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dimanche 12 octobre 2008

L'art de la dégustation du cigare

On compare souvent la dégustation du cigare à celle du vin, mais le "savoir fumer" est largement plus facile à maîtriser. En suivant quelques règles fondamentales le fumeur de cigare pourra retirer le plus grand plaisir de la découverte d'une vitole.


Nous allons poser les bases qui vous permettront de savourer un cigare dans les règles de l'art. De nombreuses variations peuvent être apportées, mais les étapes suivantes présentent une méthode simple à maîtriser.


1) Procédons tout d'abord avec les étapes qui impliquent le toucher et le regard.


Palper le cigare


La première étape de la dégustation commence par le toucher. Ce premier contact entre vos doigts nus et le cigare est une caresse qui permet de se familiariser avec le cigare et de commencer à l'apprécier pour ses qualités et ses défauts. En premier lieu, c'est le degré d'humidification que vous allez apprécier en tâtant votre module sur toute la longueur. Il faut proscrire absolument un cigare trop sec car le tabac sec ne favorise pas le mélange des arômes (le cigare sera agressif) et la cape sèche va rendre le cigare extrêmement fragile (le cigare va se déchirer lors de la combustion). Après quelques cigares, vous saurez vite apprécier le degré de souplesse requis.


Un truc que les Cubains pratiquent quand ils sont en présence d'un cigare trop sec est de plonger la tête du cigare (la tête est la partie que l'on met en bouche) dans un verre de rhum. Laissez l'humidité se propager sur la longueur du cigare pendant quelques minutes et ensuite procédez à l'allumage. C'est une méthode un peu radicale, mais très efficace.


Le gras des Havanes


Dans les cigares en provenance de Cuba, le meilleur indice de qualité est de juger le côté huileux et gras de la cape. Un cigare cubain frais et de qualité présente toujours une belle cape "huileuse" qui annonce que vous êtes en présence d'une vitole dont vous pouvez attendre de merveilleuses saveurs. Observez et touchez doucement la cape d'un Havane pour en apprécier la fraîcheur.


Le remplissage


Ensuite, il convient de juger du remplissage d'un cigare. Palpez doucement le module sur toute sa longueur pour trouver les vides, bûches ou noeuds. Un cigare doit être bien rempli pour être fumable et ce critère est essentiel pour juger de la qualité d'un cigare. C'est lors du palpage qu'on peut deviner de la bonne conduite de la dégustation à venir.


Critères esthétiques


Certains amateurs de cigares préfèrent éviter les nervures trop importantes sur la cape ou les teintes claires. Certains cigares peuvent aussi comporter des tâches vertes sur la cape qui suggère un cigare jeune. Le "grain" est aussi un critère esthétique important pour les amateurs.
Ces critères n'influent pas sur la qualité gustative d'un cigare, mais certains fumeurs prennent beaucoup d'importance à l'aspect du cigare. Cela suggère que le cigare est une expérience des 5 sens dont le toucher et le regard prennent une place essentielle.


2) Ensuite, nous allons sentir le cigare.


Après avoir regardé et palpé le cigare on commence à l'apprivoiser doucement. Il rentre petit à petit dans l'esprit les attentes quant à la dégustation. En sentant le cigare sur sa cape ou s'éprend de senteurs exotiques et familières à la fois. Sur les Havanes, c'est à ce moment qu'on pense aux feuilles de tabac et à ceux qui les ont cultivés pour notre plus grand bonheur.


3) La coupe


Attention à cette étape importante ! En effet, la coupe doit être franche, droite et nette. Sinon, la dégustation sera en partie gâchée car le bout coupé sera en contact avec vos lèvres qui décèleront toute imperfection. Pour cet effet, l'outil doit être parfaitement approprié. N'hésitez pas à investir dans un coup cigare de qualité car il durera longtemps et donnera des coupes parfaites. Pas besoin de marques de prestige ou de matériaux précieux, mais si vous payez moins de 25€ votre coupe-cigare, il y a de fortes chances qu'il ne fasse pas l'affaire. Nous conseillons les double lames et impérativement en métal. Quant aux ciseaux, ils sont élégants et efficaces, mais trop encombrants pour emporter avec soi. Ils sont donc à réserver au côté de la cave à cigares. Depuis quelque temps, les emporte-pièce ont fait une apparition remarquée. Il s'accommode très bien en porte-clé et peut se révéler fort pratique en voyage. Par contre, sur les vitoles de diamètre important le tirage risque d'être altéré.


Chacun possède une méthode de coupe qui lui est propre. Nous conseillons quand même de viser la tête du cigare à l'endroit où les feuilles sont enroulées horizontalement.


Il est aussi utile de rappeler que les cigares roulés à la main sont toujours fermés et que la coupe est donc une étape essentielle à maîtriser pour tout amateur de cigare. Cependant, pas de stress car si on est bien équipé tout ce passe normalement sans problème. Bien sûr il faut éviter de couper la tête du cigare avec les dents ou avec un couteau. L'allumette plantée dans la tête coupée du cigare est aussi un mythe qu'il faut éradiquer car cela perturbe le tirage et provoque des bouchons de goudron.


4) Fumer à cru


On se surprend parfois à sauter cette étape, sans doute trop pressé d'allumer le cigare, mais elle fait pourtant partie du rituel et procure son lot de bonheur.


Fumer à cru signifie tirer sur le cigare coupé sans que celui-ci soit allumé. C'est l'étape ultime qui met en appétit pour la suite. C'est aussi lors du tirage à cru qu'on perçoit une première bouffée aromatique. Le plus souvent on reçoit sur les papilles des arômes d' épices, de sous-bois ou de foin coupé. Quand on fume à cru une vitole c'est aussi un moment éphémère qui sera vite étouffé par l'allumage, mais qui pourra rester graver dans la mémoire comme un des meilleurs moments passé en compagnie du cigare.


5) L'allumage


L'arme de prédilection pour l'allumage fait toujours grand débat. Entre les amoureux de la longue allumette ou les fans du briquet torche à gaz, il y a tout un monde qui sépare les deux clans. Nous n'allons pas pousser le débat plus loin sur l'outil qui remplira de toute façon sa fonction première. Le seul conseil donné sera d'éviter le briquet à essence, la bougie et l'allume-cigare de voiture. Par contre, nous allons focaliser sur l'opération d'allumage à proprement parler.


Le but de cette étape est de rendre incandescent le tabac, sans pour autant le traumatiser. Il faut amener à bonne température le tabac tout doucement, sans violence, car le feu est bienveillant mais peut aussi être destructeur.


Donc, vous prenez votre vitole entre le pouce et l'index, sans la mettre dans la bouche. Le cigare légèrement incliné vers le bas avec le pied proche de la flamme. Vous roulez tranquillement le cigare sur lui-même avec le pied au-dessus de la flamme, sans jamais la toucher. Pour savoir quand le cigare est prêt, il faut observer le pied qui doit être rougeoyant sur tout le diamètre. Insistez quelques secondes sur les points noirs au milieu de la braise avec votre flamme.
Ça y est vous pouvez porter la tête du cigare à votre bouche. Tirez quelques courtes bouffées tranquilles et observez si la combustion démarre sur toute la surface du pied.


Au besoin, vous pouvez aspirer une bouffée tout en allumant le pied avec votre flamme, mais pensez à prendre une seule bouffée profonde tout en salivant pour bien développer les arômes.

6) Déguster


Quand on déguste un cigare, il est essentiel de se plonger dans un espace intemporel. Pour vraiment se plonger dans une symbiose avec son module ne soyez pas pressé. Il est donc important de choisir un instant de la journée où vous pourrez vous accorder un moment zen.
Généralement, la dégustation du cigare obéit aux règles des trois tiers. Le premier tiers est suave sans développer tous les arômes ou alors carrément agressive avec des saveurs âcres et acides. Après ces premières bouffées, parfois surprenantes, on savoure très vite, dans les cigares de qualité, des saveurs multiples qui viennent accrocher les papilles. Le second tiers est censé délivrer la plénitude du cigare. C'est le point d'équilibre des grands cigares qui vous amènent doucement vers l'apothéose. C'est donc le dernier tiers qui montre un regain de puissance afin de terminer la dégustation dans une fumée turbulente et envoûtante. Bien sûr, chaque cigare adopte un rythme qui lui est propre et la façon dont vous allez tirer dessus va changer la donne. Si vous tirez continuellement sur votre vitole, il est probable qu'elle chauffera un peu et développera des arômes plus puissants. Si par contre, vous laissez le cigare s'éteindre il se peut qu'il ne puisse pas donner tout ce qu'il a dans le coeur.

Egger Ph.