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lundi 26 novembre 2018

Le gouvernement français tente de diaboliser les «gilets jaunes»


«Séditieux de l’ultra-droite», «peste brune»: dans la majorité, les éléments de langage sont clairs: mettre les violences des «gilets jaunes» sur le compte de la présidente du Rassemblement national. Mais, pour l’instant, aucune force politique n’est en mesure de récupérer l’inclassable mouvement
(Photomontage de scène de guerre civile à Paris)


En marge des manifestations de «gilets jaunes», émaillées de dérapages violents, le ministre français de l’Intérieur Christophe Castaner est passé directement de la case «maintien de l’ordre» à la case «offensive politique». Et l’on peut douter qu’il l’ait fait sans avoir recueilli la bénédiction d’Emmanuel Macron.

Marine Le Pen mise en cause

Alors que les incidents éclataient à Paris, il a directement mis en cause la présidente du Rassemblement national (ex-Front national), Marine Le Pen, l’accusant d’avoir appelé à manifester sur les Champs-Elysées et d’avoir ainsi ouvert la voie à des «séditieux de l’ultra-droite».

La réalité est plus complexe. Marine Le Pen s’est en effet interrogée en fin de semaine dernière sur le fait que les «gilets jaunes» n’auraient pas droit à ce qu’on appelle «la plus belle avenue du monde» (du moins quand il n’y a ni casse, ni incendie, ni barricade). Mais elle n’a pas formellement appelé à manifester. Elle n’a d’ailleurs participé à aucun rassemblement, certains de ses proches s’en chargeant à sa place. L’un d’eux, Jean-Lin Lacapelle, est même allé jusqu’à qualifier Emmanuel Macron de «dictateur».

Un piège grossier

Si l’on entendait bien dans la manifestation des «On est chez nous», le cri de ralliement des troupes lepénistes, on y voyait aussi des militants de La France insoumise, des nostalgiques brandissant le portrait de Che Guevara. On y voyait surtout des «gilets jaunes» sans appartenance politique, lassés de tout, déçus par tous, qui ont tendance depuis quelques jours à passer de la demande de baisse des taxes à la démission d’Emmanuel Macron.

Le piège tendu par le président de la République et sa majorité (le ministre Gérald Darmanin a évoqué «la peste brune») est gros comme une maison: tenter d’imposer l’idée que le mouvement des «gilets jaunes» est une affaire de l’extrême droite et que la politique française se résume à un face-à-face entre Marine Le Pen et lui-même, entre «les nationalistes» et les «progressistes», à six mois des élections européennes.

Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ne s’y est pas trompé, réagissant dare-dare aux propos de Christophe Castaner sur le thème: nous aussi nous sommes là, nous aussi nous voulons faire la révolution. Comme le disait Jean Cocteau, «puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur…».

Plus de 1550 manifestations dans les régions

Les autres dirigeants de partis sont quant à eux absents: on n’a pas vu le président des Républicains, Laurent Wauquiez, pendant le week-end. Les porte-parole de La République en marche, incapables depuis dix-huit mois d’organiser sur le terrain des relais à la politique gouvernementale, répètent les éléments de langage habituels. Le Parti communiste, lui, tenait son congrès dans la plus grande indifférence en banlieue parisienne…

Tout le monde est dépassé. Et le plus important, samedi, se déroulait davantage en province qu’à Paris où la mobilisation, malgré des images impressionnantes de violence, est restée très modeste. Dans les régions françaises, plus de 1500 points de manifestations ont tenu toute la journée de samedi, parfois jusqu’à la nuit, certains remettant ça dimanche matin. Sans forcément bloquer les routes mais avec des opérations-escargots ou des barrages filtrants, au grand dam des commerçants qui, à un mois de Noël, voient fondre leur chiffre d’affaires.

(Photomontage de scène de guerre civile à Paris)



La promesse d'«une réponse claire»

Emmanuel Macron semble tenté de jouer le pourrissement du conflit, mais pourra-t-il vraiment en sortir sans faire quelques concessions? Réponse mardi, puisqu’il doit présenter le «plan de programmation pluriannuelle de l’énergie», avec notamment l’annonce de la création d’un «Haut Conseil pour le climat» peu susceptible de faire baisser la température.

Dimanche, il n’était toujours pas question de renoncer, même provisoirement, à la nouvelle augmentation des taxes sur le diesel et l’essence prévue le 1er janvier 2019. Le président de la République, en marge du sommet de Bruxelles, a promis de donner «une réponse claire aux classes moyennes et laborieuses», des réponses «économiques et sociales mais aussi culturelles et de sens». En gros: fixer le cap et l’expliquer aux Français par un «discours de la méthode». Il aurait peut-être fallu commencer par là.

Des fractures sociales qui ne cessent d’augmenter

Le travail de pédagogie pourrait cependant ne pas suffire. Car les fractures françaises ne remontent pas à l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Le politologue Jérôme Fourquet, chercheur associé à la Fondation Jean-Jaurès, les fait remonter, dans une interview au Parisien, au non des Français au référendum sur la Constitution européenne en 2005. Dix ans plus tôt, en 1995, un candidat à l’élection présidentielle avait aussi été élu après avoir identifié une «fracture sociale». C’était Jacques Chirac. Mais ses deux mandats successifs à l’Elysée n’ont rien réglé.

Depuis, le Front national et plus récemment La France insoumise n’ont cessé de progresser: à eux deux, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont recueilli 40% des voix au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017. Le 26 mai 2019, au soir des élections européennes, on risque d’entendre les habituels cris d’orfraie devant la montée des extrêmes et le nombre record d’abstentionnistes, comme après chaque élection depuis plusieurs décennies. Pendant ce temps-là, les fractures continuent de s’agrandir.


Les personnes interpellées ne sont pas d'«ultra-droite», mais d'«ultra-gauche»

Selon les informations de RTL le 26 novembre, les profils des personnes interpellées lors de la manifestation des Gilets jaunes à Paris le 24 novembre ne correspondraient pas vraiment aux premières déclarations du ministre l'Intérieur, Christophe Castaner, qui a pointé des casseurs appartenant à l'«ultra-droite».

Parmi les 101 individus arrêtés par les forces de l'ordre, on trouve surtout des profils associés à l'«ultra-gauche» selon les informations de cette radio qui se fondent sur les symboles arborés par les mis en cause au moment de leur interpellation. Par ailleurs, une «immense majorité des manifestants placés en garde à vue sont considérés comme des "suiveurs"», toujours selon cette source qui précise : «Entendez par là des hommes et des femmes venus de régions et sans antécédent judiciaire, qui se sont laissé griser par des leaders plus radicaux».

Une description également très éloignée de celle que livrait Gérald Darmanin dans l'émission Le Grand jury qui déplorait l'étalage d'une «peste brune» dans les manifestations.

Pour sa part, Europe 1 écrivait le 24 novembre que 130 personnes avaient été placées en garde à vue lors de la mobilisation de samedi à travers toute la France, mais seulement 69 à Paris. Cette source ajoutait par ailleurs qu'aucun activiste d'extrême-droite ne figurait parmi les personnes interpellées.

Et de préciser : «Selon nos informations, parmi les gardés à vue, un profil domine : l’homme européen, inconnu des services de police, âgé de 25 à 40 [ans] en moyenne, venu de province.»

La radio ne précise cependant pas à quelle description physique correspond l'expression «homme européen».

Des policiers avec les Gilets jaunes

Capture d'écran Facebook du Collectif autonome des policiers d'Ile-de-France


«Opération Gilets jaunes police». Sur Facebook, des policiers, dont certains avaient participé à la manifestation des «policiers en colère» en 2016 ont lancé un défi : se prendre en photo avec un gilet jaune siglé «police», en signe de solidarité.

Le 25 novembre, au lendemain de l'impressionnante manifestation contre la hausse des prix des carburants, qui a notamment eu lieu à Paris, le Collectif autonome des policiers d'Ile-de-France a décidé d'afficher son soutien au mouvement des Gilets jaunes en endossant la veste de sécurité jaune estampillée «police».

Dans une photographie postée sur le compte Facebook du collectif, on peut voir des policiers dans la cour de leur commissariat qui posent de dos. Le cliché est accompagné d'un texte dans lequel ces gardiens de la paix lancent un défi à leurs collègues : un concours photo, gilets jaunes sur le dos, en compagnie d'autres collègues.

Et les policiers en colère de proposer de poser «devant un véhicule ou un bâtiment police», mais également en compagnie d'autres services d'urgence et de sécurité : «Si vous aussi vous êtes en détresse dans la police à cause du management carriériste, du manque de moyens, du manque d'effectifs, des décisions de justice laxistes, du manque de volonté politique, de l'individualisme grandissant dans notre profession... Enfilez votre plus beau gilet jaune fourni par l'administration ! Prenez-vous en photo (avec vos collègues) devant un véhicule ou un bâtiment police et envoyez-nous votre photo sur notre Facebook en MP ou mail.»

«Comme on ne bosse jamais en solo sur la VP [voie publique], n'hésitez pas à vous prendre en photo avec nos amis pompiers, gendarmes, policiers municipaux, douaniers, agents pénitentiaires et montrons nous aussi notre mécontentement qui couve depuis des années. Ne soyons pas résignés, les choses peuvent changer grâce à vous, collègues et citoyens. Solidarité totale avec la France d'en bas dont nous faisons partie !», poursuit le texte.



En grande partie à l'origine du mouvement des policiers en colère dont les membres avaient défilé sur les Champs-Elysées en 2016 après les violences anti-police de Viry-Châtillon, le Collectif autonome des policiers d'Ile-de-France fait partie des mouvements spontanés qui se sont créés au sein des forces de l'ordre, à l'instar de la Mobilisation des policiers en colère dont la présidente, Maggy Biskupski s'est récemment suicidée et l'Union des policiers nationaux indépendants (UPNI).

Ces mouvements avaient annoncé leur solidarité avec le mouvement des Gilets jaunes dès le début du mois de novembre tout en précisant qu'ils se désolidariseraient de toute forme de violence. Le syndicat Unité SGP-police avait également déclaré une opération zéro PV le 17 novembre pour la première manifestation des Gilets jaunes.

Un automobiliste heurte intentionnellement plusieurs Gilets jaunes à Montpellier

Dans le cadre de la mobilisation des Gilets jaunes, un automobiliste a multiplié les manœuvres brutales en direction de manifestants positionnés autour d'un rond-point, dans la ville de Montpellier. Deux personnes ont été blessées.

La scène s'est déroulée à Montpellier, dans la soirée du 24 novembre, deuxième journée marquante de la mobilisation du mouvement des Gilets jaunes. Visiblement à bout de nerfs, un chauffeur a multiplié les manœuvres brusques en direction des personnes positionnées autour du rond-point du «Grand M».

Deux hommes, âgés respectivement de 45 et de 60 ans, ont été blessés et rapidement pris en charge par les secours. Selon les informations des sapeurs-pompiers de l'Hérault relayées par France Info, l'un souffre d'une fracture au tibia, l'autre de la main. Trois ambulances, deux infirmiers et un véhicule de désincarcération ont été dépêchés sur place.

Avec plus d'un million de vues en moins de 20 heures sur un des comptes Facebook à partir desquels elle a été publiée, la vidéo a été massivement visionnée sur les réseaux sociaux.





Les gilets jaunes préparent leur «Acte 3» à Paris

Dimanche, sur leur compte officiel Facebook, les «gilets jaunes» disent vouloir passer à passer à l'«Acte 3» samedi 1er décembre, à «14H sur les Champs-Elysées». Avec pour revendication d'«exiger» d'Emmanuel Macron «1, plus de pouvoir d'achat, 2, l'annulation des taxes sur les carburants». «Sinon, En Marche vers la démission de Macron», est-il écrit.

«Aucune casse et 5 millions de Français dans la rue», ajoute la page, proposant de mettre en place des «gilets rouges» pour éviter tout débordement. Dimanche vers midi, 18'000 personnes se disaient «participants» à cet événement et 14'000 intéressées.

A titre de comparaison, plus de 36'000 personnes s'étaient déclarées «participants» à l'«Acte 2» lancé sur Facebook et qui a eu lieu samedi principalement aux Champs-Elysées (l'appel initial concernait la place de la Concorde, mais son accès n'avait pas été autorisé par les autorités). Ce rassemblement, émaillé de violences, a réuni 8000 personnes selon le ministre de l'Intérieur.

En Bretagne, des manifestants appellent sur Facebook à créer des perturbations »sans gêner les automobilistes« et »sans dégradations«, par exemple en mettant des sacs poubelles sur les radars ou en créant des opérations »parking gratuit«.

Béatrice Houchard