemental helvétique de désuet, alors même qu’il se trouvait dans un forum international à Interlaken (BE). François Hollande, bien que tout amour avec la Suisse lors de sa visite d’Etat en 2015, avait eu de la peine à faire oublier les déclarations assassines de certains de ses ministres, dont Arnaud Montebourg et Michel Sapin.

Alors forcément, deux ans plus tard, la rencontre entre Emmanuel Macron et Doris Leuthard mardi à l’Elysée est attendue avec curiosité et espoir côté helvétique. Car le nouveau président français ne semble pas indifférent à la Suisse. Il la cite parfois en exemple. Il y a fait des affaires avant d’être président. Pour Nestlé, l’un de ses principaux clients lorsqu’il travaillait pour la banque Rothschild, il a négocié le rachat de Pfizer Nutrition. Les Suisses le voient comme l’homme décomplexé de l’économie nouvelle qui pourrait ouvrir une nouvelle ère dans les relations bilatérales.

Dépasser les clichés

Lors de la réception du 14 juillet à l’ambassade de France à Berne, le député de La République en marche Joachim Son-Forget a rappelé l’existence de liens entre Emmanuel Macron et la Suisse. De quoi, selon le représentant des Français de Suisse à l’Assemblée nationale, permettre de dépasser les clichés et d’approfondir les relations entre les deux pays. Les planètes seraient-elles alignées? Le nouveau secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, a lui-même travaillé à Genève.

A titre personnel, à ses frais et en ayant averti la diplomatie helvétique – précise-t-il bien – le conseiller national Guillaume Barazzone (PDC/GE) l’a rencontré de manière informelle la semaine dernière, comme l’a rapporté la Tribune de Genève. L’élu genevois résume: «L’Etat français a une nouvelle administration et la Suisse s’est mise aux standards internationaux en matière fiscale. Cela crée une opportunité, celle d’écrire une nouvelle page dans un livre presque blanc et de l’écrire de manière positive.» La Suisse nourrit des attentes sur au moins cinq chapitres.

Les principaux sujets de discussion

■ L’Europe
Première mission pour Doris Leuthard: expliquer à Emmanuel Macron l’application eurocompatible de l’initiative «Contre l’immigration de masse», la fameuse préférence aux chômeurs indigènes. Le concept a convaincu la Commission européenne. Mais les Etats membres restent sceptiques. Corollaire: une dizaine de dossiers importants pour la Suisse restent bloqués au niveau européen. Doris Leuthard ne manquera pas de rappeler le rôle que joue la prospère Helvétie au cœur de l’Europe, et plus prosaïquement les 170 000 frontaliers français employés en Suisse. Mais le président français, qui affirmait récemment au Temps que l’«Europe n’est pas un supermarché», voudra de son côté s’assurer que la Suisse ne fait pas du surplace dans sa relation avec l’UE, qu’elle a bien l’intention de conclure un accord-cadre institutionnel. Exercice de haute voltige pour Doris Leuthard.

■ Le climat et l’énergie
La sortie du nucléaire et la transition énergétique occuperont également l’heure que Doris Leuthard et Emmanuel Macron passeront ensemble. La Suisse attend de la France qu’elle tienne sa promesse de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim à la frontière avec les cantons de Bâle et du Jura. La fin des activités de la centrale alsacienne a certes été actée en avril dernier. Mais le coût du démantèlement et les demandes de compensations d’EDF pourraient s’inviter dans les discussions présidentielles. Sur le climat, Berne, signataire de l’Accord de Paris, veut continuer à jouer les bons élèves. La Suisse industrielle innovante et les collaborations en matière de cleantechs pourraient séduire Emmanuel Macron.

■ La fiscalité
Les problèmes récents au niveau de l’entraide administrative fiscale ont été réglés au niveau technique entre la Suisse et la France. Le dialogue fiscal entre Emmanuel Macron et Doris Leuthard devrait donc porter essentiellement sur l’échange automatique d’informations qui entrera en vigueur en 2018 avec tous les pays de l’Union européenne. La Suisse collecte des données depuis 2017 mais ne les échangera qu’à partir du 1er janvier. Qu’est-ce que Paris peut en attendre? La France est très intéressée. La Suisse souhaiterait de son côté étendre et sécuriser l’accès transfrontalier aux marchés en matière de services.

■ La sécurité
Lutte contre le terrorisme, engagement de la Suisse en Ukraine, situation au Proche-Orient et dans la région du Golfe: les sujets géostratégiques figurent au cœur des entretiens présidentiels, davantage que les problèmes de cuisine interne. Une exception peut-être? A la fin de l’été, le Conseil fédéral devra se prononcer sur l’avenir de la défense aérienne et l’achat de nouveaux avions de combat. Une telle acquisition et les montants liés – estimés entre 4 et 18 milliards de francs – représentent des aubaines pour les pays producteurs – dont la France et son Rafale – et des opportunités diplomatiques pour l’Etat acquéreur.

■ Projets transfrontaliers
Cher au cœur des Romands, le développement de projets transfrontaliers devrait davantage être abordé lors de la rencontre entre Doris Leuthard et le premier ministre Edouard Philippe, mardi après-midi. Un accord a été trouvé pour régler le différend fiscal à l’aéroport de Bâle-Mulhouse mais il reste à appliquer. Du côté de Genève, le grand espoir est de dynamiser la relation ferroviaire Zurich-Genève-Lyon et d’asseoir la traversée du lac comme projet transnational, explique Guillaume Barazzone.

Lise Bailat