Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mardi 25 juin 2019

Le langage des cloches


Parties de la cloche : 
1. joug, 2. anses, 3. cerveau, 4. épaule, 5. robe, 
6. panse, 7. pince, 8. lèvre inférieure, 9. battant, 10. faussure



Le « message » transmis par la sonnerie d'une cloche ou d'un ensemble de cloches s'appuie sur trois composantes :


  1. la sonorité de la cloche
  2. la modalité et le rythme de frappe sur celle-ci
  3. le nombre de cloches mises en œuvre simultanément ou successivement.

Les principales manières de sonner les cloches sont :

  1. Le tintement. Sous catégories : tintement des heures, angélus, tocsin, glas.
  2. Le carillon. Sous catégories : carillonnement avec clavier manuel à bâton frappé (en anglais carillon), carillonnement électrique ou électronique automatisé (en anglais chime). Carillonnement manuel par cordes (Russie, nord de l'Italie, Grèce).
  3. La volée. Sous catégories : volée de messe, volée de mariage, volée d'utilisation civile (midi par exemple). Sans prendre en compte les différents types de volées dans le détail, il me parait nécessaire d'aborder la volée tournante.

Les combinaisons possibles autorisent donc un nombre assez grand de « messages ». Mais pour qu'un son devienne « signe », il est nécessaire qu'émetteur et récepteur accordent la même signification au signe transmis. Cette signification est connue par la tradition.


  • La sonnerie horaire : le choix de la cloche et le nombre de coups permettent d'indiquer à distance l'heure qu'il est, au quart d'heure prés. 
  • La sonnerie du couvre-feu (appelée parfois « Salve ») : cloche spécifique ; sonnerie à la volée assez longue ; encore en vigueur dans quelques villes françaises (Strasbourg, Pont-Audemer...) ; annonce la fin de la journée, la fermeture des portes de la ville, des boutiques ou des cabarets.
  • L'Angélus : 3 tintements suivis d'une volée ; trois fois par jour (7h30 / 12h / 18h30), pour appeler le peuple à la prière (histoire de l'Angélus). A l'origine, le Pape Urbain II avait ordonné pendant la première croisade de prier la Vierge à midi pour ceux qui étaient partis défendre le tombeau du Christ. Le roi Louis XI ordonna en 1472 de faire sonner l'angélus dans tout le Royaume le matin, à midi et le soir. Depuis, cette pratique s'est répandue en France et dans les autres pays. Certains attribuent aussi la création de l'Angélus à François d'Assise qui lors de son voyage en Orient eut l'idée de créer un appel à la prière des catholiques, semblable à l'appel à la prière des musulmans. 
  • Les Offices religieux : autrefois dans les monastères, chacun des sept offices de la journée faisait l'objet d'une sonnerie spécifique ; normalement, le nombre de cloches mises en volée varie selon le degré de solennité et donc selon le calendrier liturgique (la cloche « La » pour les jours ordinaires, le « plenum » - totalité des cloches disponibles - pour les grandes fêtes. Dans certaines régions françaises, la fête de Noël est précédées pendant plusieurs jours par des sonneries particulières (le « Nadalet »).
  • Le Tocsin : jusqu'à la mise en place des sirènes municipales, il revenait au sonneur de « toquer » la cloche pour alerter la population lors de menaces d'invasion ou le début d'incendies ; cela se traduit par un tintement à rythme rapide ; après la première volée, le nombre de coups indique la direction du sinistre ; il existe aussi une tradition de sonnerie pour annoncer ou faire fuir les orages.
  • Le Nadalet : est sonné huit jours avant Noël, soit à compter du 17 décembre jusqu’au 24 décembre avant la messe de minuit. Tous les soirs, deux heures après l’angélus, les cloches sont sonnées sans interruption (comme l’angélus : un coup de grosse cloche, un coup de petite) pendant vingt minutes, voire une demi-heure. Cette sonnerie symbolise le temps de joie de Noël qui approche, succédant au temps de l’Avent pendant lequel il est demandé de faire des efforts (sur soi-même et envers les autres) en vue de se préparer à la fête de la Nativité. (« Préparons-nous à recevoir l’amour de Jésus. »).
  • La Toussaint : la procession au cimetière est accompagnée de la sonnerie du glas (3 coups et 1).
  • L'abandon d'un enfant : autrefois, on tintait une cloche spécifique pour annoncer qu'un enfant venait d'être abandonné ; la sonnerie durait jusqu'à ce qu'un parrain d'adoption se manifeste.
  • Le Glas (annonce d'un décès) : c'est sans doute la sonnerie la plus codifiée ; selon les régions, le code peut varier, mais il s'agit d'indiquer à la population, par le nombre de coups, non seulement qu'il y a eu un décès mais aussi s'il s'agit d'un homme ou d'une femme ou encore d'un enfant ou d'un ecclésiastique (par exemple 3 fois 3 coups puis la grande volée avec la grosse cloche pour le décès d'un homme, et 2 fois 3 coups puis la grande volée pour une femme et 1 fois 3 coups pour un enfant). Le glas pour une personne religieuse est de 4 fois 3 coups, glas pour le Roi ou le Pape est de 5 fois 3 coups.
  • La convocation : le rôle de la « bancloque » ou cloche banale (communale) est d'annoncer les séances communales (convocation des magistrats ou des conseillers de la ville) ; cette cloche (hébergée dans les villes dans un beffroi) servait aussi pour rassembler la population sur la place au pied du beffroi et leur transmettre certaines informations la concernant.
Les ordonnances de sonnerie : 

On ne sonne pas les cloches d'église n'importe comment ni n'importe quand… ! Voix sonore qui accompagne les offices et les événements cultuels, l'ensemble campanaire obéit à un véritable « langage » qui permet à la communauté qui l'entend de distinguer l'ordinaire du festif, les moments heureux des moments tristes. Il faut donc réglementer ou codifier les sonneries. On parle d'ordonnance de sonnerie.

Dès le Moyen Âge, toutes les églises cathédrales, collégiales ou abbatiales, de même que la plupart des grandes églises paroissiales, étaient dotées d'ordonnances de sonnerie. A chaque type de fête correspondait un rituel d'annonce propre, en principe composé de trois sonneries distinctes (le plus souvent espacées entre elles d'un quart d'heure), chacune étant réalisée avec une ou plusieurs cloches déterminées. Ce code était généralement commun aux vêpres et aux messes chantées (ainsi qu'aux matines, pour les églises soumises à l'office canonial).

De même, une distinction était toujours opérée entre les différentes messes, une messe basse (c'est-à-dire une messe uniquement lue) n'étant pas annoncée de la même manière qu'une messe chantée ou qu'une messe solennelle. On comprendra donc aisément qu'une ancienne ordonnance de sonnerie sera un outil de travail précieux mais devra toujours être confrontée à la liturgie en vigueur et aux usages actuels. Le but essentiel d'une ordonnance de sonnerie est l'identification.

En effet, elle permet aux fidèles de reconnaître facilement les différentes cérémonies qui se déroulent à l'église, tout comme les moments importants, tant de la journée que de l'année liturgique. Les cloches remplissent alors pleinement leur fonction de messagères.

Pour établir une ordonnance de sonnerie cohérente et qui tienne compte de la musicalité des cloches, il convient de faire appel à un campanologue ; celui-ci effectuera un travail de recherche préalable, consistant d'une part à collecter des renseignements sur les cloches, d'autre part à s'informer sur les anciennes traditions de sonnerie et les usages liturgiques du lieu.


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Egger Ph.