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jeudi 28 juin 2018

Joaquin Murrieta, l'homme qui inspira le mythe de Zorro


Les actions et les revendications de Joaquin Murrieta lui valent rapidement le surnom de « Robin des Bois mexicain »


Zorro fait assurément partie des icônes culturelles majeures du 20e siècle. Bien qu’il s’agisse d’un personnage de fiction, son histoire s’inspire des vies de trois hommes bien réels : Juan Nepomuceno Cortina, Tiburcio Vasquez… et surtout Joaquin Murrieta, le justicier mexicain qui faisait trembler la Californie.

Joaquin Murrieta naît vers 1829 à Hermosillo, dans l’État de Sonora au Mexique. Bien que les informations concernant sa jeunesse soient peu nombreuses, on sait qu’il se rend ensuite en Californie vers 1850, espérant y faire fortune alors que la ruée vers l’or bat son plein. Là-bas, il est rapidement confronté au racisme, ce qui le pousse à se rebeller contre la société américaine et ses règles.

Il se bat pour que les droits des amérindiens, qui possèdent plusieurs mines d’or dans les régions exploitées illégalement par les américains, soient respectés, et finit par devenir lui-même un chercheur d’or prospère. Cela ne manque pas d’attiser la jalousie des colons blancs, qui vont jusqu’à violer sauvagement sa femme sous ses yeux pour se venger.

Dans les années 1850, la ruée vers l’or attire en Californie des aventuriers venus du monde entier


Lorsqu’il apprend qu’un gang de voleurs de chevaux sévit en Californie, il décide de le rejoindre, et ses membres l’aident en retour à traquer et tuer méthodiquement la plupart des hommes qui s’en sont lâchement pris à ses proches. C’est le début de « La Bande de Murrieta », qui s’attaque également aux trains de marchandises circulant dans la région.

Au cours de ces attaques, Murrieta et ses hommes tuent au moins 14 mineurs américains et 28 mineurs chinois, ce qui n’empêche pas les gens vivant dans les villages alentours de les protéger. Joaquin Murrieta est l’exemple même du héros populaire s’étant tourné vers une vie de crime après qu’un groupe de mineurs américains a violé sa femme et pendu son demi-frère. Une véritable figure romanesque qui a juré de venger les atrocités dont sa famille a été victime et de combattre les injustices par tous les moyens.

En 1853, les autorités de l’État de Californie enrôlent un groupe d’hommes connu sous le nom de « California Rangers » afin de débusquer et de tuer Murrieta et sa bande. Il s’agit en fait d’un groupe de vétérans de guerre s’étant illustrés durant la guerre américano-mexicaine. Ceux-ci se voient offrir la coquette somme de 150 dollars par mois, et 1 000 dollars leur sont promis s’ils parviennent à tuer Murrieta.

Le 25 juillet de cette même année, les « California Rangers » affirment avoir tué Joaquin Murrieta et au moins deux de ses hommes. Ils prétendent l’avoir décapité et avoir plongé sa tête dans un bocal, afin de l’exposer à travers toute la Californie.

Mais si l’on en croit l’article publié par le San Francisco Alta le 23 août 1853, cette dernière n’est pas celle du justicier mexicain : « Il y a quelques semaines, un groupe de bandits principalement composé de mexicains originaires de l’État de Sonora a commencé à se rendre dans la vallée de Tulare afin d’y voler des chevaux. Trois d’entre eux ont reconnu avoir été attaqués par un groupe de rangers américains, qui ont abattu Joaquin Valenzuela, leur chef, ainsi que quatre de ses hommes. La tête de Valenzuela, présentée comme étant celle de Murrieta, a ensuite été exhibée comme un véritable trophée à Stockton, mais ceux qui ont eu la chance de croiser le chemin du justicier mexicain ont affirmé qu’il ne s’agissait pas la sienne. »

Affiche publicitaire invitant les habitants de Stockton à venir contempler la tête de Murietta


En 1879, c’est cette fois la sœur de Murrieta qui prétend que la tête se trouvant dans le bocal n’est pas celle de son frère et affirme avoir refusé de s’exprimer plus tôt afin de permettre à son frère de quitter la région. Malheureusement, ses affirmations ne pourront jamais être confirmées, puisque la tête en question sera détruite durant le terrible incendie provoqué par le tremblement de terre qui ravagera la ville de San Francisco en 1906.

Suite à la disparition de Joaquin Murrieta, c’est Procopio, son neveu, qui prend la relève et devient l’un des bandits les plus craints de l’Ouest américain entre 1860 et 1870. Ce dernier affirme défendre les idéaux de son oncle et combattre les injustices dont son peuple est victime.

La légende des Murrieta se répand à travers tous les États-Unis, et celle-ci inspire l’écrivain Johnston Mc Culley qui publie « Le Fléau de Capistrano » en 1919, roman dans lequel apparait pour la première fois le personnage de Zorro, justicier masqué qui protège les pauvres et les opprimés et punit les riches.

Sorti en 1920, le film « Le Signe de Zorro » est la première des nombreuses adaptations cinématographiques reprenant le personnage créé par Johnston Mc Culley


Personnage contradictoire et complexe, Joaquin Murrieta était autant admiré que détesté. Certains le considéraient, à juste titre, comme un bandit meurtrier, tandis que d’autres voyaient en lui un grand patriote et un justicier prêt à tout pour défendre les intérêts des plus faibles. Quoi qu’il en soit, sa sombre histoire de vengeance n’a eu de cesse d’inspirer écrivains et poètes au fil des décennies, qui ont contribué à pérenniser sa légende.

Yann Contegat